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JEAN-CHRISTOPHE PORTES |
L’espion Des TuileriesAux éditions CITY EDITIONSVisitez leur site |
557Lectures depuisLe jeudi 13 Decembre 2018
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Une lecture de |
En 1792, la Révolution française vit de nombreuses turbulences. Les pays européens voisins ne sont pas mécontents de cet affaiblissement du royaume. L’année précédente, la fuite de Louis 16, rattrapé avec ses proches à Varennes, l’a fragilisé. S’il reste à la tête du pays, c’est maintenant aux Tuileries qu’il est contraint de résider. Dans ce contexte, le roi et la plupart des députés ont été favorable à une guerre contre l’Autriche. On compte sur des généraux émérites tels que La Fayette pour rapidement montrer la force de la France, dont l’armée dispose alors d'environ 120 000 soldats volontaires. Mais les dissensions entre élus et camps politiques compliquent rapidement la situation. Dans l’Est et dans les Ardennes, les troupes sont indisciplinées et les ordres contradictoires. Victor Dauterive est un jeune officier de Gendarmerie parrainé par La Fayette. Il a déjà effectué plusieurs missions pour son mentor, jalousé pour ses opinions modérées. À la Révolution pure et dure, La Fayette (créateur de la Garde Nationale) préfère un régime de monarchie constitutionnelle allant vers plus de démocratie sociale et politique. Cette fois, c’est à Victor Dauterive qu’il demande d’escorter et de protéger le convoi transportant la paye de l’Armée, une fortune de 500.000 Livres. Le secret de ce transfert semble éventé, car des escarmouches se produisent en chemin. Alors que Victor et ses hommes font halte dans une auberge de Mars-la-Tour, des émeutiers s’attaquent au convoi. Nul doute qu’ils soient bien renseignés. Non seulement, il existe des complicités – venant sûrement des sphères du pouvoir – mais la troupe des gueux ne s’était pas formée spontanément. Victor identifie bientôt le meneur de la bande, un nommé Jourdier – personnage frayant avec les adversaires de La Fayette, agissant également sur le terrain pour déstabiliser le pays. Si la bande qu’il a monté est vite arrêtée, Jourdier et ses deux complices sont en fuite avec le trésor. En chaise de poste, Victor et ses fidèles sont sur leurs traces, de Gravelotte jusqu’à Valenciennes et Lille – où règne alors une anarchie sanglante, le peuple s’estimant trahi par ses généraux. Gardant un tiers du butin, Jourdier lâche ses comparses avant de disparaître à Paris. Victor Dauterive a fait son rapport à La Fayette, alors basé dans les Ardennes, qui le charge de définir qui est au cœur du complot le visant. C’est à Paris, aux Tuileries autour du Roi, que Victor peut espérer trouver des réponses. Victor s’installe près de Paris, chez son amie Olympe de Gouges. S’ils ne peuvent nier une attirance mutuelle, les priorités révolutionnaires entravent leur relation. Pour la féministe Olympe, la cause des citoyennes est loin d’être gagnée. Les contradictions des combats politiques et les rivalités avec des responsables culturels, tel Collot d’Herbois, la placent en porte-à-faux en ces moments où la Révolution est viciée par les enjeux du pouvoir. Même s’il connaît une des proches de la famille royale, Victor aura beaucoup de mal à approcher Louis 16, voire l’un ou l’autre de ses conseillers. D’autant que la population parisienne assiège les Tuileries. C’est pourtant dans la sphère du roi que se trouve un manipulateur, un traître. Si Jourdier est un exécutant efficace toujours à l’œuvre, d’autres au-dessus de lui disposent d’un pouvoir de décision mettant en péril les socles de la Révolution… Tout en étant respectueux des faits historiques, Jean-Christophe Portes revisite la période si agitée de ce contexte révolutionnaire. Ayant rompu avec un père aristocrate intransigeant, artiste dans l’âme (il est très doué pour le dessin), Victor Dauterive est le témoin de son temps. Il ne peut être question de fonctions ordinaires pour ce jeune officier de Gendarmerie, mais – bien de disposant de la confiance du vaillant La Fayette – Victor subit davantage les événements qu’il n’en décide. Depuis près de trois ans, toute l’organisation du royaume est bousculée, y compris par des alliances improbables. Victor n’appartient pas aux cercles qui cherchent à imposer leur version actuelle. Loin des arcanes du pouvoir, il en suppose les rouages – sans peser sur le déroulement du processus, mais restant fidèle à La Fayette dont la popularité décline fortement. Victor protège autant qu’il le peut le petit Joseph, essayant de lui offrir des bases d’éducation, et de ne pas trop l’exposer aux aléas tourmentés de ses missions. Encore que, dans un tel chaos, l’enfant risque autant que Victor. À travers le portrait et les actions d’Olympe de Gouges, l’auteur dessine la complexité du combat – contre l’esclavagisme et en faveur des femmes – menée par celle-ci. Avec Jean-Christophe Portes, nous baignons dans cette France au présent aussi incertain que l’avenir. On suit les tribulations de son modeste héros, devenant avec lui témoins des troubles et des calculs d’alors. Une belle manière d’explorer une époque majeure de notre Histoire. |
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