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BRICE PELMAN |
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2140Lectures depuisLe vendredi 9 Juillet 2010
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Une lecture de |
Jeune veuve, Doria Deslandes vit seule et heureuse dans la villa Paprika avec ses jumeaux âgés de 11 ans, corniche des Oliviers, sur les hauteurs de Nice. Lors d’une visite tardive, son voisin Jourdain, frustré sexuellement, la viole et l’étouffe. Dormant à l’étage, Patrick et Marieke n’ont rien entendu. Quand ils découvrent le corps de leur mère, les deux enfants mesurent la catastrophe. Qui prévenir ? M.Fink, leur sévère instituteur ? La mort de leur mère signifie qu’on va les mettre en pension, les séparer. Ils décident de ne rien dire, de vivre comme si rien ne s’était passé. Une journée ordinaire commence par l’école. Ils ont aussi besoin de provisions, quelques courses. Non seulement cette vieille bigote qu’est Mme Josepha leur pose des questions, mais elle promet de passer voir leur mère. Patrick et Marieke vont devoir ruser, écarter le danger. D’autant que leur tante Françoise, une véritable casse-pieds qui prétend faire sa loi, vient aussi en visite. Doria n’étant pas là, elle veut s’installer à la villa pour s’occuper des jumeaux. Et puis, il y a ce curieux voisin, que les enfants connaissent à peine, Jourdain. Celui-ci n’en mène pas large depuis le crime. Déjà que sa vie n’a rien de drôle, avec son épouse Marie-Louise en mauvaise santé. Et il ne sait plus ce qu’il a fait de la culotte de Dora. Il rôde près de chez elle. “Aux abords de la villa, Jourdain réduit encore sa vitesse. Il est presque déçu de voir que tout est calme alentour. Il s’attendait au moins à ce qu’une voiture de police stationne devant l’escalier.” Même si on le considère comme un honnête citoyen, chef d’entreprise respectable, Jourdain n’a pas la conscience tranquille. Il se prépare à répondre aux policiers, s’étonnant qu’il n’y ait pas plus rapidement d’enquête. S’agit-il d’un subterfuge, d’une manœuvre le visant ? Ou bien la jeune femme en a-t-elle finalement réchappé ? Il approche donc les enfants, qui déclarent que leur mère est en voyage. Aurait-elle abandonné ses mômes, à cause du choc peut-être ? Cette “sale bique” de tante Françoise finit par exaspérer les deux enfants. Un lourd cendrier permet à Patrick de protéger sa sœur de la violente tante. Elle ne parlera plus, ne les enverra pas en pension. “Un jour ou l’autre, c’est forcé, oncle Paul qui est polytechnicien se mettra en quête de sa femme” mais il est éloigné pour le moment. Néanmoins, Patrick et Marieke risquent qu’on s’aperçoive de la mort de Doria. À cause de son absence, d’un carreau cassé, de l’odeur aussi. Mme Josepha et Jourdain rôdent toujours autour de la villa Paprika. L’éditeur, pour lequel Doria est traductrice, voudrait aussi la joindre. Le gendarme Bonnechaux et son chef ne sont guère convaincus par le témoignage abstrait de Mme Josepha. S’en tenir à une vague enquête préliminaire risque d’être insuffisant. Combien de temps cacheront-ils la vérité ? Si l’oncle Paul y met son grain de sel, ça va compliquer encore les choses. Dépassé par l’affaire, Jourdain échappera-t-il à la Justice ? Prix mystère de la critique, ce roman datant de 1981 méritait cette réédition. Comme la quasi-totalité des titres du regretté Brice Pelman. Il serait inutile de vanter les qualités de cette intrigue. L’histoire d’une fluidité exemplaire, le suspense permanent autour du sort des deux enfants, les facettes souriantes grâce au commérage de quartier, tout est ici impeccable. Il est temps de redécouvrir ce grand romancier que fut Brice Pelman.
Patrick et Marieke, les jumeaux de onze ans, n’ont pas du tout envie d’aller en pension. Ils n’envisagent pas cette possibilité une seconde, quels qu’en soient le prétexte. Depuis le décès de leur père deux ans auparavant ils vivent seuls avec leur mère qui pour des raisons d’économie a loué une petite maison dans l’arrière pays niçois. Afin de subsister elle effectue des traductions pour une maison d’édition parisienne. Alors lorsque ce matin-là, en se levant ils découvrent leur mère décédée, ils décident de ne rien dire, de ne rien faire, de gérer leur emploi du temps en se conduisant comme la veille et les jours précédents. Doria, leur mère, est allongée sur son lit, sa langue est noire. Aussitôt Patrick avance l’hypothèse de la peste. Mais comment pourrait-il savoir que la veille au soir, alors qu’il dormait, tout comme sa sœur, leur voisin, Jourdain, est venu rendre visite à leur mère sous un prétexte futile. Et devant cette jolie femme, lui qui est frustré sexuellement, sa femme étant sujette à des migraines quotidiennes, il a perdu la tête. Il a violé Doria et afin d’empêcher la jeune femme de crier, il l’a étranglée. Patrick et Marieke avalent leur petit déjeuner et empruntent le car scolaire comme si de rien n’était. Et ils vont vivre pendant quelques jours ainsi, effectuant quelques achats afin de se sustenter, préparant leurs repas selon leurs maigres possibilités culinaires, fermant à clé la chambre de leur mère. Mais Jourdain se demande bien comment il se fait que personne n’ait réagi, et puis dans son affolement il a perdu la petite culotte de Doria qu’il avait empochée. Madame Josépha, la grenouille de bénitier du quartier, est-elle aussi surprise de l’absence de Doria mais les enfants ont une bonne raison à invoquer. Toutefois elle se pose des questions sur les mœurs de sa jolie voisine lorsqu’elle trouve la culotte dans un fourré. La catastrophe survient sous la forme d’une lettre émanant de Tante Françoise qui a décidé de passer quelques jours chez sa belle-sœur. L’oncle Paul, son mari polytechnicien est en déplacement au Mexique alors passer quelques jours au soleil lui semble une bonne initiative. Pour les enfants c’est tout le contraire, d’autant que la tante Françoise est une fouineuse. Et lorsqu’elle ouvre la chambre avec une clé de rechange, les enfants ayant jeté la première, et découvre Doria, c’est le drame qui continue. Issu d’un fait-divers, l’un des rares utilisé par Brice Pelman qui nous raconte dans l’entretien qu’il m’avait accordé, la genèse de cette histoire, ce roman nous entraîne dans l’univers des enfants qui se prennent pour de grandes personnes, par la force des événements mais également par peur d’être envoyé en pension. Des enfants qui veulent forger leur destin, à la place des adultes. Leur imagination, leur rouerie presque, leur permet de s’affranchir temporairement mais il ne faut pas se leurrer, ils seront obligés de se conformer à l’autorité. Dans quelles conditions, et comment l’histoire se dénouera, c’est Brice Pelman qui nous donne les clés. Et il ne faut pas chercher une quelconque moralité dans ce roman qui parfois joue avec les nerfs, tant on se sent proche de ces enfants qui veulent préserver leur liberté, et pourtant on voudrait les morigéner parce qu’ils ne se conforment pas à une attitude considérée comme normale, c'est-à-dire se conduire en enfants. Et puis que penser de ces personnes, ces voisins qui s’ingénient à vouloir connaître ce qui se passe chez les autres, des curieux éhontés pour certains car leur comportement est à tout le moins indiscret. Mais lorsqu’un drame vient de se dérouler, on reproche justement à ceux qui ne se sont pas inquiétés de se montrer indifférents. Alors quel comportement adopter ? |
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