La mort entre les lignes de Rosa RIBAS


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ROSA RIBAS

La Mort Entre Les Lignes


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Le jeudi 10 Decembre 2015

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Rosa RIBAS




Une lecture de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER  

Un roman de Rosa Ribas & Sabine Hofmann. 

À Barcelone en 1952, Ana Martí Noguer est pigiste à La Vanguardia, journal dont son père fut écarté à cause de ses opinions. Avec son épouse Patricia Noguer, Andreu Martí vivote désormais comme épicier. Ce sont le gouverneur civil Acedo et le procureur Joaquín Grau qui choisissent La Vanguardia pour couvrir une nouvelle affaire criminelle. Veuve depuis deux ans du médecin Jerónimo Garmendia, notable franquiste, la quinquagénaire Mariona Sobrerroca a été assassinée chez elle. Elle a été frappée puis étranglée mortellement. Elle était connue du grand public, souvent invitée pour des mondanités. Alors que le Congrès Eucharistique va se tenir bientôt à Barcelone, une enquête rapide et rigoureuse s'impose. C'est à Isidro Castro, modeste inspecteur obéissant aux ordres, qu'elle est confiée.

Son rédacteur-en-chef offre à Ana Martí l'occasion de démontrer ses compétences. Même si elle peut citer Raymond Chandler, elle reste néophyte en criminologie. Pas question de copier les rapports de police, néanmoins. Déjeunant chez ses parents, Ana est fière de leur montrer ce premier article plus sérieux que ses chroniques mondaines habituelles. Les autorités font pression sur la police pour obtenir des résultats, sans importuner les milieux huppés de Barcelone. Malgré tout, Castro et Ana interrogent Claudia Pons ou Conchita Comamala, bourgeoises épouses d'industriels qui connaissent déjà la journaliste. Peut-être sont-ce des ragots, mais il semble que Mariona ait eu depuis peu un amant. En effet, Ana repère des lettres stylées de celui-ci, signées du pseudo chevaleresque d'Octavio.

Ana n'a guère de relation avec la famille de sa mère. Suite à des obsèques, elle prend contact avec une cousine quadragénaire, Beatriz Noguer. Cette intellectuelle, linguiste éminente, vécut un temps en Argentine. Elle aimerait retrouver un poste à l'étranger. Elle est contrainte de vendre de précieux livres pour glaner un peu d'argent. De bon conseil, Beatriz a évité des pépins à son neveu Pablo, jeune avocat. Ana la consulte au sujet des lettres d'Octavio. Elle en déduit que Mariona a rencontré cet inconnu par petits annonces. Ana ayant déniché l'adresse du correspondant, à Martorell, toutes les deux explorent le logement de cet Abel Mendoza. Documents et comptabilité indiquent qu'il s'agit bien d'un gigolo, ayant extorqué de l'argent à quelques femmes romantiques par le même moyen.

L'inspecteur Isidro Castro se dit mécontent et peu convaincu par les investigations d'Ana. Toutefois, quand on découvre le cadavre de Mendoza sur la berge de la rivière voisine, il semble que soit résolu le meurtre de Mariona Sobrerroca : il a tué sa maîtresse et, se sachant traqué par la police efficace de la Nouvelle Espagne, il s'est suicidé. Explication qui ne convient guère à Beatriz, laquelle transmet ses doutes à Ana. Quand le procureur Joaquín Grau lit le dernier article d'Ana, il n'est pas satisfait par la tonalité ambiguë qu'elle emploie. Retourner aux chroniques futiles est un moyen de protéger la jeune femme. Mais un nouvel élément va bouleverser la donne : quelqu'un est en mesure de rétablir la vérité sur Mendoza, qui n'était pas l'assassin de Mariona. Après un autre meurtre, le danger va se rapprocher d'Ana, de Beatriz et de son neveu Pablo…

Disons-le clairement, ce roman est une excellente surprise. Par sa thématique, on pouvait craindre une histoire austère par son climat, autant que didactique sur les effets de la dictature franquiste, voire accusatrice. Certes, on ne nous cache pas l'appauvrissement de ceux qui ne collaborent pas avec le régime. Ni la prudence d'un journal tel La Vanguardia, risquant quelque rétorsion ou la censure. Même l'ambitieux procureur, ex-juge militaire, reste sur ses gardes. Malgré la propagande élogieuse suggérant une Espagne "moderne", c'est dans une société sclérosée que vivent les protagonistes. La "bonne société" donne l'illusion d'une opulence, d'une normalité et d'un dynamisme, qu'on devine factices.

L'intelligence du duo d'auteures consiste à ne pas charger l'ambiance, à gommer une part de noirceur, à nous offrir une tonalité bien plus légère. Si l'enquête policière est au crédit d'Isidro Castro, c'est la jeune Ana Martí Noguer qui en est l'héroïne. Ce qui agace son collègue machiste qui eût dû suivre l'affaire, et laisse sceptique l'inspecteur Castro. Issue d'une famille de journalistes, astucieuse pour obtenir certains renseignements, son instinct féminin constitue un de ses meilleurs atouts. Sa cousine universitaire Beatriz Noguer va, elle aussi, tenir un rôle non négligeable dans cette aventure. Ce qui témoigne en filigrane de la solidarité qui, en ces époques d'intransigeance politique, régnait dans les familles espagnoles fidèles à un autre idéal que le franquisme.

Des crimes, oui, mais aussi beaucoup d'occasions de sourire, en suivant les tribulations d'Ana. Qui la mènent à travers les quartiers du Barcelone d'alors, des Ramblas à Montjuïc, jusqu'aux rives du fleuve Llobregrat. Évocation subtile d'un autre temps, telle par exemple cette gare qui “était devenue la destination d'arrivée des émigrants du sud de l'Espagne, désireux d'échapper à une faim qui, selon la version officielle du régime, n'existait pas.” Le tempo narratif plein de vivacité, excluant toute lourdeur, nous entraîne fort agréablement. Un polar extrêmement séduisant et malin, une véritable réussite.

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