|
|
PETER RANDA |
L'escalier De L'ombreAux éditions FLEUVE NOIRVisitez leur site |
593Lectures depuisLe mardi 13 Aout 2019
|
Une lecture de |
Collection Angoisse N°11. Editions Fleuve Noir. Parution juillet 1955. 224 pages. Attention à la marche ! Réédition Collection FN Double N°11-12. Editions Fleuve Noir. Parution le 25 mars 1969.
La veille de Noël 1955 dans la vallée du Vaudois. Deux couples circulant en voiture sont bloqués par la neige sur une route déserte en pleine nuit. Le véhicule est immobilisé non loin du col et de l'autre versant de la montagne, plus abrité. Il ne leur reste plus qu'à essayer de rejoindre le château dont l'aubergiste du village leur a signalé la présence. Les quatre voyageurs, Jacques, ingénieur, et sa femme Simone, Bernard, professeur de littérature à la faculté de Lausanne et Marthe son amie, sont totalement différents les uns des autres, physiquement et mentalement, mais leur amitié est sincère. Au bout d'une heure de marche et seulement cinq cents mètres à parcourir, ils parviennent péniblement jusqu'à l'impressionnante bâtisse d'aspect médiéval. Ils sont fatigués et toquent au massif battant de chêne muni d'un judas grillagé. Une voix s'exprime derrière le guichet, ils quémandent asile, mais la réponse est négative. Excédé Jacques lance le heurtoir une nouvelle fois à toute volée, et miracle, les quatre amis entendent le verrou glisser. La voix explique qu'il a frappé trois fois et cela suffit pour ouvrir. Jacques donne une poussée à la porte qui s'entrouvre lentement sans bruit. Derrière le battant se tient une vieille femme habillée de noir. A leurs questions elle répond de façon sibylline. Oui, il y a un propriétaire, quelquefois, non, il n'est pas là pour le moment. Enfin ils arrivent, après un long détour dans des couloirs interminables, à la suite de cette personne qui s'éclaire à l'aide d'un cierge, dans une cuisine de campagne. Un feu dans la cheminée diffuse une lumière qui laisse dans l'ombre toute une partie de la pièce. De cette ombre émerge un géant prénommé Guillaume. Il accepte la cigarette offerte mais ne sait pas ce dont il s'agit. Un repas frugal est servi composé de saucisses sèches, de fromage de chèvre et de pain. Mais ce qui inquiète Marthe, c'est la présence de trois gros chiens, sortis de nulle part, des Danois silencieux. Enfin un homme, vêtu d'une cape noire, sort de la pénombre et se présente : Gilbert Derais, avec toujours des explications sibyllines à la clé. Il leur apprend toutefois qu'il possède un frère, Tristan, mais qu'il était préférable que ce soit lui qui les accueille. Des chambres sont proposées aux quatre voyageurs. Pour s'y rendre il faut emprunter une nouvelle fois des couloirs mal éclairés qui leur semblent interminables. Un véritable labyrinthe. Une chambre pour Jacques et Simone, et une autre pour Bernard et Marthe, une première ce qui amuse le premier couple. Des chandeliers sont disposés à profusion dans la pièce attribuée à Jacques et sa femme. Ils découvrent sous le lit un coffre, une sorte de cercueil non cloué. A l'intérieur gît le cadavre d'une jeune femme. Simone sort précipitamment dans le couloir, poursuivie par Jacques. Le raffut inquiète Bernard et Marthe qui s'introduisent dans la pièce désertée. Ils découvrent également ce cadavre dont la mort semble récente. Alors qu'ils regagnent leur propre chambre, une jeune fille en sort. Elle a environ dix-huit ans, se nomme Djalli et affirme que son père n'est autre que Tristan. Marthe ne peut en supporter davantage et s'enfuit, prenant la direction opposée à celle empruntée par Jacques et Simone. Bernard en profite pour discuter avec Djalli mais comme à chaque fois les réponses qu'elle fournit sont tout aussi énigmatiques. Comme une étrange nuit, celle de l'échange. Une nuit interminable, qui met à vif les nerfs des quatre amis. Séparément ou ensemble, ils assistent à d'étranges événements dont des silhouettes ressemblant à des cadavres se promenant dans le cimetière du château. Ils rencontreront à nouveau Gilbert Derais, son frère Tristan, et d'autres personnages qui semblaient les attendre, puisque c'est la nuit de l'échange.
Peter Randa a écrit un roman fantastique, de facture classique, dont le thème est bien l'échange de la vie entre les morts et les vivants, le lecteur le comprendra assez rapidement. L'angoisse monte insidieusement, atteignant son paroxysme avant le dénouement qui oscille entre cartésianisme, avec l'intrusion d'un policier, et illogisme. Contrairement à la plupart de ses romans policiers, souvent calqués sur le même modèle, écrits à la première personne, les démêlés aventureux, angoissants, fantastiques, subis par notre quatre protagonistes principaux sont narrés à la troisième personne. Ce qui permet de suivre les différents personnages dans leurs évolutions et conversations, offrant ainsi au lecteur des explications que ne possèdent pas les deux couples, lesquels nagent dans l'incompréhension la plus totale. Sans être un chef-d'œuvre, ce roman propose une histoire bien construite et qui réserve de nombreuses surprises. |