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JAMES RUNCIE |
Sidney Chambers Et Les Périls De La NuitAux éditions ACTES NOIRSVisitez leur site |
553Lectures depuisLe jeudi 22 Juin 2017
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Une lecture de |
En ce milieu des années 1950, Sidney Chambers est le jeune chanoine de la paroisse de Grantchester, à côté de Cambridge. Sa vie de pasteur pourrait être des plus ordinaires, entre son chien Dickens, son assistant Leonard Graham et sa cuisinière, Mrs Maguire. Côté cœur, il reste le meilleur ami de la londonienne Amanda Kendall, mais il est plutôt épris de Hildegard Staunton. Si cette musicienne classique est retournée en Allemagne, à Berlin, le pasteur garde le contact avec elle. Sidney Chambers est proche de l’inspecteur Keating. Le policier voit d’un bon œil les investigations de son ami lorsque se présente un cas litigieux ou criminel. En ce neigeux mois de janvier 1955, se produit une nouvelle affaire. Sidney Chambers est témoin d’un incident mortel sur les toits de Cambridge, impliquant deux étudiants et M.Lyall, un directeur d’études âgé de cinquante-deux ans. Ce dernier a fait une chute accidentelle au cours de cette escalade malvenue. Pour Rory Montague, un des étudiants, qui ne cache guère ses naïves sympathies communistes, il s’agit seulement d’un accident. Mais l’autre jeune homme, Kit Bartlett, ayant disparu à cette occasion, on est en droit de s’interroger. D’ailleurs, l’appartement de celui-ci est bien trop propre pour un étudiant, comme nettoyé. Ce n’est pas l’ex-épouse de M.Lyall qui redorera la mémoire du défunt. Avec le policier Keating, Sidney Chambers inspecte le toit fatal. En ces temps de guerre froide, cette mort aurait-elle des relents d’espionnage ? En août 1957, un impressionnant incendie détruit les locaux loués par Daniel Morden, un photographe. Il est probable que cela n’ait rien d’accidentel. Sidney Chambers s’entretient avec Morden, absent au moment des faits. Celui-ci connut une petite notoriété à l’époque du cinéma muet, mais n’a plus beaucoup d’ambition. Il admet tirer le portrait de jeunes filles, parfois mineures. Ce qui pourrait rendre suspect Jerome Benson, taxidermiste et chasseur, voyeur pervers à ses heures. Le garagiste Gary Bell, loueur des lieux incendiés, n’est pas moins suspect. À cause d’un bidon d’essence, mais surtout parce sa petite amie Abigail Redmond, fille de fermiers, s’imaginait devenir mannequin et s’adressa à Morden. Cette année-là, à l’époque de la Semaine Sainte, Hildegard est de retour au village. La mort d’Adam Cade, professeur de mathématiques de trente-cinq ans, mérite que Sidney Chambers s’y intéresse. Il a été victime d’une crise cardiaque alors qu’il prenait un bain. Il est vrai que Cade était d’un tempérament tendu. Il supervisait les travaux de l’électricien Charlie Crawford, en train de rénover certains locaux de Cambridge. Ce dernier est bientôt renvoyé par le Professeur Edward Todd, collègue d’Adam Cade avec lequel il menait des recherches scientifiques. Sidney, Hildegard et Charlie s’introduisent dans l’appartement de Cade, afin de confirmer leurs hypothèses pouvant expliquer autrement le décès. Autour d’un match de cricket, Sidney Chambers s’aperçoit qu’existe une idylle entre Annie Redmond, la fille de l’épicier, et Zafar Ali, un Indien musulman. À l’issue du match, Zafar est empoisonné, et ne survivra que quelques jours. La légiste Derek Jarvis confirme avoir décelé de l’antimoine et du thallium. Davantage que la boisson qu’il avala, c’est peut-être un objet qui, en priorité, intoxiqua Zafar Ali… Les années passant, et son exubérante amie Amanda étant sur le point de se marier, Sidney Chambers ne devra-t-il pas retourner à Berlin ? Pour enquêter, sans doute, mais aussi pour envisager le mariage avec Hildegard… (Extrait) “En roulant dans Cambridge à bicyclette, Sidney s’interrogeait sur le sens de tout cela. Pourquoi quelqu’un voudrait-il brûler un pavillon d’aussi peu de valeur ? Était-ce une simple fraude à l’assurance, ou pouvait-il s’agir de quelque chose de plus grave ? Gary Bell, ou même Abigail Redmond, pouvaient-ils avoir allumé le feu pour se débarrasser de Daniel Morden ? Dans ce cas, il eût été plus simple de ne pas renouveler son bail. Peut-être existait-il un lien sentimental entre Morden et Abigail, même si celle-ci était encore bien jeune ? Et, à entendre Abigail, Benson le taxidermiste semblait être un peu coureur de jupons ; et peut-être même pire. Morden le connaissait-il bien ?” Héros très attachant, ce pasteur anglais trentenaire vécut ses premières aventures dans “Sidney Chambers et l’ombre de la mort”, désormais disponible en format poche dans la collection Babel Noir. Le voici de retour avec, comme dans le premier tome, une série de six enquêtes. Il est utile de préciser que ce ne sont pas strictement des nouvelles, au sens où l’on trouve ici une sorte de continuité narrative. Ce qui prime, c’est l’univers de Sidney Chambers, avec ses proches, ce village caractéristique qu’est Grantchester, les collèges de Cambridge, ainsi que le contexte d’après-guerre. Le mode de vie traditionnel est encore assez figé dans cette Angleterre de la fin des années 1950. Dans une paroisse, le pasteur reste un des pivots pour la population locale. (Bien que se sachant observé par ses ouailles, Sidney Chambers s’amuse à acheter une revue érotique pour se documenter, ce qui pourrait outrer les habitants.) Par ailleurs, la Grande-Bretagne sera durablement marquée par des scandales concernant des affaires d’espionnage touchant l’élite du pays. Mais il faut surtout retenir que ce prêtre n’est ni un policier, ni un juge. S’il contribue à faire arrêter des criminels, il sait faire preuve d’une compréhension et d’une magnanimité digne de sa fonction ecclésiastique. Au fil de ses investigations, on ne perd pas de vue la situation sentimentale de Sidney Chambers. Entre Amanda et Hildegard, son cœur balance ? C’est plus subtil que ça. Veuve et Allemande, aimant Bach et la musique classique alors que Sidney préfère nettement le jazz, Hildegard hésite autant que lui à s’engager. Quant à Amanda, elle est sans doute un peu trop libre et "moderne" pour jamais devenir l’épouse d’un pasteur. Outre les intrigues proprement dites, bien sûr énigmatiques, c’est le portrait nuancé de la société britannique et de l’époque que l’on aime dans ces mystères de Grantchester. |
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