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MICHELE PONS |
Les Moiteurs Du BitumeAux éditions FLEUVE NOIRVisitez leur site |
272Lectures depuisLe jeudi 16 Juillet 2015
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Une lecture de |
Le roman policier devient de plus en plus le lieu privilégié de ceux qui ont envie d'écrire. Et c'est ainsi qu'on y rencontre de plus en plus des romans totalement inclassables. « Les Moiteurs du Bitume » font partie de ces livres curieux ou l'auteur se fiche éperdument des genres, des thèmes et des thèses. Il est d'ailleurs particulièrement ardu de donner une idée très précise de l'intrigue. Et pourtant, ce n'est pas du néo-polar, même si les personnages sont on ne peut plus tordus. Tout commence parce que Gabriel, un inventeur très humain et très fatigué, teste chaque nuit avec une nouvelle demoiselle un appareil très particulier, le vénusomètre. Les yeux rivés sur son invention au moment crucial, il désespère de voir l'aiguille dépasser la première graduation, et son obsession l'empêche de remarquer l'amour éperdu que lui porte sa collaboratrice, une mécanicienne. Vous avez compris, l'auteur ne renie pas le temps des belles secrétaires prêtes à tout pour les beaux yeux de leur patron. Celle-ci détraque l'appareil qui se bloque au maximum de la jouissance. Manque de pot, ce jour-là, Gabriel, ignorant tout du forfait, teste Vertige, une dangereuse créature. Pensant avoir découvert le grand amour, le voilà complice des meurtres les plus abjects. Car on tue beaucoup dans ce roman, mais avec des moyens tellement incongrus que le livre prend des aspects nettement parodiques Le livre foisonne de gags d’une poésie qui ne sont pas sans rappeler l'univers de certains romans de Boris Vian. Ainsi, une bande de salauds s'introduit de nuit chez une belle chanteuse et lui casse la voix. Où va-t-elle trouver les fonds nécessaires pour se payer un nouvel organe ? Dans ce monde où les chiens mécaniques meurent au moment du décès de leur maitre, l'adoption des rats naturels donne droit à des allocations, il y a toujours les bons et les méchants, les assassins et les victimes. Insolite et bonne humeur garantis. Sérieux s'abstenir.
février 1985 |