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SYLVIE ROUCH |
Corps-mortAux éditions APRES LA LUNE |
4852Lectures depuisLe mercredi 3 Mai 2006
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Une lecture de |
François Laguigne est de passage du côté de Granville, dans le Cotentin. Son père, qui l’avait abandonné en bas âge, y est mort voici quelques jours, à l’hospice. Natif d’ici, ce père absent fut marqué par de sombres origines familiales. En juin 1940, le grand-père de François tenta de passer en Angleterre. Mais il échoua à Guernesey. A son retour en 1945, Charcot et Taupin dominaient la région. Ces deux-là étaient des trafiquants et des collabos, il pouvait le prouver. Quand il fut tué par Charcot, on ne condamna pas l’assassin. Aujourd’hui, les fils de ces profiteurs sont toujours puissants dans le secteur. Caïn, ivrogne local, a repéré une tête empalée sur un pieu dans les moulières. On la retrouve bientôt. Le lieutenant de police Laroche enquête. L’aide de la gendarme Coisel, connue pour son caractère affirmé, lui semble utile. Des tracts suggèrent qu’il s’agit d’un nouvel épisode de la guerre des Anglo. La rivalité avec les voisins îliens remonte à fort longtemps. Le jeune matelot Pierrot se doute de la vérité : il a vu des morceaux de cadavre dans des casiers immergés. Épris de la fille Charcot, il se tait. François Laguigne s’est fait engager chez Charcot fils. Depuis qu’il a lu les carnets de son grand-père, il veut lui rendre justice.Le vieux Charlie, qui a bien connu les Laguigne, confirme les faits. Caïn soutient aussi François? Mais il faut attendre que le cadavre soit identifié pour que François avance dans sa propre enquête... Une atmosphère portuaire d’un gris pluvieux imprègne cette quête d’une justice incertaine. Poissards congénitaux, les Laguigne ne gagnent jamais vraiment. Pourtant, rétablir leur dignité n’est pas une vaine mission. Cette histoire sombre et réaliste, où « derrière les fils se profilaient les fantômes des pères », est surtout vivante et captivante. Pas si austère, car Sylvie Rouch nous fait aussi sourire. Le tragi-comique Caïn, avec son poème-leitmotiv, est réjouissant. On aime également les portraits des enquêteurs et leurs amourettes. Et puis les bulots (ou buccins ondés) sont trop méconnus. Un excellent roman, à découvrir. |
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