|
![]() |
PIERRE PELOT |
Les Promeneuses Sur Le Bord Du CheminAux éditions PHEBUSVisitez leur site |
2464Lectures depuisLe lundi 27 Juillet 2009
|
![]() |
Une lecture de |
![]() |
Quinquagénaire, Paul Blair est une sorte de détective s’occupant de renseignements professionnels. C’est lui qu’un correspondant anonyme a choisi pour transmettre des lettres de menaces à Adrien Norte, célèbre auteur de best-sellers depuis trente ans. La première rencontre réelle, à l’agence, entre Paul Blair et Adrien Norte est tendue. Blair n’éprouve aucune sympathie pour cet écrivain trop médiatisé, pour ce personnage qu’il s’est façonné. Issu d’une famille aisée, Adrien Norte est devenu très jeune un auteur à succès. Son second mariage, avec Ladia, date de cette époque. Ils ont une fille, Mélanie. Image d’un bonheur familial qui plait à ses lecteurs. Il demande à Blair la plus grande discrétion, autant envers ses proches que pour son public. Les textes des lettres de menaces sont sibyllins, n’évoquant guère de souvenirs précis chez Adrien Norte. Il serait responsable de la mort d’une nommée Marisa, vingt-huit ans plus tôt. C’est bien cette année-là qu’il rencontra Ladia, son épouse, mais il ne s’intéressa guère à l’amie de celle-ci, Marisa. Pourtant, cette dernière était enceinte de leur enfant, selon le menaçant corbeau. Puisqu’il lui préféra Ladia, Marisa se suicida. Pitoyable affaire, sans doute, mais l’écrivain affirme ne pas être en cause, ne pas mériter la haine de ce mystérieux ennemi. En six semaines, quinze nouvelles lettres sont adressées à Adrien Norte. Paul Blair et son jeune adjoint Kenny assurent désormais la protection de l’écrivain et de sa famille. Au gré de leurs balades, comme dans ce jardin public de Nancy, Blair et Norte confrontent leur philosophie de la vie. Une façon pour eux de comprendre la motivation profonde de celui qui menace les proches de l’écrivain. Né d’un premier mariage, son fils Griffith est la première cible désignée. Cette Marisa, Adrien Norte ne s’en rappelle vraiment pas, fasciné qu’il fut par Ladia. “Dites-lui cent mille fois que vous ne vous souvenez même pas d’elle. Ça n’a strictement aucune importance. Il s’en souvient pour deux” estime le détective. Ce serait donc le mari de cette femme qui, depuis vingt-huit ans, aurait cultivé sa douleur et sa haine ? Le rôle de Griffith, artiste incertain à l’esprit dérangé, n’est pas clair non plus. Le passage à l’acte de l’assassin éclaircira peut-être la réalité des faits passés… “Homicide par désinvolture”, tel pourrait être le titre de ce roman, s’il s’agissait d’un polar plus traditionnel. Après une longue et féconde carrière, Pierre Pelot n’a plus rien à prouver. Exemple de sa maîtrise, c’est en quelques mots qu’il nous situe le détective : “Beau temps que je ne me reconnais plus, si tant est que ça se soit jamais produit. Ce qui est certain, c’est que j’ai la paupière droite qui tombe et gêne ma vision des choses. Il parait que je pue de la gueule, aussi, ça ne date pas d’aujourd’hui, on m’en a fait la réflexion, accompagnée d’une grimace écœurée.” Et pourtant, il continue à explorer des manières narratives originales. La base de cette affaire pourrait être un sombre mélo, “une banale mais néanmoins exemplaire tragédie.” Mais c’est tout en finesse qu’il traite le sujet. En filigrane de l’apparente simplicité, apparaît une véritable force psychologique. Les héros ne sont pas dans l’action, ils existent par leur “être”, leur vécu. C’est même la sobriété des images et des effets qui trouble et captive. Nul besoin d’un lourd suspense pour nous passionner. Juste deux hommes aux parcours différents ou opposés, face à face, pour tenter de comprendre une situation énigmatique. Un récit magistral ! |
Autres titres de |