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LOUIS PIERRISNARD |
La Bastide Des OmbresAux éditions CITY EDITIONSVisitez leur site |
717Lectures depuisLe dimanche 17 Juin 2018
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Une lecture de |
Collection Terre d’Histoires. Parution le 29 novembre 2017. 224 pages. 17,50€. ISBN : 978-2824611105 Voici pour cent francs du thym de la garrigue Un peu de safran et un kilo de figues Voulez-vous, pas vrai, un beau plateau de pêches Ou bien d'abricots ? Dans ce coin du Var, le département précisé-je puisque le fleuve côtier homonyme ne le traverse pas, près de Belgentier sur les hauteurs de la vallée du Gapeau, s’érige une bastide dans laquelle arrive un beau jour le narrateur. Cela fait bien des années qu’il ne s’est pas rendu dans ce lieu qui transpire le calme, la sérénité. Il venait autrefois avec ses parents et ils étaient logés dans le bastidon, petite construction à l’écart de la bastide. La mère était apparentée aux actuels propriétaires, une famille composée d’Alrieu, le grand-père, d’Anaïs, une vieille femme, et de quatre autres personnes, Simon, Médard, Jeannette et Yvette. Il est accueilli comme un ami de la famille, mais vu son statut d’adulte et d’ouvrier de la ville, et en référence à son père défunt, le Papé le vouvoie. Et il aura le privilège de manger à la même grande table et dormir dans une chambre à l’étage. La cuisine est bonne, les effluves l’indiquent avant même de tremper sa cuiller dans la soupe. Mais au cours de la nuit des événements étranges se produisent. Les lumières s’allument toutes seules et une longue plainte, comme un cri prolongé, retentit en provenance de nulle part et de partout. Il a bien entendu une réflexion émanant de Jeannette, à moins que ce soit d’une autre habitante, qui parlait de la lumière, mais sans plus. Au petit matin lorsqu’il fait part de son étonnement, le Papé détourne la conversation en lui demandant s’il a entendu le vent souffler. Les yeux du Papé pétillent de malice. Foin de ces événements, la journée est belle, et notre narrateur vacancier se promène dans la campagne, admirant la flore, respirant ces senteurs inconnues de la ville, et regardant le Papé faucher à l’ancienne la luzerne. Un environnement bucolique qui incite à déguster la provende de la bastide. Deux ouvriers de l’EDF, oui, à cette époque on savait quelle était la signification des sigles attribués aux entreprises d’état, deux ouvriers donc viennent pour changer un poteau électrique. Ils doivent remplacer le vieux mât en bois accolé au mur par une érection métallique qui ôte tout charme à la façade de la bastide. Et justement le charme est rompu lorsque les deux électriciens d’état mettent au jour un squelette. Alors que les deux hommes préviennent la gendarmerie, le Papé et le narrateur font une autre découverte stupéfiante et pourtant ils n’ont pas fumé d’herbe. Une chevalière accrochée à un doigt et un oignon, enfin une montre pour ceux qui n’ont pas connu cet objet. Deux reliques qui sont aussitôt associées à un nom par le Papé. Pour un mystère, c’en est un, et un gros qui plus est. Notre vacancier va se trouver au cœur d’une enquête menée par le patriarche, et la vieille Anaïs voit se réveiller de vieux fantômes.
Naturellement, en cours de lecture, le liseur ne peut s’empêcher de penser à de grands noms de la littérature provençale. Jean Giono, Marcel Pagnol, Alphonse Daudet, et il souffle comme un air de Mistral, le poète pas le vent. Si, le vent aussi. Pour le décor, les senteurs, les bruissements, les personnages, le parler, tout un ensemble qui fait croire que… et pourtant Louis Pierrisnard possède son univers particuliers, sa façon de décrire, sa faconde même, son onirisme, sa poésie, son sens du détail et de la mise en scène, mais également celui du non-dit. Les mystères s’enchaînent, se suivent et ne se ressemblent pas, se laissent dévoiler comme des poupées russes qui s’emboîtent ou se déboîtent à volonté. Un roman fantasque limite fantastique qui est une ode à la nature, à la Provence et à ses habitants, humains, flore et faune.
Vous savez bien, ces étagères de la mémoire où chacun va chercher ce qu’il veut, pour en faire ce qu’il voudra, le gardant intact ou le déformant à loisir grâce à l’outil du temps qui, plus qu’un marteau, une lime ou une pince, peut détruire des merveilles et valoriser des vieilleries !
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