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MAURICE-CH. RENARD |
L’inconnu Des îlesAux éditions LE MASQUEVisitez leur site |
605Lectures depuisLe mercredi 18 Juillet 2018
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Une lecture de |
En ces années 1950, le juge Bernomdunchien est en poste à Valognes, dans le département de la Manche. En parallèle de son métier, c’est un passionné d’histoire locale. Il s’intéresse en particulier à celle de la famille Giron, entourée d’une part de légendes et de crimes, qui vivait au 15e siècle au manoir de Réville, qui existe toujours. Même si cette époque est lointaine, il y a encore des documents sur les Giron… À la mi-août, le juge doit faire passer son travail en premier : un cadavre a été signalé aux îles Saint-Marcouf, qui dépendent juridiquement de Valognes. Maillard, un vieux pêcheur alcoolique, attend les autorités sur place. Chargé de l’affaire, le juge se rend sans enthousiasme sur ces îles. Maillard a perdu la trace de "son" cadavre. Et, dans la brume qui les environne, il n’est pas facile de situer le corps. Dès le lendemain, on met en œuvre de gros moyens pour le chercher, en vain. La marée l’aurait-elle emporté, ou s’agissait-il d’une hallucination due à l’abus d’alcool de la part de Maillard. Le vieux pêcheur peut aussi bien être suspecté car, l’endroit étant peu fréquenté, on peut y supprimer quelqu’un – ou le tuer par accident – avant de donner l’alerte. Éventualité improbable, le vieux Maillard n’ayant pas mauvaise réputation, mais que les magistrats ne peuvent pas écarter. À moins que le crime se soit produit dans un des ports de la région, et qu’on ait transporté le corps sur les îles? Puisque l’enquête s’enlise, le juge Bernomdunchien s’accorde un peu de vacances. Pour se consacrer à ses recherches sur la famille Giron. C’est au manoir de Réville qu’il espère dénicher du nouveau. La demeure est habitée par une dame, Mme d’Espéchelle, qui n’en est pas la propriétaire mais bénéficie d’un contrat de location pas ordinaire, aux limites de la régularité. Se faire passer pour jardinier, voilà l’astuce qu’a trouvé le juge afin de procéder à des fouilles sur la propriété du manoir de Réville. C’est ainsi qu’il tombe enfin sur le "cadavre des îles". Cette fois, la justice peut passer à l’action. Le juge interroge la dame du manoir, qui semble complètement dépassée par tout cela. L’autopsie de l’inconnu confirme qu’il a été tué par arme blanche, sans doute pas un poignard courant. Grâce au témoignage d’un prisonnier allemand, ayant fait partie de la garnison résidant durant la guerre au manoir, les investigations vont rapidement progresser désormais. Car cette demeure dissimule depuis des siècles un lieu secret. Dont l’assassin, qui connaissait tous les recoins du manoir, s’est servi…
Maurice-Ch. Renard (1888-1973) était natif de Caen. On ne s’étonnera donc pas qu’il ait utilisé le décor normand pour ce livre, récompensé par le Grand Prix du roman d’aventure 1954. Il y présente des personnages caractéristiques de ce temps-là, quelques années après la fin de la guerre – qui reste alors dans les esprits, bien sûr. Entre le crime du 20e siècle et ceux remontant au 15e siècle, l’intrigue s’avère complexe – habilement construite et fort plaisante à suivre. Le mystère est omniprésent, non dénué de petites touches d’humour ou de sourires. Moins original, plus traditionnel que “Vous qui n’avez jamais été tués” d’Olivier Séchan et Igor B.Maslowski, ce roman de Maurice-Ch. Renard n’est peut-être pas un "polar de référence", mais il mérite qu’on s’en souvienne et qu’on le relise, à l’occasion.
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