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JEAN-BERNARD POUY |
Une Brève Histoire Du Roman NoirAux éditions L'OEIL NEUF |
2567Lectures depuisLe mardi 4 Fevrier 2009
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Une lecture de |
Qu’écrit un passionné de Roman Noir s’il doit évoquer l’un des maîtres du genre, Raymond Chandler ? Il ne se lance pas dans une rhétorique verbeuse, ni dans une analyse nébuleuse. Il exprime avec simplicité sa lecture : “Dans Chandler, la langue débridée reprend ses droits. Marlowe est un causeur impénitent, il insiste toujours, se moque parfois, même quand il s’en prend plein la tête. On ne la lui fait pas, il est totalement incorruptible, car définitivement désabusé. Il marche d’abord à l’intuition, mais supporte mal qu’on lui mente ou qu’on l’emmène en bateau, ce qui arrive bien sûr souvent. C’est grâce à cette obstination qu’il parvient à ses fins. Il ne s’agit pas, là non plus, d’un retour du psychologisme. C’est surtout à travers les mots que le détective trouve les failles des gens qu’il côtoie ou interroge. En cela, l’écrivain est d’une incroyable modernité.” C’est avec clarté que Jean-Bernard Pouy présente aux lecteurs son approche personnelle “de ce genre littéraire flou, et sujet à maintes et maintes explicitations, explications et définitions.” Ni un catalogue des meilleurs titres, ni une étude tellement pointue qu’elle en deviendrait rébarbative. Pouy revendique sa partialité comme ses oublis, citant avec passion les auteurs l’ayant marqué. Tel un infatigable pèlerin, voilà des années que J.B.Pouy porte la bonne parole du Roman Noir à travers conférences et débats. Ce présent essai est une sorte de synthèse de ses exposés en public. Sophocle et M.G.Lewis furent des précurseurs. Féval, Gaboriau, et peut-être Zola, ont autant créé les codes de ce genre littéraire que John Steinbeck ou W.R.Burnett. Hammett et Chandler, James Cain et Horace Mc Coy, figurent au Panthéon des pionniers. Leurs successeurs sont nombreux, différents et opposés sans doute, mais animés du même esprit. C’est de réalisme social, des tares de nos sociétés comme des imperfections humaines, dont nous parle le Roman Noir. Univers où l’on croise des détectives égarés dans une labyrinthique affaire, des traumatisés par les guerres ou leur expérience de la vie, de doux dingues assez malins pour duper tout le monde, des désespérés en route vers l'enfer, et toute une galerie de héros maudits dont nous partageons le destin le temps d'un livre. On vibre autant grâce à Giorgio Scerbanenco, Manuel Vazquez Montalban, Leonardo Padura, Manchette, Ken Bruen, Didier Daeninckx, Donald Westlake, Pascal Garnier, Jean Amila, Caryl Férey, et tant d’autres : les historiques aiguilleurs du genre, les forcenés, les pessimistes, les allumés, les étoiles filantes, les intellos, les auteurs actuels. On ne s’étonnera pas que J.B.Pouy prenne un plaisir particulier à lire les plus déjantés d’entre eux… Il conclut avec une nouvelle : “Sauvons un arbre, tuons un romancier !” Un tueur à gages est chargé de supprimer un romancier besogneux, dont la prose est caricaturale. L’assassin, qui l'attend chez lui, ne connaît pas d'états d'âmes. Mais sait-on jamais ?
Bien plus qu’à la découverte d’une brève histoire du roman noir, ou bien moins, JBP nous entraîne dans une visite de ce qui pour lui constitue la bibliothèque idéale… une bibliothèque qui comprendrait 8 rayons : les fondateurs, les aiguilleurs, les forcenés, les pessimistes, les allumés, les étoiles filantes, les intellos, les à venir.. Et il nous présente chaque rayonnage avec fougue et passion. Certes, ses choix sont discutables et certains trouveront matière à les discuter, mais qu’importe le parti pris lorsque le plaisir est là ? D’évidence, il a eu plaisir à lire ces auteurs, à tel point qu’il transmet ce bonheur à chaque coin de phrase. Loin des études savantes sur un genre qui intrigue les agrégés de lettres modernes et encanaille ceux de lettres classiques, il se contente de crier ses joies de lectures avec gourmandise et espièglerie.
Mais laissons les derniers mots à l’auteur : « L’au-delà était là »… dans les romans noirs… |
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