le maître d’escrime de Arturo PEREZ-REVERTE


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ARTURO PEREZ-REVERTE

Le Maître D’escrime


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Le lundi 29 Juillet 2013

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Arturo PEREZ-REVERTE




Une lecture de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE  

En ce début d’été de 1868, l’Espagne monarchiste traverse une grave crise politique et des troubles nombreux secouent Madrid et la campagne. La reine Isabelle II tremble sur son trône. La rue commence à manifester mais le maître d’armes Don Jaime Astarloa vit dans son monde feutré, résolument tourné vers sa jeunesse. Il enseigne l’art du fleuret à Luis de Ayala, marquis des Alumbres, et à quelques fils de nobles afin d’assurer sa subsistance. Depuis des années il travaille à écrire un Traité sur l’art de l’escrime, car ce noble art est toute sa vie.

Il se remémore les années passées à Paris, élève de Lucien de Montespan, puis ses recherches afin d’affiner sa technique et trouver une botte imparable qui le propulserait vers la gloire. Au bout de quelques années il est revenu à Madrid et depuis végète, portant toujours de vieux habits, propres mais un peu élimés, à l’ancienne mode. Il se rend souvent au café Progeso, retrouvant ses amis, discutant et s’enflammant parfois, mais malgré les anicroches, le modeste cercle reste réuni.

Autour de la table sont assis Agapito Cárceles, journaliste et prêtre séculier, prônant avec force la révolution et auteur de pamphlets radicaux. Don Lucas Rosieco est un gentilhomme de bonne famille mais désargenté. Marcelino Romero est professeur de piano dans un collège de jeunes filles et Antonio Carreño fonctionnaire du ministère du Ravitaillement. Tout ce petit monde n’est pas d’accord, surtout Cárceles qui vitupère mais si ces cinq amis partent fâchés, ils se retrouvent néanmoins le lendemain.

La vie de Don Jaime Astarloa bascule le jour où, entendant frapper à sa porte, il ouvre et découvre une jeune femme qui lui demande ingénument de lui donner des cours d’escrime et lui enseigner plus particulièrement la botte à deux cents écus. Don Jaime Astarloa est un homme pétri de préjugés. Par exemple il n’accepte pas qu’un duel puisse être réglé avec une arme à feu. Alors enseigner le noble art de l’escrime à une femme, il n’en est pas question. Toutefois Adela de Otero est une jeune femme qui sait ce qu’elle veut et elle propose de double de la somme qu’en général le maître d’escrime demande pour enseigner cette botte qu’il ne professe pas à n’importe qui.

Au bout d’un certain il se laisse fléchir demandant à mesurer les capacités de fleurettiste d’Adela et il est surpris par la maîtrise de la jeune femme. Alors il met ses préjugés dans sa poche comme on met une mouche à un fleuret, et entreprend de lui enseigner la fameuse botte. Adela de Otero ne se dévoile pas beaucoup, ne livrant que quelques indications sur son passé. Et c’est peut-être à cause de cette réserve qu’il sent poindre une attirance envers cette jeune combattante. Il est attiré par une petite cicatrice placée au bord des lèvres d’Adela, cicatrice qui lui donne l’air de sourire même lorsqu’elle se met en colère. Car c’est une femme entière de trente ans sa cadette et la différence d’âge ni fait rien. Elle sait se montrer aguichante et irritable tout à la fois.

L’amour n’est pas loin de s’installer dans le cœur de Don Jaime qui se montre jaloux lorsqu’il l’aperçoit dans la rue en train de discuter avec un inconnu. Et lorsqu’elle se rend compte qu’il l’observe, elle se défile immédiatement. Le nombre de leçons ayant été atteint, et la botte des deux cents écus ayant été parfaitement assimilée, Adela de Otero déserte la salle d’escrime. Un soir Don Luis de Ayala arrive précipitamment chez Jaime Astarloa et lui remet des documents confidentiels. Quelques temps plus tard le marquis est retrouvé mort, tué en duel par la fameuse botte secrète. Le meurtrier ne peut être qu’Adela mais elle a disparu.

Ce roman est tout à la fois un conte philosophique et psychologique, tout en empruntant la verve et la fougue d’un Alexandre Dumas. Les événements historiques décrits se sont réellement déroulés, les personnages secondaires qui figurent comme des fantômes dans l’intrigue ont réellement existés, seule la trame et les personnages principaux sont une invention d’Arturo Perez-Reverte.

Une intrigue basée sur la vengeance sur fond de conspiration et de conjuration, de soulèvement, et le portrait d’un homme qui vit en dehors de son temps, nostalgique d’une époque révolue. Les mœurs ont changé mais Don Jaime de Astarloa garde les principes qui lui ont été inculqués. Il professe l’amour du beau duel, il porte des habits démodés depuis longtemps, et voue à l’encontre de monarchie un respect désuet. Un mode de vie et des opinions qui sont le contraire de certains de ses compagnons, ce qui les amène à échanger de vifs propos tout en gardant l’estime de leurs contradicteurs.

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