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PIERRE PELOT |
Les Normales SaisonnièresAux éditions POCKETVisitez leur site |
2395Lectures depuisLe mercredi 3 Fevrier 2010
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Une lecture de |
Vers la Pointe du Raz et la Baie des Trépassés, non loin du port d’Audierne, la petite ville de Pont-Croix est la capitale du Cap Sizun. C’est dans un hôtel de cette bourgade tranquille que séjourne Datier. “C’était un homme d’une cinquantaine d’années, avec des épaules voûtées, trapu, les avant-bras couverts de poils sombres épais. Il avait des cheveux châtains foncés, quelques fils argentés sur le haut des tempes mais pas davantage, pas tellement. Une légère surcharge pondérale le ceignait. Un visage carré, des pommettes hautes et des yeux très enfoncés, un regard doux dans cette architecture faciale plutôt rude.” Datier se prénomme Cochise “…ce prénom de malheur dont son père cinglé de western avait tenu à l’affubler et que l’État-civil avait accepté”. Solitaire, adepte des longues marches, Datier va se promener sur les côtes ventées du Finistère-sud. Il y croise une fille inconnue, qui semble attendre quelque chose. À l’hôtel, il sympathise sans se livrer avec la patronne, Marina. Le soir, il sort comme un vacancier voulant découvrir les petites rues historiques de Pont-Croix. Une seule adresse intéresse Datier : 9 rue du Goyen. Il repère dans cette rue calme la maison anonyme, l’observe depuis un petit refuge mitoyen. Une nuit, il pénètre clandestinement à l’intérieur. Une femme le surprend, s’interpose. Armé, Datier tire à deux reprises, blessant gravement Alicia Largo. C’est un accident, il ne voulait aucun mal à cette personne. Il s’enfuit, se cache dans son abri voisin, tandis qu’arrivent les secours. Le lendemain, Datier se balade à la Pointe du Van, quand un sportif en 4X4 le menace, exigeant qu’il oublie la fille qu’il a croisé ici. Sortant son arme face à l’excité, Datier réplique qu’il n’est pas concerné par leur histoire. Pourtant, plus tard, il rencontre de nouveau la fille. Anne cherche le moyen de fuir Cool (le sportif) et Benji. Petite pute cinglée ou femme en péril ? Datier pense qu’elle dit la vérité. Il va l’aider. L’agression nocturne au 9 rue du Goyen reste incompréhensible, attribuée à un rôdeur venu cambrioler. Mme Largo est dans le coma. Datier est allé à l’hôpital, l’a approchée, a vu ses proches, mais ne peut rien pour elle. À l’hôtel, l’aimable client esseulé n’est pas suspecté. Son séjour en Bretagne se terminant, il annonce son prochain départ. Il prend un taxi, qui le dépose en gare de Quimper. Toutefois ce n’est que simulation, car Datier n’en a pas fini avec l’habitant de la rue du Goyen. Il est venu pour l’effacer, pour gommer un épisode douloureux du passé. Peu lui importe que l’homme soit ou non en état de se défendre, Datier doit nettoyer une image salie… D’accord, ce n’est pas un polar. Datier le précise : “Sa cible. C’est ça, sa cible… Essaie de ne pas me parler comme dans un polar. On n’est pas dans un polar.” Certes, ce n’est pas un roman criminel. Pourtant, il y a bien une victime dans le coma, une fille fuyant des types menaçants, et un règlement de comptes vengeur. Avec maestria, Pierre Pelot joue sur plusieurs tonalités dans cette histoire d’un noir romantisme. Notons, quand même, des allusions souriantes : il fut l’auteur des aventures de Dylan Stark, son héros a écrit celles de Red Bridge. Ou encore, dans un Salon du livre : “Elle dépote en rafale, la vache, et moi je suis à côté et je me fais suer, personne ne me voit, ils viennent en hordes faire signer la grosse qu’ils ont vu à la télé.” Néanmoins, c’est évidemment l’ambiance énigmatique qui prime, renforcée par de curieux intermèdes-dialogues, dont le sens apparaît bientôt. L’écriture est très visuelle, riche en détails précis autant qu’en interrogations. Une narration envoûtante, dont cet auteur a le secret depuis bien longtemps. Ce suspense original est un pur régal. |
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