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JEAN-CHRISTOPHE PORTES |
La Disparue De Saint-maurAux éditions CITY EDITIONSVisitez leur site |
827Lectures depuisLe mardi 16 Janvier 2018
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Une lecture de |
Parution le 15 novembre 2017. 528 pages. 19,00€. Disparue, tu as disparue Au coin de ta rue. Je t´ai jamais revue Il ne faut pas être pessimiste, pour autant, une disparition, c’est toujours inquiétant, surtout si aucun événement prémonitoire ne pouvait laisser envisager ce départ, cette fuite ou cette disparition. Âgé bientôt de vingt ans, Victor Dauterive, lieutenant de gendarmerie à Paris, hérite enfin de sa première véritable mission. Son chef, le colonel Hay, lui demande d’enquêter sur la disparition mystérieuse d’Anne-Louise Ferrières, fille cadette d’Antoine Ferrières, baron de Méry-sur-Oise et autres titres, demeurant au Mesnil à La Varenne près de Saint-Maur. Ce sont des nobliaux désargentés, et Anne-Louise, à trente ans, n’est toujours pas mariée. Après avoir rencontré Hacar, serrurier et assesseur du juge paix du canton, qui lui fournit volontiers quelques renseignements sur cette famille, Dauterive se présente chez le baron. Seulement, malgré que ce soit celui-ci qui ait mandé par missive au colonel Hay d’effectuer des recherches, le voici réticent. De même que sa femme. Ils sont en colère et demandent à Dauterive de regagner la capitale et de les laisser tranquilles. Le juge Gruchet lui signifie qu’il n’a rien à faire dans sa juridiction. Seule une petite bonne, loin des oreilles de ses patrons, lui demande de continuer ses recherches. Seulement peu après Dauterive aperçoit la jeune fille dans la rivière et il ne peut rien faire pour la sauver. Toutefois, le jeune lieutenant continue son enquête et apprend qu’Anne-Louise a été fiancée, et que deux ou trois ans auparavant elle avait fait un séjour dans une abbaye près de Villiers-le-Bel. Mais cet édifice va être racheté par un nobliau qui a gagné son pécule, important, en étant le banquier de jeu de la Reine, et seules quelques sœurs y résident encore. Toutefois le lieutenant échappe à un tir d’arme à feu. La jeune fille est retrouvée morte. Pour la famille et le juge, il s’agit d’un accident, éventuellement d’un suicide. Mais pour Dauterive il s’agit d’un assassinat, car il remarque que des coups ont été portés à la tête. Dauterive se voit confier une autre mission par son mentor, le marquis de La Fayette. Ce héros des Deux-Monde a l’intention de se présenter à la mairie de Paris, mais un autre prétendant pourrait lui faire de l’ombre. Il s’agit de Pétion dit le Vertueux. Or celui-ci se rend en Angleterre et Dauterive, accompagné de Charpier, son meilleur ennemi, nouveau député et membre du Comité de Surveillance de l’Assemblée Nationale, doit essayer d’en connaître les raisons. Tandis que Charper est prié de regagner la France, Dauterive fait la connaissance de patriotes irlandais et se heurte à un agent du gouvernement anglais, qui pourrait être à la solde de William Pitt. Son séjour se marquera par des tentatives d’assassinat et d’exactions physiques. Il perdra même un ongle à un annulaire, ce qui l’handicape fortement. Pourtant il n’est pas une chochotte. Pendant ce temps, son amie Olympe de Gouges reprend l’enquête sur la disparition d’Anne-Louise Ferrières, malgré qu’elle ne soit pas investie de l’autorité de l’Etat, tout en pensant à la pièce de théâtre qu’elle est en train de rédiger : La nécessité du divorce. Après quelques tribulations mouvementées, Dauterive revient en France, mais c’est pour s’apercevoir que Joseph, le gamin boiteux qu’il a recueilli, n’est plus à son domicile. Pour autant, ses ennuis ne sont pas terminés et il va se retrouver mêlé à des manigances dont il se serait bien passé, son intégrité physique étant en jeu.
Si l’on ne peut nier une influence d’Alexandre Dumas chez Jean-Christophe Portes, d’ailleurs évolue dans La disparue de Saint-Maur un personnage féminin nommé Lady Arrabella Winter ce qui nous ramène immédiatement à Milady de Winter des Trois mousquetaires, on ne peut non plus disconvenir d’une parenté littéraire avec Jean d’Aillon ou Jean-François Parot, pour la rigueur et le respect historique de l’intrigue, et à Eugène Sue et Xavier de Montépin, pour les descriptions de la faune parisienne et banlieusarde et des déboires des gamins qui vivent seuls dans les rues, du misérabilisme de la population. Les chevauches épiques, les manigances, les trahisons, les double-jeux, les guets-apens, les combats, les séquestrations, la misère sociale, les déguisements, la Révolution en toile de fond, font de cet ouvrage historique et social un roman dans la veine du roman populaire dans le bon sens du terme. On suit les démêlés de Victor Dauterive avec intérêt, un intérêt accru lorsqu’il pense reconnaître parmi les agents britanniques qui le poursuivent son frère François avec lequel il a eu des démêlés dans sa jeunesse. Avec toujours le couperet près de sa tête car il n’a que vingt ans et s’il ne veut pas se conformer aux ordres de son mentor, celui-ci lui promet de le renvoyer dans sa famille, ce que Dauterive ne veut point. Quelques scènes charmantes égaient ce roman bruissant de fureur, notamment lorsque Dauterive, qui prend des cours de dessins à l’atelier de Jacques-Louis David, peintre alors en vogue, côtoie une jeune fille qui lui fait des yeux doux. Et le côté poignant réside en cette disparition de Joseph, ce gamin miséreux venu de sa Mayenne natale, qu’il a recueilli et dont il se rend compte qu’il le rabroue plus souvent qu’à son tour. Deux enquêtes, deux histoires qui s’entremêlent, qui se mélangent, fort bien construites et qui laissent à penser qu’une suite reprendra quelques-uns des personnages qui y évoluent mais n’ont été qu’esquissés. Et parmi les personnages qui figurent dans cette histoire, personnages réels ou fictifs, celui de La Fayette est particulièrement trouble, ces hauts faits en Amérique lui ayant apportés l’adhésion du peuple, mais certaines de ses prestations, notamment lors de la fusillade du Champs de mars le 17 juillet 1791, lui faisant perdre de son aura. Après deux très bons premiers romans mettant en scène Dauterive, de son vrai nom Victor Brunel de Saulon, chevalier d’Hauteville, voici un excellent troisième épisode qui débute le 29 novembre 1791 et se clôt le 28 décembre de la même année. Et, une fois n’est pas coutume, j’adhère totalement à la déclaration de Gérard Collard : Un nouveau grand du polar historique est né ! |
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