Détective privé miteux, Harry attend le client. Ses relations avec Gisèle, jeune femme mystique, à la limite de la bigoterie, se dégradent. Une mystérieuse cliente représentant un non moins mystérieux holding l'embauche pour retrouver un cadre supérieur. Déambulant dans la rue Harry tombe amoureux d'une prostituée émigrée dont le souteneur a le bon goût de se faire écraser. Harry abandonne Gisèle pour Suzette. Harry reçoit un paquet contenant une forte provision d'argent et le nom de celui qu'il doit retrouver : Jack Pawlovka, créateur d'un holding avec Mr Bob. Mais ses ennuis commencent. Un malabar lui ordonne de fournir à son patron, Dangue, tout renseignement concernant le disparu. Alors Harry contacte un copain qui lui dégotte un appartement à deux entrées, puis il passe la soirée chez Miltin, un ami journaliste. Suzette est kidnappée et Harry a peur pour sa vie. Miltin lui procure des gardes du corps, ce qui n'empêche pas le malabar de le menacer. Harry laisse l'homme sur le carreau. Gus, un autre employé de Dangue, laisse supposer que Suzette serait entre leurs mains. Fouinant chez Pawlovka, Harry trouve l'adresse d'une société de placement et d'investissement, la BIP. "Mes mots ondulaient de la syntaxe dans une mélodie déjantée..." (Page 68) Cette phrase résume le style de ce roman glauque qui oscille entre années 50 et années 90. Miteux, pitoyable, maupiteux, Harry est le portrait type de certains détectives, et consomme à fortes doses alcool et drogue. C'est presque l'apologie de la cocaïne. Un livre qui se veut fable des bons petits truands face au monde despotique et véreux de la finance. Jacky Pop utilise une forme narrative hachée qui se révèle lourde à la lecture et emploie de nombreux clichés éculés que ne renouvellent pas les quelques situations et scènes d'actualité. Réédition d’un livre publié en 1995 aux éditions Grenadine et coup de cœur hommage à un auteur et un directeur de collection trop tôt disparu qui sut publier quelques perles dans la collection Rail Noir et découvrir Franck Thilliez et Karine Giebel.
Une autre lecture duAndrozonede CLAUDE LE NOCHER |
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Harry, la quarantaine, s’affiche détective privé. Hypothétique activité, vu la rareté de sa clientèle. Depuis sept ans, il vit aux crochets de la pieuse Gisèle, qu’il supporte de moins en moins. Pour le sexe sans sentiment, il y a sa sensuelle voisine. Contacté par un client promettant le pactole, Harry est quasiment ponctuel au rendez-vous fixé. Une femme, qu’il ne devine qu’en ombre chinoise, lui indique sa mission. Monsieur Bob, à la tête d’un groupe financier, l’engage pour retrouver son collaborateur et associé Jack, disparu avec un dossier compromettant. Ce client bien renseigné sait qu’Harry n’a guère les moyens de refuser la somme annoncée. Quant à être capable d’alpaguer Jack, ce n‘est pas si sûr. En protégeant la jeune prostituée métisse Suzette, Harry est mêlé à une altercation avec le proxénète auquel elle appartient. Le couple s’enfuit et se cache. C’est carrément le coup de foudre pour Harry, qui rompt (non sans dégâts) avec Gisèle. Le détective a un ami dans l’immobilier qui va leur fournir un discret logement. Pour avancer dans ses recherches, Harry sollicite un vieux pote, le journaliste d’investigation Miltin. Il réunit des infos sur Jack et les activités de cet aventurier de la haute finance. Entre-temps, Suzette est kidnappée. Plusieurs groupes d’intérêts sont susceptibles de vouloir faire pression sur Harry en ayant enlevé la jeune femme. Par exemple, Harry et Miltin ne savent trop dans quel camp se situe la BIP, société de placements où officie le nommé Vincent Mulait. Le climat devenant dangereux pour le détective, Miltin a engagé des repris de justice de sa connaissance en guise de gardes du corps. Le plus expérimenté d’entre eux, Gino, accompagne Harry lorsqu’il enquête sur la BIP. Le détective ne réussit pas vraiment à éclaircir leurs méthodes, mais intercepte un de leurs hommes de main. Une nouvelle fois, apparaît le nom de Hubert Dangue, puissant financier qui séquestre peut-être Suzette. Harry s’invite chez lui, conscient que c’est un coriace dur à manœuvrer. Dangue joue les innocents, prétend qu’il s’agit seulement d’une série de quiproquos, qu’ils peuvent s’entendre sur des bases saines. Harry en doute fort. Le rendez-vous avec Vincent Mulait n’ayant servi à rien, Gino et le détective visitent les locaux de la BIP, ne trouvant que des dossiers codés. Les ennuis sont loin d’être terminés pour Harry… Pour bien comprendre la tonalité narrative de ce roman, il est sans doute utile d’en présenter un court extrait : “En quelques heures, le Destin disloquait ma vie engluée jusque là dans une routine mortelle. J’avais toujours rêvé d’aventures, d’exotisme, sauf que je ne contrôlais rien dans cette partie de bowling. Pourquoi la vie était-elle si compliquée ? Avoue que tu te défonces pour qu’il en soit ainsi ! Tu tombes amoureux d’une ravissante étrangère, tu passes à trépas son directeur artistique sans négocier avec le syndicat du crime, et demain, tu démarres l’enquête du siècle. T’es cinglé !” En effet, c’est dans un récit tourbillonnant que nous entraîne le regretté Jacky Pop (1949-2007). Son pitoyable détective est au centre d’un merdier dantesque, où il reçoit autant de coups qu’il en distribue, essayant vainement de piger si tout ça l’aidera à sauver sa belle Suzette. Même si l’on révélait que c’est en pistant l’ex-épouse de Jack qu’Harry retrouvera celui-ci, ce n’est pas ce qui importe. Car c’est un festival de rebondissements que nous offre l’auteur, un véritable feu d’artifice (avec, comme il se doit, quelques pétards hallucinogènes). Certes, l’argot est parfois un peu désuet (un clille = un client), mais il s’accorde au personnage intemporel d’Harry. (Bref clin d’œil de Jacky Pop à Iggy Pop : “Je rêvassai en écoutant le dernier trente de l’Iguane”) Il est vrai qu’il s’agit là d’un roman hors norme, décalé. C’est en grande partie cette fantaisie non-conformiste qui le rend fort original.
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