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JEAN-BERNARD POUY |
Cinq NazesAux éditions ATALANTEVisitez leur site |
1610Lectures depuisLe samedi 18 Janvier 2014
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Une lecture de |
Il y a ceux qui se sentent mal dans leur peau et qui par timidité, par refus, par manque de courage, par masochisme presque, se complaisent dans leur état de délabrement mental. Et puis il y a les autres. Ceux qui osent. Ceux qui un beau jour balancent une torgnole à leur destin, se rebiffent, claquent la porte et se mettent à arpenter le bitume pour une destination inconnue ou un avenir prometteur qu'ils supposent meilleur que ce qu'ils côtoient quotidiennement. C'est ainsi que cinq individus vont faire un pied de nez à leur routine devenue insupportable : une rock'n'rolleuse poétique, émule de Patty Smith ; un recteur breton en mal d'amour ; deux préadolescents qui terminent ce que leurs parents solitaires ont essayé de construire ; un cycliste pour qui la tête ne remplacera jamais les jambes. Jeanne, la rockeuse s'identifiant à Kerouac et Cendrars a suivi deux spaghettis métalliques parallèles un jour de déprime et s'est réveillée face à l'océan. Edmond préférant l'amour charnel, plus exaltant que la dévotion spirituelle, jetant sa soutane aux orties enfile un pantalon pour rejoindre une hypothétique et piquante Dulcinée. L'amour aussi titille Clément et Anne-Marie, ces deux préadolescents qui se regardent en chiens de faïence pendant que leurs parents tentent d'unir une destinée boiteuse. Leurs cœurs s'embrasent en même temps que leur villégiature estivale et c'est la débandade. Loïc, comptant plus sur ses jambes que sur les calculs de son directeur sportif jette sa gourme, se révolte dans un critérium et prend le chemin des écoliers. Quatre chemins qui conduisent là où Cinq nazes errent en quête d'étoile. En filigrane de ce récit, en fil rouge conducteur, le journal intime d'Arthur Kelt, un auteur culte pour Jean-Bernard Pouy qui a construit son roman d'après un extrait de la seule œuvre, Die Amsel, de cet écrivain autrichien. Au contraire de nombreux romans ce n'est pas tout à fait à une errance que le livrent les personnages mais à une convergence de destins. le ton diffère de ses précédentes œuvres et Jean-Bernard Pouy s'y montre plus sensible, moins agressif, moins sarcastique, jonglant quelque peu avec les mots. Mais le héros de cette histoire, ou plutôt l'héroïne, c'est Saint-Nazaire, qui par son statut de port est une ouverture vers l'évasion, se montre en même temps le rassembleur, le catalyseur, un peu comme une mère poule qui étend ses ailes afin de protéger ses poussins perdus dans un monde qu'ils découvrent avec plus d'appréhension que d'émerveillement. |
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