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THIERRY PONCET |
Zykë. L’aventureAux éditions TAURNADA EDITIONSVisitez leur site |
593Lectures depuisLe lundi 25 Decembre 2017
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Une lecture de |
D’après une folle histoire vraie. Roman. Parution le 12 octobre 2017. 362 pages. 14,99€. Existe en version numérique : 5,99€. L'aventure c'est l'aventure C'est mon soleil de minuit Et mon amie de la nuit… Un livre à placer sur les étagères consacrées aux œuvres des aventuriers romanciers célèbres, tels que Joseph Kessel, Henry de Monfreid, voire André Malraux. Tout autant roman, ce que revendique l’auteur, que docu-fiction ou autobiographie, cet ouvrage s’inspire de faits réels, que l’on ne saurait nier, mais qui pour des raisons légitimes de confidentialités et d’anonymat, sont parfois modifiés. Pour autant, il s’agit d’un témoignage vivant sur l’un des derniers grands aventuriers, à prendre dans l’acception du terme, celui de baroudeur, trafiquant, voyageur impénitent, affrontant le danger et l’inconnu, non pas la fleur au fusil, mais le pétard au bec et le litron dans la main.
Grâce à une copine, Thierry Poncet fait la connaissance de Cizia Zykë au fond d’un bar PMU de la rue Montmartre ou du Faubourg Saint-Martin, les versions divergent, alors que celui-ci recherche un secrétaire pour mettre au propre et rédiger un roman que doit lui prendre un important éditeur. La première impression est la bonne, Poncet, m’sieur Poncet comme dit Zykë, ayant amené avec lui le texte d’une nouvelle qu’il vient d’écrire. Plus besoin de chercher un autre candidat, C’est toi déclare l’aventurier. Zykë a terminé un ouvrage, Oro, un récit de cinq-cents pages sur sa découverte d’une mine d’or en Amérique centrale. Et la publication, par Hachette, est prévue dans quelques mois. Mais l’aventurier ne veut pas en rester là, et il projette l’écriture d’un autre récit, Sahara. Qu’il rédigera au Maroc. Alors c’est le grand départ pour l’Aventure, avec un transit temporaire en Espagne, en compagnie de Falco, le secrétaire homme à tout faire ; et le début d’un voyage mouvementé à bord d’une vieille Mercédès déglinguée mais qui accomplit ce qu’on lui demande. Rouler. Zykë est heureux au jeu, et dans un restaurant hors des routes, mais pas hors des tournées des hommes de la Guardia Civil, faisons comme si on ne les avait pas vus, il s’essaie au bandit manchot. Et comme il ne l’est pas, manchot, Jackpot à la première pièce, ce qui encourage à recommencer. A plusieurs reprises le jackpot ulule de plaisir en dégorgeant ses pièces. A un certain moment il faut bien s’arrêter, et repartir. Arrivée à Algésiras. Bon prince et grand seigneur, Zykë propose, comme la bourse est pleine, de se les vider. Seulement M’sieur Poncet n’écoute pas les conseils prodigués, et il se retrouve à l’hôpital avec un embarras pénien. Au Maroc, Ceuta, puis Tétouan et d’autres étapes. Mais ce ne sont pas des vacances, car M’sieur Poncet doit se mettre au travail. Il faut réorganiser la troisième partie d’Oro, tailler, supprimer, réduire, découper, remettre en forme. Ce n’est plus du travail d’écrivain, mais celui d’un tailleur haute couture. Cigarettes d’herbes non vendues par la Seita, whisky, copinage, et pour M’sieur Poncet la perte de son passeport. Retour au présent, et obligation de s’en faire refaire un autre. Et sans papiers d’identité, ce n’est pas évident. Mais, l’aventure c’est l’aventure. Et si on travaillait un peu M’sieur Poncet. Sahara nous réclame. Et enfin, c’est le trente et un décembre de 1984. M’sieur Poncet fête son anniversaire. Vingt-trois ans. Et retour à Paris. Mais M’sieur Poncet en veut plus. Il va partir seul, amasser de la documentation sur place. Direction le Sahara, s’en mettre plein les mirettes et des pages à noircir d’impressions et d’images. La volonté ne suffit pas. Grâce à un jeune couple italien, des touristes qui voyagent en voiture, il peut pénétrer du Maroc en Algérie, les piétons sont interdits de passage de frontière. Arrivée à Timimoun. Et là, il lie amitié avec trois personnages hauts en couleurs, des Isérois, qui vont transporter des véhicules et du matériel d’occasion, à bord d’un trente-cinq tonnes, flambant le vieux. Du moment qu’il passe les dunes de sables jusqu’au Mali, faut pas en demander de trop non plus. D’autant que parmi les trois copains, il ya Dédé, le plus vieux, c’est-à-dire la cinquantaine au compteur non trafiqué. Dédé doit ouvrir la route à bord d’une vieille 504, et pour cela il faut du carburant. Pour lui. Il consomme plus que son véhicule. Des 51, façon Dédé. Cinq volumes de pastis, bien tassés les volumes, pour un volume d’eau, faut pas dénaturer le goût. Et puis l’eau, dans le désert, c’est une denrée rare, faut l’économiser. Puis, c’est le retour à Paris où M’sieur Poncet apprend que Falco va le remplacer. Quelque mois plus tard, Zykë fait de nouveau appel à lui, sa prose étant nettement meilleure que celle du secrétaire. Entre temps il aura travaillé pour les Presses de la Cité, rédigeant des romans sous des pseudonymes-maison pour des séries à grands tirages. Lorsque Zykë le rappelle, l’aventurier s’est entiché de s’entraîner à la boxe thaï et de réaliser un film. On refait les bagages et départ pour la Thaïlande. Et d’autres aventures suivent, toujours aussi palpitantes, mais j’arrête là, je suis essoufflé à courir derrière eux.
Avec lyrisme, fougue, Thierry Poncet décrit ses aventures palpitantes, déployant un vocabulaire inépuisable, ou alors il taille dans le vif, écrivant des dialogues au couteau, ou plutôt à la machette. Et on sort de cet ouvrage mi-roman, mi-récit, épuisé mais heureux d’avoir vécu par procuration de si innombrables épisodes mouvementés. On fait la connaissance de personnages étonnants, étonnants voyageurs, mais surtout, planant sur cet ensemble, l’âme littéraire et aventureuse de Zykë. Thierry Poncet est plus qu’un nègre littéraire, pardon un prête-plume, c’est un auteur tout simplement. Qu’on aimerait retrouver plus souvent. |
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