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MICHEL QUINT |
SanctusAux éditions TERRAIN VAGUE |
1964Lectures depuisLe lundi 1 Decembre 2014
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Une lecture de |
Bibliothèque de l’Insolite. Parution 3 octobre 1990. 212 pages. Bon anniversaire à Michel Quint, né le 17 novembre 1949 Ils étaient partis à travers les Flandres et l’Artois à la recherche d’un cœur gravé et d’un ancêtre à réhabiliter. « Ils », c’est Baudoin dit Bau, Clotilde, dite Clo, son épouse, et Ferdinand, dit Ferdi, l’ami d’enfance, toujours secrètement amoureux de Clo. En visitant les églises, les trois amis allient l’utile à l’agréable, si l’on peut dire ; travail de recherche et travail personnel. Clo, par exemple, architecte, reproduit dans un petit carnet des motifs afin de s’en inspirer ultérieurement. Dans ce petit village où la mairie est greffée sur l’église, sur la place duquel se dresse le monument aux morts et où s’érige de l’autre côté le café Aux poilus, ils sont persuadés de toucher au but. Ils cherchent en vain le cœur gravé, découvrent un nouveau-né mort dans les fonts baptismaux, investissent la salle des archives de la mairie, théoriquement fermée au public. Henri, le secrétaire garde-champêtre, les surprend en train d’éplucher les parchemins écrits par l’abbé Dottin en 1830, revus et corrigés par Broissart, l’instituteur dreyfusard et anticlérical. Odilon Lartisien, ancêtre de Bau, guillotiné en place d’Arras le 21 avril 1834 pour meurtre et vol a-t-il réellement perpétré ce dont on l’a accusé ? Ferdi, qu’en fait les recherches n’intéressent guère, et Henri sympathisent, effectuant des stages de plus en plus prolongés au café des Poilus. Le genièvre versé abondamment, Henri s’épanche, expliquant qu’il cherche depuis la veille sa fille, Evelyne. Une fugue ? Pour quel motif ? Mais tout est mensonge ou plutôt tout est vérité déguisée. Faux et usage de faux, et lorsque le voile se lève, c’est pour en découvrir un autre tout aussi opaque. Chacun raconte sa vérité : l’abbé Dottin, l’instituteur Broissard, Henri le père, géniteur ou simplement nourricier d’Evelyne, et Bau et Clo et Ferdi. Ferdi découvre Evelyne cachée, réfugiée dans un grenier entre la mairie et l'église. Evelyne qui jongle avec les pères supposés du nouveau-né nouveau-mort. Sans oublier le ère de Bau et la mère de Clo, suicidés amants ou assassinés. Tout est noyé dans un brouillard, fumées et vapeurs éthyliques. Une histoire qui commence à 8 h 30, un samedi 12 novembre et se termine le même jour à 19 h 05.
Quint écrit comme sous l’effet d’une transe hallucinatoire, il entoure ses descriptions, ses actions avortées, ses dialogues récitatifs d’un flou artistique. Le David Hamilton de la littérature, sauf que ses personnages sont nimbés d’une auréole noirâtre. Il s’éloigne, de plus en plus, du roman policier sans quitter le roman noir. Il se vautre dans l’écriture, alliant au rêve un hyperréalisme débridé. Ses phrases coulent de son stylo en torrents impétueux, et le lecteur a souvent du mal à saisir une pensée mal canalisée. L’histoire est noyée sous le déluge verbal, style amorcé dans Jadis, dans Bella ciao ou encore dans Billard à l’étage, Grand prix de Littérature policière en 1989, mais porté ici à son paroxysme. Un roman qui, en fait, devrait être une pièce de théâtre, les unités de temps, de lieu et d’action étant respectées.
Michel Quint : Bella ciao : http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/article-michel-quint-bella-ciao-119447222.html
Cake-walk : http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/article-michel-quint-cake-walk-120154406.html
Veuve Noire : http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/2014/10/michel-quint-veuve-noire.html
J'existe à peine : http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/2014/10/michel-quint-j-existe-a-peine.html
Les amants de Francfort : http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/article-michel-quint-les-amants-de-francfort-121156889.html
Les Joyeuses : http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/article-michel-quint-les-joyeuses-120477728.html |
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