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FRANCIS PORNON |
Toulouse BarbareAux éditions PRIVATVisitez leur site |
2988Lectures depuisLe samedi 24 Mars 2007
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Une lecture de |
Que c’est beau une ville lorsque « Au bout du pont Saint-Pierre se dresse le joli carrefour aux façades de brique ouvrant sur rues terre de Sienne. C'est Toulouse la belle qui se montre, Toulouse des quais ambre et des rues fauves, Toulouse la croyante aux clochers sarrasins, Toulouse la cathare, hérétique en son sang, Toulouse la révolutionnaire laïcisant Saint-Pierre-des-Cuisines et consacrant la splendide nef des jacobins à la gloire des chevaux de l'Empereur, Toulouse la magnifique, avec sa cour comtale, une des plus puissantes et des plus cultivées d'Europe, Toulouse la féminine, avec sa pénombre humide et tiède où l'on pénètre ému comme dans un vagin, avec son fleuve femme, terrible et désirable, à qui l'on donne son petit nom comme une amante à tous: Garonne. et aussi, et surtout, lorsque « La place grouillait d'une foule dense jusque sous les arcades. Les colonnes de façade semblaient trembler de l'arrivée en masse des ouvriers de l'ONIA, Sud-Aviation, job et compagnie, qui venaient se joindre aux étudiants. Au balcon de l'hôtel de ville on avait fiché les drapeaux rouge et noir. Soixante-huit! Les jeunes paraissaient excités, apeurés parfois. Et de vieux ouvriers cachaient mal une larme à l’œil. Devant la place tout aussi fourmillante et noire de monde, quelque vingt ans auparavant, claquaient les deux bannières de la Libération, la rouge et la tricolore, sur le balcon de la mairie conquise le fusil en main. » Car avant d’être un polar « Toulouse Barbare » est une invitation à une balade, en compagnie d’un amoureux de la Ville, une balade qui nous mène, tour à tour, Quai de la daurade pour admirer quatre femmes nues, à l’université du Mirail ce bazar à coursives et patios, Rue des Filatierspour se souvenir du meurtre du fils, Place Belfort dans bar à hôtesses, Rue du Taur, place Saint-Sernin, devant les lourdes portes métalliques de la bourse du travail, Place Saint-Cyprien pour longer les façades de briques colorées comme passée à l’aquarelle, Place Saint-Georges pour se remémorer la mise à mort de Calas, Canal de Brienne sous le dais que forment les platanes, dans une des gargotes du Marché Victor Hugo… Mais que l’amateur de polar se rassure « Toulouse Barbare » n’est pas qu’une ode à la ville rose. Car derrière ce décor splendide se cache la barbarie de l’industrie du sexe : prostitution, téléphones roses, sites Internet, soirées spéciales… Mercader, dit le Cathare, revenu à Toulouse pour enterrer sa mère, va l’apprendre à ses dépens. Et la recherche des jeunes filles disparues va le conduire au fond de la chambre des horreurs… Avec « Toulouse Barbare » Francis Pornon signe son second polar (« Saône Interdite » le Poulpe était son premier) et force est de constater que la réussite est au rendez-vous, tant il nous tient en haleine jusqu’au dénouement, barbare comme il se doit. |
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