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JOHN C. PATRICK |
Dies IraeAux éditions LOKOMODO |
612Lectures depuisLe vendredi 17 Janvier 2014
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Une lecture de |
En décembre 1996, dans la région d'Angers, trois policiers sont exécutés successivement par un tueur qui apparaît chevronné. Jousse est abattu dans un stand de tir, puis c'est Aumard qui est supprimé alors qu'il fait son jogging. Le tueur prend par surprise Ledoux, leur collègue, dans sa propre voiture. Sans doute l'assassin vise-t-il un quatrième homme. Bien que ce dernier ne soit pas le moins important, il devra patienter. D'autres personnes sont au même moment dans les parages, ne devant pas entraver la meurtrière mission qu'il s'est fixée. D'un côté, il y a le jeune informaticien Kamel Ouslemane et son amie Malika Addi, attachée à l'Unesco. Kamel est le fils d'un défunt notable du régime algérien, Rachid Ouslemane, lequel fut toute sa vie marquée par un épisode sanglant de la guerre d'Algérie. Le tueur éprouve une certaine affection pour Kamel et Malika, beaucoup moins expérimentés que lui pour combattre dans l'ombre. De l'autre côté, se trouve Lyes Si Arkoun. Sous son allure de cheikh du désert, c'est un haut responsable islamiste en poste en France. Au nom d'Allah, c'est un grand manipulateur visant le triomphe du GIA et du FIS, dont la puissance progresse alors dans le monde arabe. Bien informé, il a repéré le cas de Kamel qui, avec Malika, pourraient nuire à ses projets. Accompagné de Saïd, son homme de main, Lyes Si Arkoun a pris en filature le jeune couple jusqu'à Angers. La police a délégué le commissaire Costa Pedretis, et son adjoint Lumet, afin de faire toute la lumière sur le triple meurtre angevin. Énergique par nature, il a bien l'intention d'avancer vite. En consultant des vidéos ayant trait aux trois meurtres, Costa Pedretis remarque une moto suspecte. Renseignements pris, elle appartient à un tranquille prof de philosophie et animateur de théâtre, Michel Gerber, âgé de quarante ans. Rien ne semble le relier avec les victimes. Le commissaire n'ignore pas que Jousse, Aumard et Ledoux furent auteurs d'une lourde bavure qui causa deux morts, en octobre 1979. La mise en scène de leur légitime défense restait douteuse. Si le tribunal correctionnel de Marseille relaxa en 1982 les trois policiers, ça ne les disculpait pas forcément. Pour le tueur, la meilleure façon de protéger Kamel et Malika, c'est de s'attaquer à Lyes Si Arkoun, avant d'affronter son ultime cible... Il s'agit d'une intrigue comportant plusieurs “approches”. On retient d'abord le roman d'aventure, riche en péripéties et en suspense. Aucun temps mort, l'action étant menée tambour battant. Avec ses contradictions, inhérentes à ceux se trouvant dans sa position, le tueur n'a pas à faire preuve de pitié envers les “victimes” de sa vengeance. Ce n'est ni un redresseur de torts, ni un cinglé, pas même un militant. Juste quelqu'un de déterminé qui pratique “sa” justice, face à des personnes qui se sont commodément abrités derrière un paravent de légalité. L'autre aspect de cette histoire s'avère plus politique. Entre guerre colonialiste, islamistes de la décennie 1990, et réseau d'activistes extrêmes, comment en serait-il autrement ? On impose à l'opinion publique une version manichéenne de certains faits de société, d'un monde où bons et méchants sont identifiés. Le propos de l'auteur vise aussi à rappeler les méandres des ententes opaques, façon poupées gigognes. Certains veillent à ce que ces faits ne soient surtout pas médiatisés. Une réédition poche bienvenue, pour un livre datant de 1999. Un roman rythmé franchement palpitant, au noir contexte, voilà qui séduira les lecteurs de très bons polars. |