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SERGE QUADRUPPANI |
La Disparition Soudaine Des OuvrièresAux éditions LE MASQUEVisitez leur site |
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Une lecture de |
Le couple Tavianello est en vacances dans une vallée italienne du Piémont, entre San Giorgio al Monte, Sestrières et Pinerolo (Pignerol). Amateurs de miels, ils découvrent un meurtre chez l’apiculteur local Minoncelli. Ce n’est pas ce militant qui a été abattu, mais Maurizio Bertolazzi. La victime était ingénieur au service d’une multinationale de l’agroalimentaire, Sacropiano. Très ennuyeux, l’arme du crime venait d’être volée à la commissaire Simona Tavianello, dans sa chambre d’hôtel à son insu. La pulpeuse policière quinquagénaire, membre de la Direction Nationale antimafia, n’est évidemment pas soupçonnée par Calabonda, adjudant des carabiniers chargé de l’enquête. Par contre, ayant commis de précédentes bévues, il souhaite que la commissaire lui apporte son aide officieuse. Tandis que son mari quitte bientôt la région, Simona Tavianello reste pour enquêter. L’apiculteur Minoncelli n’est pas suspect puisque, avec son comité de défense, il menait une action militante chez Bertolazzi. Simona pense que les deux hommes n’étaient probablement pas si opposé, car l’ingénieur offrait des informations à l’apiculteur. Simona se méprend d’abord sur Giuseppe Felice, qu’elle croit être un agent des services secrets italiens. En fait, ce journaliste du Quotidiano delle Valli est un garçon timide. Ce qui ne l’empêche pas de bien connaître les réalités de la région, de savoir que la victime était gay, et d’être bien renseigné sur les questions liées aux abeilles qui disparaissent massivement. Une nouvelle victime est abattue, un homme qui venait s’attaquer aux ruches de Minoncelli. Près du corps, une revendication évoque la “Révolution des Abeilles”. Or, il y avait déjà un tract assez semblable autour du premier meurtre. L’adjudant Calabonda organise une opération spectaculaire pour cerner Mehmet Berisha, berger albanais et amant de l’ingénieur assassiné. Simona intervient à temps afin d’éviter au carabinier une erreur supplémentaire. Si la commissaire est importunée par le journaliste Ciuffani, elle ne sait pas encore que celui-ci est proche des services secrets de l’AISI. Au sujet des abeilles, quelles infos sont les plus fiables. Celles du professeur Marini, scientifique un peu excité, ou celles de Francesco Signorelli, directeur du Centre de recherche de Sacropiano ? Simona imagine que le groupe agroalimentaire mène dans cette vallée un projet douteux quant au respect de la nature et des humains. Quant un attentat raté vise le Centre de recherche, la piste éco-terroriste apparaît probable. Calabonda en suit une autre, grâce à une bouteille de whisky. Si un tireur d’élite rôde dans les environs, est-il vraiment plus dangereux que les expériences de Sacropiano ?… En lisant ce survol de l’intrigue, on aura compris qu’il existe deux lectures de cet excellent roman. Il s’agit bien d’une enquête policière, dans l’Italie actuelle. Avec une commissaire chevronnée plutôt frondeuse, et un adjudant des carabiniers pour lequel cette affaire comporte un enjeu personnel. On va même croiser le Dr Pasquano, médecin légiste sicilien, irascible ami du commissaire Montalbano. On suit avec intérêt les investigations qui mèneront au coupable. L’auteur développe aussi, et surtout, une autre thématique. Il y est question des abeilles, comme l’on sait menacées par les trop puissants produits phytosanitaires. Bien que les apiculteurs aient alerté l’opinion, les pollueurs continuent à décimer les essaims, puisque les politiciens n’inquiètent pas les multinationales concernées. Et si leurs projets étaient encore plus fous, incluant des technologies nouvelles ? Au nom de l’acceptabilité sociale, dont les processus sont décrits ici, l’impact sur tout être vivant peut devenir catastrophique. En particulier, pour nos libertés. Serge Quadruppani mêle avec son habileté coutumière suspense et sujet de société, intrigue policière et réflexion sur notre époque. Un peu plus qu’un polar, donc !
