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EDOGAWA RANPO |
MirageAux éditions PICQUIERVisitez leur site |
1191Lectures depuisLe jeudi 28 Septembre 2017
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Une lecture de |
Traduction Karine Chesneau. Collection Picquier Poche N°138. Parution avril 2015. 144 pages. 6,00€. Mais ce livre n’en est pas un… ! Maître et précurseur du roman policier nippon, Edogawa Ranpo, écrit aussi parfois Rampo, nous propose deux nouvelles d’inspiration fort différente. Mirage, nouvelle éponyme de ce recueil, se révèle plus à connotation fantastique que policière. Le narrateur est intrigué par le manège de son voisin de compartiment qui a placé un oshi (tableau en relief : petite planche de bois sur laquelle sont collés des personnages ou des animaux de papier épais rembourré de coton pour leur donner de l’épaisseur et recouverts de soie) face contre la vitre du train à bord duquel ils voyagent. Le voyageur raconte alors l’histoire de ce tableau vivant.
Vermine. Depuis sa jeunesse, Masaki, riche orphelin, ressent une profonde et anormale aversion pour l’humanité, aversion doublée d’une timidité excessive. Seul son ami Ikeuchi trouve grâce à ses yeux. Mais autant Masaki est timide, réservé, replié sur lui-même, autant Ikeuchi brille en société. Et c’est par l’entremise d’Ikeuchi que Masaki retrouve Fumiko dont il était amoureux à l’école, et qui depuis est devenue une grande comédienne. En dix ans, la petite écolière chrysalide s’est transformée en belle jeune fille papillon. Leurs retrouvailles se concrétisent dans un restaurant et Fumiko fait comprendre à Masaki qu’il ne lui est pas indifférent. Mais Masaki n’est que le jouet de la duplicité de Fumiko.
Le lien entre ces deux textes, l’un fantastique, l’autre cannibalo-policière, se révèle être l’amour. L’amour fou que porte un homme à une jeune fille. Amour impossible dans Mirage, amour contrarié dans Vermine. Et au travers de cet amour, c’est un engrenage en spirale qui s’amorce. Edogawa Ranpo puise dans deux cultures à l’influence profonde. Il retient la suavité, la poésie japonaise, et il les incorpore à une trame plus dure, d’inspiration américaine, oscillant entre le roman noir moderne et les classiques. N’oublions pas qu’Edogawa Ranpo est la prononciation japonaise d’Edgar Poe, un hommage. Il est le précurseur et l’un des fondateurs d’une nouvelle école littéraire nipponne et de la littérature policière. Pour certains, ces textes paraîtront un peu désuets, puisqu’ils datent tous deux de 1929, mais que l’on découvre avec plaisir tout comme l’on se plonge avec délices, par exemple, dans l’univers de Pierre Véry. |
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