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JEAN-BERNARD POUY |
Calibre 16 MmAux éditions IN8Visitez leur site |
1578Lectures depuisLe vendredi 27 Decembre 2013
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Une lecture de |
Faut pas en faire tout un cinéma ! Avez-vous déjà été convoqué chez un notaire vous annonçant d'une voix onctueuse que vous venez d'hériter d'une personne dont vous ne connaissez pas le nom ? Non ? Tant mieux pour vous ! Vous avez sûrement échappé à de grandes désillusions et à des mésaventures en cascade. Vincent, professeur de dessin (certains préfèrent l'appellation arts plastiques mais moi, à chaque fois, cela me fait penser à ces bols et boites alimentaires fabriqués à base de résidus de pétrole et distribués par une marque américaine par des vendeuses qui reçoivent chez elles), Vincent donc, prof de dessin à la retraite est invité à se rendre à l'étude notariale de maître Lenoeuf. Le tabellion est assisté d'un homme que Vincent pense être le clerc, mais il s'avère rapidement qu'il n'en est rien, il s'agit d'un policier, le lieutenant Marc Carquigand. Vincent devient le légataire d'une Franco-américaine Matilda Rosken, vivant en France depuis les années soixante. Elle habitait un petit appartement, un vrai cloaque, et ressemblait à une clocharde. Pourtant mis en présence de quelques photos d'elle, Vincent reconnait qu'il la connait, ou plutôt l'a connue au moins trente ans auparavant. Elle a été assassinée, son appartement mis à sac, une centaine de boites de films 16 mm éparpillés un peu partout. Et ce sont ces films dont Vincent hérite. Un cadeau original, que le policier, qui en a visionné quelques-uns, considère comme des chiures de mouche. Les souvenirs affluent à l'esprit de Vincent, lui revenant en pleine figure comme un boomerang lancé trop puissamment. lorsqu'il fréquentait le Centre Américain dans les années soixante-dix. Des projections de petits films d'amateur alimentaient ces soirées. Des films dits d'avant-garde, underground, réalisés par des quasi inconnus qui s'amusaient avec tout et n'importe quoi, surtout n'importe quoi. Du cinéma expérimental avec aux commandes des caméras des émules et des proches d'Andy Warhol. Rentré chez lui Vincent commence à retrouver les saveurs de sa jeunesse, en visionnant ces courts métrages d'un autre âge, et il doit s'avouer qu'il y avait beaucoup de déchets. D'ailleurs il faut les manier avec précaution ces pellicules. Pourtant il semble qu'elles renferment sinon un trésor, au moins quelque chose de précieux car des individus louches le suivent, l'agressent. Heureusement l'inspecteur est là, mais difficile de savoir dans quel clan le ranger.
Peut-être n'avez-vous jamais entendu les noms de Gérard Malanga, Paul Sharits, Tony Conrad, Bruce Conner, et quelques autres qui faisaient partie de cette mouvance. Moi non plus d'ailleurs, je l'avoue, mais un petit tour sur le Net m'a permis d'en apprendre un peu plus sur ces personnages qui ne se sont pas contentés de gâcher de la pellicule, mais sont devenus photographes, poètes, compositeurs ou écrivains, parfois un peu tout ça à la fois. Jean-Bernard Pouy, titulaire d'un DEA en histoire de l'art en cinéma, et lui-même réalisateur de films dits conceptuels, dont certains avaient été présentés dans le cadre du festival Délits d'encre de Saint-Nazaire, lors d'une nuit du court, s'amuse à revenir sur cette époque des années soixante-dix, ou l'art en général voulait se démarquer des périodes précédentes par projections décalées, déjantées, abstraites, provocatrices. Mais ce court roman m'a fait insidieusement penser à un autre roman de Jean-Bernard Pouy, paru à la série Noire : Le cinéma de papa, lequel prend pour thème un vieux film négatif nitrate de 1934. Mais ceci est une autre histoire. |
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