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JEAN-BERNARD POUY |
Cinq Bières, Deux RhumsAux éditions BALEINEVisitez leur site |
2414Lectures depuisLe mardi 26 Mai 2009
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Une lecture de |
Pour Le Poulpe, l’apathie est un danger. Le sentant ramolli, son pote bistrotier Gérard envoie Gabriel Lecouvreur en mission. S’informer sur les bières originales produites entre Belgique et Nord de la France, ça l’occupera. Sur place, Gabriel tombe bientôt sous le charme de cette région bordant l’Escaut. Il prend plaisir à observer la vie sur le canal, à s’immerger dans l’état d’esprit des bateliers, à naviguer en péniche. À tester (sans abuser) quelques bières locales aussi, puisque c’est Gérard qui finance la villégiature. Gabriel retrouve sa sérénité. Lors du déchargement d’une péniche remplie d’acier, on a découvert un cadavre en piteux état. La police a identifié la victime, Daniel Vanbest, travailleur social à Mortagne-du-Nord. Gabriel suit l’affaire par les journaux, estimant un peu théâtral de balancer un corps de cette façon. N’étant pas concerné, il poursuit son trajet en péniche vers Valenciennes, sur La Bounty. À l’écluse de Fresnes, un cadavre bloque la manœuvre. Cette fois, c’est un jeune ingénieur japonais qui a été assassiné et jeté dans l’Escaut. Rien n’indique qu’il existe un lien avec la mort de Vanbest. Néanmoins, “ça y était, Le Poulpe était en chasse. Et content de l’être. Il retrouvait ses réflexes. Se mettait à échafauder. Sentait enfin le sang cogner dans ses veines. Ses neurones s’agiter…” Gabriel ruse pour interroger des employés du port où l’on stocke l’acier destiné à l’industrie automobile. Pour financier ses études, le Japonais faisait l’interprète, les documents des usines Toyota étant dans leur langue. Selon le journal, aucun rapport entre Vanbest et cet étudiant n’est encore établi, sauf qu’ils habitaient tous deux Mortagne. Le Poulpe découvre cette ville, endormie dans sa pauvreté. Il sympathise avec Éric, le meilleur ami de Vanbest. Si l’écharpe de la première victime se trouvait chez le second mort, c’est qu’ils se connaissaient. Si tous deux cultivaient des plants d’arabette, il y avait forcément une bonne raison. Éric montre à Gabriel un champ metallicole, un terrain pourri de zinc et de métaux lourds, où l’on fait pousser l’arabette. Le témoignage du frère de Vanbest et de son ami Le Grec vont permettre à Gabriel de mieux comprendre les dessous de l’affaire… Combien de milliers de fois Jean-Bernard Pouy a-t-il sans nul doute entendu cette question : “Quand est-ce que vous écrivez un autre Poulpe?” Depuis 1995 et “La petite écuyère a cafté”, Gabriel Lecouvreur est devenu un héros de référence dans la littérature populaire. Il a subi les vicissitudes inventives d’environ deux cent cinquante auteurs. L’esprit indépendant du personnage a séduit une multitude de lecteurs. Pouy et Le Poulpe ne s’étant jamais vraiment quittés, les voilà donc qui repartent ensemble pour une aventure inédite. L’ombre des Habits noirs de Paul Féval accompagne Gabriel, dans ce décor qui rappelle autant le Simenon du nord et des canaux. Mais, plutôt que “Baron de l’écluse”, Gabriel fait figure de Chevalier des coups tordus. Inutile de s’étendre sur la qualité de l’intrigue : c’est du Poulpe pur jus, comme il se doit. Avec une petite dose de bière, pour mieux savourer. |
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