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EDOGAWA RANPO |
L’île PanoramaAux éditions PICQUIERVisitez leur site |
861Lectures depuisLe jeudi 28 Septembre 2017
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Une lecture de |
Panorama-tō kidan - 1926. Traduction de Rose-Marie Makino-Fayolle. Collection Picquier poche n° 118. Editions Philippe Picquier. Parution 25 juin 1999. 160 pages. 6,00 €. Première édition : janvier 1991. Île pour elle ? Obscur écrivain, Hirosuké Hitomi se laisse vivre. Ce ne sont pas les ambitions qui lui manquent, seulement le courage, la volonté de les réaliser. Un jour il apprend que l’un de ses anciens condisciples à l’école, un homme richissime nommé Genzaburo Komoda, vient de décéder d’une crise d’épilepsie. Une nouvelle qui lui laisse entrevoir un avenir rose. A l’école, maîtres et élèves confondaient souvent les deux adolescents. Une ressemblance légendaire dont chacun se serait bien passé, mais avec les années tout le monde l’avait oubliée ou presque. Dans le cerveau enfiévré de Hirosuké Hitomi germe un plan maléfique. Et s’il prenait la place de Genzaburo ? Il simule son propre suicide et une nuit déterre le cadavre du millionnaire, le cache dans une tombe toute proche et habillé du linceul n’a plus qu’à s’allonger dans un fossé près d’une route fréquentée. Tout le monde, paysans, personnel, et même la femme du défunt, croient en une résurrection miraculeuse. Alors Hitomi peut entreprendre la réalisation de l’un de ses rêves les plus chers. Chers à tous points de vue. La construction sur une île déserte d’un paysage en trompe-l’œil. Cependant la présence de la veuve, ou ex-veuve de Genzaburo Komoda lui fait craindre le pire. Alors il est obligé de vivre chastement auprès d’une femme jeune, belle, aimante et fort désirable. Jusqu’au jour où dans un moment d’euphorie, il baisse la garde.
Les thèmes de la gémellité, de l’usurpation d’identité ont été maintes fois exploités par les auteurs de la littérature policière. De même que celui de la mégalomanie et de la mise en scène onirique. Mais il ne faut pas oublier que ce roman, traduit du nippon en 1991, est dû à la plume d’un Japonais décédé en 1965 et qu’il a été écrit en 1926. C’est-à-dire que si Edogawa Ranpo n’est pas un précurseur dans ce domaine, il a probablement influencé bon nombre d’auteurs étrangers qui connaissaient son œuvre. Une vision personnelle où le roman noir et littérature policière cohabitent, s’imbriquent pour produire un excellent suspense. Dès les premiers chapitres, tout est mis en place et le lecteur est averti de ce qui va se dérouler. Pourtant Edogawa Ranpo mène le suspense jusqu’au bout, sans faillir, dans un déluge d’onirisme, de lyrisme et de fantastique. Certains passages font penser à Jules Verne, par exemple la traversée sous la mer dans un tunnel de verre, mais également aux contes de fées, au merveilleux scientifique. Un brassage cohérent d’idées, de visions, d’images, de poésie, mais également de noirceur, de machiavélisme, de fantasmes. Dommage qu’il ait fallu attendre si longtemps pour découvrir cette œuvre d’Edogawa Ranpo, lui qui est considéré au Japon comme l’un des maîtres, pour ne pas dire le Maître de la littérature nipponne. Un roman peut-être à la trame un peu désuète mais pleine de charme.
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