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PIERRE PELOT |
Roman De GareAux éditions LE_MONDEVisitez leur site |
2320Lectures depuisLe jeudi 12 Octobre 2012
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Une lecture de |
Voilà trois jours qu’il est là, attablé à la terrasse du buffet de la gare, observant les voyageurs, tous ces gens qui arrivent et disparaissent. Ils passent, enfermés dans leur bulle invisible, la normalité de leur vie et du quotidien. Peut-être qu’ils ne sont réels que parce qu’il regarde ces inconnus. Qu’ils existent “partiellement, furtivement, sur le bord d’un coup d’œil qui les frôle. Ils sont des laps d’existence.” Tant de gens qui coulent à flot continu, dans cette gare comme dans notre monde surpeuplé. Spectacle incessant, qui lui permet de s’imaginer autre chose qu’eux. De penser qu’il est capable de faire disparaître n’importe qui grâce à l’intensité de son regard. Tel ce gros homme déplaisant, dont il ne voyait pas les yeux derrière des lunettes opaques. Élégant, mais sûrement un salaud, qu’il aurait été capable de supprimer s’il n’avait pas quitté les lieux. Tiens, il remarque ce type au profil grec, mais c’est un homme trop tranquille pour lui vouloir du mal. Voilà le quatrième jour qu’il est là. Le dernier jour, car malgré son anonymat, il y aurait probablement danger à continuer. C’est pourtant si bon de fantasmer sur les voyageuses, en particulier. Telle cette jeune femme, une “longue rousse, la peau laiteuse de son visage et de ses jambes, dans ce tailleur vert, jupe étroite et courte, talons hauts qui élançaient encore sa silhouette.” En tomber amoureux, la suivre dans un train, l’approcher au wagon-restaurant, être déçu sans doute. Dans la gare, enfin de l’inattendu, de la vraie surprise : une femme connue, accompagnée d’une paire de grizzlys en guise de gardes du corps. Il y en aurait des scénarios à imaginer autour d’elle et de son comportement outrancier, des histoires et des ragots à inventer… Le plus merveilleux des postes d’observation, l’endroit où poser un regard sur nos contemporains, c’est effectivement une gare. Toutefois, si l’on s’amuse à ce jeu, restons plus lucides que le personnage chtarbé que nous présente Pierre Pelot. Un solitaire, dont l’équilibre mental s’avère plutôt bancal. Plus drôle encore, l’auteur dresse un portrait ironique de la célèbre Paulette Galichtré. Elle est très connue, la capricieuse et vindicative ex-députée de Vézelise (Lorraine). Bien que gaffeuse, ce n’est pas une pucelle dans sa catégorie. On n’aura aucun mal à situer cette habituée des émissions politiques à la télévision ou à la radio. Pelot lui offre une autre identité, n’ignorant pas qu’elle est prompte à traîner en justice quiconque la contrarie. Une histoire courte et enjouée, vraiment “écrite”, par un de nos grands romanciers populaires. Un clin d’œil : Pierre Pelot apparaît dans l’illustration de couverture, dessinée par Chauzy. |
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