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JEAN-BERNARD POUY |
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2758Lectures depuisLe mardi 25 Juin 2008
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Une lecture de |
1979. Natifs de Montluçon, Zak, Wingo et Klakos ont créé le groupe punk NFFF, No Future for Fuck. Ni meilleurs, ni pires que les autres, ils crachent un rock déchaîné : “Les éructations de Zak renvoyaient direct à Rimbaud, à Corso, à Ginsberg, tout en restant grosso modo anar poilu, crevons le capital, l’État c’est du caca, la dope ise goude for you. Et No Future. Of course.” Petit succès encourageant. C’est leur première tournée, produite par Caryl, dirigée par Hugo (dit Totor). La roadie qui veille sur eux, c’est Gisèle, régisseuse chevronnée conduisant le camion, installant le matos, assurant la sécurité, limitant les joints, écartant les jeunes admiratrices. Lesbienne assumée, elle est affectueusement surnommée Mamie par le groupe. Super concert à Saint-Nazaire, public nombreux. Il semble que leur premier disque se vende très bien aussi. D’ailleurs, il serait temps de parler fric. Gisèle est presque à sec. Mais cet enfoiré de Totor s’est barré avec la recette. Il a annulé la prochaine scène, à Besançon, ainsi que les suivantes. “C’est quand j’ai fait les comptes que je leur ai expliqué que, ce soir, on s’asseyait sur deux mille balle chacun, plus tout le pognon engrangé depuis un mois et demi, plus l’avance de Besançon (…) ça devait frôler les vingt briques” constate Gisèle. Drôle d’arnaque, qu’ils ne pigent pas vraiment. Stella, une jeune punkette qui a flashé sur Zak, a peut-être une réponse. Totor est le manager du groupe Morgan, plus connus que les NFFF. Il va produire leur disque. Le plan de Totor, c’est de la cavalerie. Misant sur les Morgan, il a un mois devant lui pour rentabiliser. Le producteur Caryl n’y perdra rien, même si Totor utilise l’avance prévue pour les NFFF. Mais Gisèle et ses petits punks ramasseront moins que des miettes. Entubés, ils se doivent de réagir. La jeune Stella pense savoir dans quel studio sera enregistré le disque des Morgan, près de Tours. Y a plus qu’à s’y pointer, tant qu’ils ont du carburant dans le Magirus Deuz. Au réveil, Totor sera sans doute plus facile à secouer... Les rockeurs rageurs, ça vocifère, faut s’y faire. Pour nos punks, c’est la galère à Saint-Nazaire. Show-biz, royaume des rapaces, pas des naïfs sans carapace. Comprendre le pourquoi de l’embrouille, qui s’en met plein les fouilles. Leur ange gardien Gisèle va faire des étincelles… Pas sûr qu’on puisse pogoter sur l’impro perso qui précède, mais on est dans l’esprit. Retour en arrière à l’époque éphémère des crêtes et des épingles à nourrice, vue par Jean-Bernard Pouy. Sur ce ton enjoué qu’on apprécie chez lui, il nous présente d’attachants personnages, dont les mésaventures riment avec no future. |
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