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CHANTAL ROBILLARD |
Zoo Des ChimèresAux éditions VOY’[EL] |
897Lectures depuisLe mercredi 2 Mai 2018
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Une lecture de |
Parution le 9 mars 2018. 124 pages. 10,00€. C’est un jardin extraordinaire… Imaginez un parc zoologique, celui de Vincennes par exemple puisqu’il vient d’être rénové entièrement, et un parc d’attraction, genre Disneyland, installés quelque part ailleurs que sur Terre et qu’un fort coup de vent, une tempête mémorable, un ouragan, une tornade, ont eu pour effet de ravager ces installations, de les bousculer, de quasiment les anéantir. Une équipe est chargée de remettre en état tout cet ensemble, mais comme l’appât du profit n’est jamais bien loin, ce sauvetage se révèle pire dans son entreprise que si rien n’avait été fait. Telle est la base de départ de ce qui est une mosaïque d’historiettes mettant en scène des animaux, ordinaires, il en faut, mais aussi fabuleux, sinon pourquoi parler de chimères dans le titre, dans un souffle onirique et poétique. Comme dans tout texte d’obédience fantastique, construit comme un collage, on se sent au début un peu perdu, déboussolé, et l’on se prend à rêver, confortablement installé dans son fauteuil, à des personnages fabuleux évoluant dans un univers à construire. Un bestiaire qui offre la possibilité à l’auteur de s’adonner à quelques contraintes, dans l’esprit de l’Oulipo, tout en plaçant quelques références littéraires. Ainsi nous retrouvons légèrement déformés mais oh combien si vivants et si décalés, l’univers du Petit Prince de Saint-Exupéry ainsi que celui d’Alice de Lewis Carroll. Mais ça, ce ne sont pas des contraintes, juste des divertissements. Non, les contraintes se placent dans certains textes, dans le droit fil de l’esprit de Georges Pérec. Ainsi dans L’Eve des bêtes, n’apparait que la voyelle E, prenant le contrepied du roman La disparition dans lequel justement cette lettre avait disparu. Un conte qui demande de la part de l’auteur une grande rigueur tout en restant lisible. Car il s’agit bien d’un amusement, pour l’auteur de franchir ou effacer des codes, mais également entre l’auteur et le lecteur. Et le lecteur participe à ce que l’on pourrait parler de challenge, en grignotant ces courtes nouvelles dédiées aux animaux. Car les humains, s’ils sont présents, le sont rarement et pas forcément comme des anges. Retournons à nos moutons et à nos contraintes, qui ne sont pas des contraintes de lecture. Le blues de la belle boudeuse, rien que dans le titre on sent la prédominance de la lettre B. Eh bé ! Un tautogramme, ainsi se nomme cette figure de style. Et toujours dans la série, tiens voilà un tautogramme, Le Maraudeur aux yeux jaunes, nous offre une variation en abécédaire, et après complément d’enquête, comme un poème en vers libres. Cela demande de la part du lecteur une certaine concentration, mais en même temps, il s’agit d’une récréation, une évasion dans un univers onirique, d’une détente et d’un jeu de réflexion.
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