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SEBASTIEN RUTES |
Le Linceul Du Vieux MondeAux éditions L'ATINOIRVisitez leur site |
609Lectures depuisLe mardi 19 Novembre 2008
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Une lecture de |
Automne 1899, à Paris. Tandis que se prépare l’Exposition Universelle, les antidreyfusards continuent à se battre pour imposer leurs idéaux nationalistes. Ces batailles de bourgeois amusent le petit peuple de la capitale, peu intéressé par le fonds du problème antisémite. En exil, le grand Oscar Wilde vit désormais ici dans une pauvreté désespérante. Une série de faits divers inquiétants sont relayés par la presse. Des “piqueurs” agressent les femmes dans les omnibus. La jeune Angèle Labé en a été victime, après tant d’autres. Les autorités supposent que ces actions sont l’œuvre des milieux libertaires, actifs en cette toute fin de siècle. Le sportif policier Tardi est bientôt chargé de l’affaire. Surnommé l’Ermite des Batignolles, Nino Bucchieri est un imprimeur anarchiste. Soit les agressions des “piqueurs” sont une provocation de certains groupuscules anars; soit d’autres sont coupables, et il s’agit de le prouver. C’est la mission que se voit confier Nino. Grâce à son ami Eugène le Balafré, il sympathise avec Oscar Wilde. Las de ne plus être le centre de l’admiration générale, ce dernier est enthousiaste à l’idée de seconder Nino dans ses investigations. Tandis qu’Angèle Labé disparaît de l’hôpital, le cadavre mutilé d’une nommée Marie Coignant est découvert, étrangement tatouée. Après Rose Duval, c’est le second cas similaire. La police effectue des rafles chez les anarchistes. Nino et Oscar Wilde pourraient soupçonner les Asiatiques, dont Sun-Yi est le chef. Passionné de fumeuses pratiques ésotériques, l’Anglais Percival Morlock s’est allié au Chinois pour conditionner à la diamorpine des petits voyous, tel Léon le Défrusqué. Mais, pourchassés par la police, Nino et Oscar Wilde manquent de méthode, voire d’imagination. Rejoints par le Sahuayo, un révolutionnaire mexicain aussi exilé, ils ne peuvent que déplorer leurs échecs respectifs. Pourtant, le Sahuayo ne rate pas sa cible lorsqu’il dynamite le repaire de Sun-Yi. Oscar Wilde rêve qu’il fasse de même avec la Tour Eiffel. Bien que son complice soit arrêté, Percival semble prêt à concrétiser son fantasme ésotérique. Oscar Wilde devine le douloureux secret de Nino, et découvre qu’il imprime des faux billets. La morale anarchiste déconcerte Oscar Wilde. Un arrangement entre Nino et le policier Tardi est possible, afin d’arriver vainqueur dans cette course à la vérité... Sébastien Rutès reconstitue avec une belle précision le Paris populaire de ces années-là. On y parle le louchebem, le javanais, et divers argots colorés. La Commune et l’affaire Dreyfus sont encore dans les esprits. Si la science et les techniques triomphent, l’intolérance nationaliste reste très vive. Alors qu’arrive le 20e siècle, le combat anarchiste n’est nullement anecdotique. “La chanson des canuts” montre que la volonté d’une révolte du peuple. Dans ce contexte, se côtoie un militant miné par le remords de tant d’échecs, et le touchant Oscar Wilde sur la fin de sa vie. Au fil de leur tâtonnante enquête, entre un héritier de la mystique “Golden Dawn” et une bande d’Asiatiques vendeurs d’opium, on rencontre une galerie de personnages pittoresques. Plus qu’un polar historique, c’est le juste portait d’une époque. |
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