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MAURICE RENARD |
Romans Et Contes FantastiquesAux éditions ROBERT LAFFONT |
527Lectures depuisLe jeudi 13 Avril 2017
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Une lecture de |
Recueil établi par Jean Tulard et Francis Lacassin. Collection Bouquins. Parution mars 1990. 1282 pages. Hommage à Maurice Renard né le 28 février 1875. Qui se souvient aujourd'hui de ce grand fantastiqueur français qui œuvra dans la foulée de Jules Verne, de Herbert-Georges Wells, voire d'Edgar Poe, et fut reconnu par ses pairs, tout aussi bien Rosny Aîné que Jean Ray. Rosny Aîné écrivait à son propos : Imaginons un Poe non plus mangeur d'opium, mais grand lecteur de Descartes : nous aurons un surnaturel à la française, un insolite qui n'exclut pas l'explication rationnelle, un merveilleux qui fait référence aux découvertes scientifiques, voila qui donne au fantastique de Maurice Renard son originalité. Et en 1923, Jean Ray écrivait : Toute l'œuvre de Maurice Renard égrène ses pages comme un chapelet de pierres de luxe, de pierres de l'angoisse, de gemmes aux reflets opalins d'une cervelle humaine palpitante de la vie. Et les cailloux précieux se tiennent, s'agrippent, ne se séparent plus car, malgré sa beauté polychrome, sa diversité d'essence et d'action, cette œuvre semble tendre vers un tout, vers un point unique situé au-delà des connaissances humaines.
Lorsque j'ai découvert cet auteur, sur le tard, je n'ai pas été déçu comme on peut l'être parfois par un auteur trop encensé. Des œuvres élégantes, claires, dénuées de toutes ces horreurs, de toutes ces atrocités dans lesquelles se complaisent certains auteurs actuels qui recherchent plus l'accumulation de l'effroyable, de la cruauté, du sensationnel, que la nouveauté. Certains, pas tous heureusement. Maurice Renard fut en quelque sorte le précurseur dans ce domaine littéraire d'un genre bien particulier, et à la lecture de quelques uns de ses contes, j'ai ressenti comme une impression de déjà lu. impression inévitable puisque les textes de Maurice Renard sont antérieurs à bon nombre de récits que j'ai pu lire depuis des décennies, depuis mon adolescence. Des similitudes, je ne parle pas de plagiats ni de parodies, des similitudes existent avec des textes dus à des auteurs américains par exemple. Ce qui n'est pas forcément répréhensible ou gênant pour le lecteur. Partant d'une même idée de base, chacun peut la développer à sa façon, dans son style propre. Maurice Renard est un auteur à découvrir, à lire ou à relire, car il écrit d'une manière alerte, claire, élégante (je sais je l'ai déjà écrit), dénuée de toute vulgarité ou de ce style ampoulé qui paraît bien désuet aujourd'hui. Un merveilleux conteur et prosateur, également poète, qui sait faire passer dans le dos ce délicieux frisson de l'aventure fantastique.
Ainsi dans Les mains d'Orlac (1920) il explore le thème de la main greffée qui acquiert une existence autonome aux dépens de son propriétaire. Auparavant, dans Le Péril bleu (1912) il met en scène, thème récurrent, des extra-terrestres inattendus. Mais il manipule également l'impossible, avec virtuosité, dans Le Maître de la lumière, Le professeur Krantz ou L'homme truqué à moins qu'il préfère l'indicible des Mille et un matins, ou encore Fantômes et fantoches. Le lecteur de ces pages ne ressort pas avec un goût amer dans la bouche et des visions d'horreur plein la tête, mais émerveillé et quelque peu rêveur. En nous sommeille notre âme d'enfant, et elle ne demande qu'à se réveiller comme lorsqu'au temps de nos tendres années nous nous délections avec des histoires issues des Contes des Mille et une nuits, des aventures de Peter Pan ou de Gulliver.
Sommaire : Préface de Jean Tulard. Fantômes et fantoches Le docteur Lerne , sous-dieu Le péril bleu M. D'Outremort Les mains d'Orlac L'homme truqué Château hanté La rumeur dans la montagne Un homme chez les microbes Le professeur Krantz Le maître de la lumière Contes des mille et un matins Documents (recueillis par Francis Lacassin) |