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JEAN-BERNARD POUY |
Les Compagnons Du Veau D'orAux éditions BALEINEVisitez leur site |
2482Lectures depuisLe mardi 19 Janvier 2010
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Une lecture de |
Drano est un anarchiste parisien publiant un fanzine, “Ni Dieu Ni Maître Ni Patron”, qu’il vend sur le marché et par abonnements. Son ami Marcel s’inquiète de la disparition d’Éva, prostituée venue de Lituanie dont il est amoureux. Elle aurait été recrutée par “des potentats plein de fric, des mecs sans foi ni loi [régnant] sur l’économie européenne.” Une confrérie de financiers retenant une prostituée dans un manoir breton, voilà une affaire qui intéressera les lecteurs de Drano. Direction la Bretagne, où il enquête de Guingamp à Morlaix en passant par Paimpol. Pendant ce temps, Éva s’interroge dans sa prison dorée. Être le jouet sexuel de ces huit hommes masqués de cuir rouge n’est pas ce qui la tourmente. D’autant que majordome Igor lui offre d’agréables moments. Mais elle a assisté à une terrible scène. Prisonnier de la confrérie, un homme a été supplicié et mortellement empalé. Étant témoin d’un meurtre, Éva craint d’être éliminée. La victime est Jean-François Ledonnec, puissant PDG. Quand sa disparition est annoncée, ça n’attriste guère Drano : “Un patron de moins, c’était toujours bon à prendre, surtout quand c’était comme le Ledonnec un gangster en col blanc tâché par la sueur des travailleurs esclaves.” C’est le troisième dirigeant de grandes entreprises qui disparaît en peu de temps. Il faudra que Drano fouille dans ses archives au sujet de ces trois-là. Alors qu’il se trouve en gare de Morlaix, Drano repère la blonde Éva. Le majordome Igor était chargé de la supprimer. Il a préféré lui rendre la liberté, lui conseillant de retourner à Tallinn et de s’y faire oublier. Éva raconte à Drano les faits dont elle a été témoin au manoir. L’étonnante méthode moyenâgeuse utilisée pour tuer Ledonnec amène diverses hypothèses. Secte ésotérique fascisante ou groupe d’acharnés de la jungle capitalisme, ces types-là s’avèrent dangereux. Drano met Éva à l’abri. La disparition d’un autre PDG, Le Fèvre des Arcs, doit être aussi imputée à cette mystérieuse confrérie. Le troisième financier visé risque fort d’être Dennis Thurbank, un requin des affaires qui ne manque pas d’ennemis. Drano fait un saut à Paris, pour charger Marcel de dénicher des infos dans ses copieuses archives, et pour acquérir un pistolet anonyme. Il braque le mac d’Éva afin d’obtenir quelques renseignements supplémentaires, puis il retourne à Morlaix. La jeune femme choisit de rentrer sans attendre dans son pays balte. Drano bénéficie d’un petit coup de pouce du destin, qui lui permet de prendre Igor en filature. Après avoir situé le manoir de Pentrec, encore faut-il trouver le moyen d’affronter les membres de la confrérie… Cette histoire fut publiée par épisodes en 2006 dans la revue “Shanghai Express”. Prix Paul Féval du Roman populaire 1996, Jean-Bernard Pouy s’inspire ici de la grande tradition feuilletoniste. Avec les personnages classiques de ce type d’intrigues : l’enquêteur qui agit pour la beauté du geste, la fragile héroïne en péril, le groupe d’énigmatiques comploteurs dans leur manoir mystérieux caché au cœur du terroir, le majordome aux airs de brute mais au grand cœur. Étant bien entendu qu’un héros anarchiste ne peut en aucun cas alerter la police avant avoir toutes les preuves. Meurtres cruels, indices incertains, courses poursuites, et dangers en tous genres font évidemment partie des ingrédients indispensables. Parmi les codes respectés, chaque fin de chapitre coupe l’action, incitant à entamer le suivant : “Éva descendit sur le quai. La première chose qu’elle vit, ce furent cinq policiers en uniformes qui, près de la sortie, regardaient sans sa direction” (Vont-ils l’arrêter ? Vous le saurez au prochain épisode). Comme les feuilletons d’autrefois, ce suspense est désormais publié en roman complet. Un vrai suspense populaire ! |