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JEAN-BERNARD POUY |
Blonde(s)Aux éditions TERRE DE BRUMEVisitez leur site |
2788Lectures depuisLe jeudi 7 Decembre 2012
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Une lecture de |
Cette fois, la France est plongée dans le chaos, définitivement contaminée.“Divers virus foudroyants et épidémies larvées avaient fait place nette, semant panique et désolation, exode et repli.” À force de prendre la population pour des cobayes de l’industrie agroalimentaire, il fallait s’y attendre. À cause des nourritures viciées engraissant les animaux et autres engrais, l’Humain est touché. On assiste même à la métamorphose des gros porcs. À l’état sauvage, juste revanche peut-être, ce sont maintenant des prédateurs pour l’homme. Au début, cette désorganisation générale a profité aux partisans de la décroissance. Des groupes de résistants se voyaient déjà autonomes. Surtout dans certaines contrées du Centre-Ouest de la Bretagne, le Kreiz Breizh. Dans ces territoires desservis par l’isolement, beaucoup ont la révolte prompte, la rébellion n’ayant guère besoin de prétexte. Alors là, vu le bordel ambiant, ils se sont lancés. Non sans subir des représailles, il est vrai. Suivant son frère Daniel et quelques amis, dont la belle Bérénice, Ariel fit partie de ces activistes. La fin d’un monde, c’est de début d’autre chose. Y compris pour les partisans de l’ordre, de l’agriculture intensive, du fric à protéger. L’Agrocorp, tel est le nom de la milice qui traque depuis des mois les combattants de l’utopie. Éviter leurs convois armés, c’est facile. Affronter les opérations de contrôle dans les campagnes, il faut alors ruser. Sachant que, progressivement, les résistants ont été trahis par leurs amis. “Depuis, l’épuration était en marche. Comme au bon vieux temps.” Marcher, de Guingamp à Douarnenez, c’est ce que fait Ariel. Il n’est pas seul pour ce parcours pédestre. S’inspirant de “La vache et le prisonnier”, au risque d’être surnommé Fernandel, Ariel est accompagné d’une blonde d’Aquitaine nommée Louise. S’il joue au brave benêt quand il croise des miliciens, il a des chances de rejoindre son frère entre Locronan et Douarnenez. En chemin, Ariel a quelques comptes à régler, quelques soupçons à vérifier. Le cas de Gwen a été vite résolu, dans une gare désaffectée où il zonait. Celui d’Yves est plus complexe, car il ne sert plus à rien d’épargner désormais certains de leurs amis traîtres. Maintenant, alors qu’une normalité relative risque de revenir, il lui faut absolument retrouver Daniel, qui saura comment rebondir… Il est inutile de vanter l’inspiration débridée de Jean-Bernard Pouy. “Profonde”, chacun peut interpréter le titre de cette longue nouvelle, s’appliquant à une vache comme à ce coin de la Bretagne profonde. Quant à ce futur presque apocalyptique, né de nos résignations, l’anarchie n’y a duré qu’un temps. Rien n’est encore remis en place, mais le retour à la normalité s’amorce. On navigue ici entre humour et amertume, espoirs déçus et fatales lâchetés. Une nouvelle n’est jamais anodine ou banale, quand elle est l’œuvre de J.B.Pouy. Publié dans le cadre du Festival polar de Lamballe “La fureur du Noir”, ce recueil coordonné par F.Prilleux et D.Flageul est publié aux éditions Terre de Brume, donc aisément disponible partout. On y présente trois autres nouvelles. “Terminus Atlantique” de Dominique Chappey a pour décor un port industriel, ses docks et ses conteneurs. On suit un trio de guignols chapardeurs, de bras cassés qui se croient assez malins pour dévaliser les conteneurs. Attention, Blonde n’est pourtant pas n’importe qui. Dans “Suicide blonde” d’Anne-Céline Dartevel, c’est de Californie jusqu’à Tijuana que nous participons à la fuite effrénée, désespérée, du personnage central. Dans la région marseillaise, “Banco !” d’Olivier Roux nous invite à approcher une très dangereuse blonde, impitoyable quand il s’agit de jeux, de joueurs. |
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