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NIC PIZZOLATTO |
GalvestonAux éditions 10/18Visitez leur site |
1298Lectures depuisLe vendredi 23 Aout 2013
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Une lecture de |
La Nouvelle-Orléans, en mai 1987. Âgé de quarante ans, Roy Cady est originaire du Texas. Dès ses dix-sept ans, ayant renoncé à s'engager dans l'armée, il s'est installé en Lousiane. Il fut employé dans le bistrot d'Harper Robicheaux, qu'il considéra un père, davantage que son supposé paternel. Le bar appartient désormais au froid Stan Ptiko, qui gère aussi des affaires mafieuses. Roy Cady est toujours là, parmi les sbires du patron, exécutant les ordres sans fraterniser avec ses collègues. Cette nuit-là, Angelo et Roy doivent secouer un syndicaliste du port, qui magouille avec Stan sans suivre les règles. C'est un piège, car un trio armé bute Angelo avant que Roy ne réplique en les supprimant tous les trois. Il fuit avec une prostituée de dix-huit ans, Raquel Benoit (dite “Rocky”), qui se trouvait sur les lieux. Roy n'a aucun doute, c'est le jaloux Stan Ptiko qui a voulu l'éliminer. Ayant anticipé ce genre de situation, Roy récupère les quelques armes et le petit paquet de fric qu'il avait préparés en cas de fuite. Direction le Texas, en compagnie de Rocky, qui est également native de cet État. Le duo établit une relation réglo, même si le petit cul de Rocky est bien tentant pour Roy. Celui-ci pense bientôt continuer seul sa route. Comme un médecin vient de lui diagnostiquer un cancer, il ne représentera pas l'avenir pour la jeune prostituée. Ils font un détour par Orange, dans le Texas, où Rocky a des choses à prendre au passage. En réalité, c'est sa petite sœur Tiffany, une gamine blonde d'à peine quatre ans, qu'elle vient prendre en charge. À contrecœur, Roy les conduit jusqu'aux rives du Golfe du Mexique. Le trio s'installe comme vacanciers dans le motel de la suspicieuse Nancy. Rapidement, Roy change de nom et de tête afin d'éviter qu'on le reconnaisse trop vite. C'est surtout grâce à la petite Tiffany, que Roy et Rocky sont adoptés par le voisinage du motel. Néanmoins, le nommé Killer Tray pourrait être source d'ennuis pour eux, car il a un projet crapuleux auquel Roy refuse de s'associer. Roy quitte le motel, espérant vainement renouer avec son ex-compagne Loraine, mais il finit par comprendre que “le passé n'est pas réel”. De retour auprès de Rocky, il est temps de jouer franc-jeu avec la patronne du motel. Même si la suite s'annonce hasardeuse, et que son bilan personnel de quadra est déprimant pour le cancéreux Roy : “Tu roules sur des routes sans lumière et tu t'inventes une destination parce que ce qui compte, c'est le mouvement. Et tu te diriges ainsi vers la dernière chose qu'il te reste à perdre, sans aucune idée de ce que tu vas en faire.” Court ou sombre, un futur chaotique reste à assumer pour Roy Cady... Peut-être faut-il rectifier une fausse impression : ce polar n'est pas l'histoire d'une fuite, d'une cavale où le héros doit se dépêtrer de mille dangers. Pas de policiers aux trousses, ni aucune menace directe. Certes, il vaudrait mieux se faire oublier du caïd Stan Ptiko, et se fondre dans une population sans problème. Ce qui n'est pas évident quand des “nièces” risquent de s'avérer encombrantes. Non, ce suspense trouve réellement son intensité dans l'utilisation des décors et la profondeur des personnages. Contexte magistralement décrit par Nic Pizzolatto, dont c'était le premier roman. De La Nouvelle-Orléans jusqu'à Galveston, l'auteur nous fait partager les ambiances du Sud des États-Unis. Y compris à travers les raisonnements simplistes d'Américains de base : “Puisqu'on est l'état souverain du Texas, si les Nations-Unies nous envahissent, c'est à nous de leur tirer dessus.” Il est vrai que l'île de Galveston, très abîmée par l'ouragan Ike de 2008, est un site fort agréable. Quant aux principaux protagonistes, leur parcours passé n'est évidemment pas rectiligne. Plutôt que des secrets, c'est ce qui reste enfoui en eux qui importe. La petite Tiffany incarne la lueur d'espoir, alors que Rocky ou Roy ne peuvent que s'enliser jusqu'à une fin plus ou moins rapide. Grâce à une narration fluide et stylée, on suit avec passion leurs fiévreuses mésaventures. Excellent roman noir. |