Peut-être avez-vous constaté comme moi que cette année, guère d’abeilles batifolent sur les fleurs. A cause du temps maussade ? A cause de fleurs en retard dans la floraison ? A cause d’un dérèglement de leur métabolisme ? A cause d’une raison inexpliquée ? Toutes les hypothèses peuvent être envisagées, même les pires. Dans un couple, il faut toujours que l’un cède devant les caprices de l’autre, sous peine de conflits et de dissolution. La commissaire antimafia Simona Tavianello, qui préfère passer ses vacances au bord de la mer, plus précisément à Salina l’une des îles Eoliennes près de la Sicile, a accepté, pour une fois, de se plier selon aux désirs de son mari, le questeur (une sorte de commissaire principal) en retraite Marco Tavianello. Mais au lieu de se balader dans cette vallée du Piémont où ils résident, elle a imposé son envie d’aller acheter du miel chez l’apiculteur Giovanni Minoncelli. Seulement on poussant la porte du bâtiment, ils se trouvent confrontés à un cadavre gisant à terre. L’adjudant de carabiniers Calabonda, surnommé Cacabonda à cause d’un journaliste ou d’un de ses hommes qui a mal compris l’énoncé de son nom ainsi qu’aux quelques boulettes qui entachent sa carrière, prend la direction des opérations. Près du corps une feuille blanche a été déposée avec inscrits au feutre ces quelques mots : Révolution des Abeilles. Pas grand-chose à se mettre sous la main sauf que, quelques heures plus tard, Caca… pardon Calabonda se met en contact avec Simona et Marco, qui discutent de l’affaire à une terrasse de café, pour leur demander comment il se fait que la balle tirée dans la tête du défunt provient de l’arme de service de la commissaire antimafia. Son arme de service qu’elle avait emmenée avec elle sur l’injonction de ses supérieurs. A la même terrasse, Giuseppe Felice, journaliste local, se demande comment aborder les deux vacanciers. Mais une timidité rédhibitoire le cloue sur sa chaise. La victime n’est autre que l’ingénieur Bertolazzi, lequel était chargé pour le compte de la société Sacropiano de la commercialisation des produits de la firme, c'est-à-dire de semences OGM et de pesticides. Et bien évidemment il était la cible privilégiée de la colère des apiculteurs de la région. Depuis quelque temps les hyménoptères sont sujets au syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles domestiques. Elles partent sans crier gare et on ne les retrouve jamais. Pas de cadavres, ni dans la ruche, ni à proximité. Un phénomène inquiétant. Aussi penser que Minoncelli serait l’auteur du meurtre est présent à l’esprit de Calabonda, sauf qu’au moment du drame celui-ci était justement dans la propriété de Bertolazzi en train de manifester et de déployer des bannières en compagnie d’autres membres du collectif de protection des abeilles. Une autre piste est envisagée car Bertolazzi était un homosexuel, ce qui en soi n’est pas problématique, mais il avait une vie sexuelle assez dense et pour l’heure son amant était un berger Albanais vivant non loin. Bien malgré elle Simona Tavianello est impliquée dans cette ruche bourdonnante Un autre homicide est enregistré près des ruches de Monticelli. Particularité de la victime : sa tête est à moitié défigurée par une attaque d’abeilles, l’autre a été emportée par une balle de gros calibre. Ciuffani, un journaliste bien connu de Simona pour être proche du pouvoir, deux frères, l’un responsable de la Sacropiano et l’autre patron du journal local, s’invitent dans cet essaim déjà constitué de journalistes, de carabiniers, d’apiculteurs en colère et autres. Serge Quadruppani se montre aussi pointilleux dans l’écriture de ses romans que dans ses traductions, notamment celles des romans d’Andrea Camilleri. Il ne se contente pas de narrer une histoire mais apporte de nombreux éléments afin d’affiner son propos. La disparition des ouvrières, des abeilles, est un problème de société dont pâtissent les apiculteurs. Et derrière cette profession, c’est tout un système voué aux produits chimiques qui est mis en cause. Mais la politique s’invite également dans cette histoire qui ne pouvait ignorer les remous du parti au pouvoir, la concussion, mais aussi Le Ligue du Nord. Serge Quadruppani nous offre une autre vision du monde actuel, plus proche de la nature, pointant du doigt les dérives des laboratoires chimiques et de la finance. Evidemment, la vie des abeilles, ou plutôt la mort touche peu de monde, pour l’instant, mais si ceci n’est qu’un microcosme, cette brèche ouverte peut s’étendre de façon sournoise à tout un système écologique préjudiciable à l’être humain. |
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