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ISABELLE POLIN |
Meurtre MillésiméAux éditions MICHEL DE MAULEVisitez leur site |
1632Lectures depuisLe mardi 12 Mai 2009
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Une lecture de |
La détective Morgane de Sancerre et le policier Claude Duverger passent le week-end de la Toussaint en Bourgogne. Ils sont invités par la famille Gravillet, qui exploite un domaine viticole réputé. Duverger est venu plusieurs fois en vacances ici étant enfant, sans être exactement un proche de cette famille car il n’appartenait pas à leur milieu. Ce soir-là, on célèbre au dîner le lancement du “Calice Gravillet”, un Aloxe-Corton de qualité exceptionnelle. À peine en a-t-il goûté qu’Alphonse Gravillet s‘écroule, empoisonné. Qui pouvait vouloir la mort du patriarche ? Sachant qu’il négociait en secret la vente du domaine, tous les membres de la famille peuvent être suspectés. Le lieutenant de gendarmerie Ponsard laisse à Claude Duverger et Morgane de Sancerre le soin de faire la lumière sur l’affaire. Le nouveau roi du domaine, c’est le séduisant Guillaume, l’aîné des fils. Cet ancien étudiant en pharmacie était capable de fabriquer le poison, savant mélange de belladone, de digitale pourpre et de datura. S’il s’est senti trahi par son père au sujet de la vente, il est plutôt lâche et trop peu attaché à leur activité viticole pour l’avoir assassiné. Son épouse Lily est une maîtresse-femme malgré son allure peu élégante. Elle se sent libérée par la mort d’Alphonse. Leur fille Sidonie, 17 ans, ado hargneuse, était absente au moment des faits. Rodrigue, le fils cadet, est passionné par la vigne, fier d’avoir créé le “Calice Gravillet”. Son épouse Anaïs, qui a peu d’affinités avec l’ensemble de la famille, ne parait guère chagrinée par le décès du patriarche. Les évènements présents l’indiffèrent. Eugénie, la jeune sœur de Guillaume et Rodrigue, a 26 ans. Choquée au moment du décès de leur mère, elle souffre d’un retard mental, et agit telle une enfant de douze ans. Morgane essaie de gagner sa confiance, admirant ses dessins, tentant de la comprendre. Reste le cas d’Adrien Colbert. Ce journaliste expert en vins a eu des ennuis avec la justice. Logé au château, il était un précieux atout pour le patriarche. Mais ils ont fini par se disputer, Alphonse lui reprochant ses malversations. Un bon suspect pour tout le monde, surtout pour le lieutenant Ponsard. On ne peut quand même pas attribuer le meurtre à la légendaire Dame Blanche hantant le château, qui serait simplement une chouette effraie. Morgane et Duverger doivent surmonter leurs divergences sentimentales pour trouver le bon coupable, forcément un des Gravillet… Isabelle Polin respecte la meilleure tradition du roman d’enquête, avec ce huis-clos au cœur du vignoble, dans cette “demeure de caractère, imposante et fiable”. Elle nous prouve qu’il n’y a nul besoin de meurtres en série, ni d’investigations scientifiques pointues, pour présenter une intrigue de bon niveau. Portant le soupçon sur chacun, elle installe une délicieuse ambiance à suspense, corsée par la relation amoureuse incertaine du couple d’enquêteurs. Soulignons la belle fluidité narrative du récit, qualité majeure. “Toute sa jeunesse, il n’avait eu de cesse de dépasser ce frère que sa mère préférait (…) C’est comme ça qu’il s’était intéressé à la vigne, et qu’il avait commencé à l’aimer. Il avait été payé en retour : la passion du vin avait facilité la relation avec ce paternel froid, dur.” Les portraits sont précis et rapides, les détails suggérés avec justesse. Un roman d’une lecture très agréable. |