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ROBERT POBI

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Le samedi 17 Juin 2012

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Robert POBI




Une lecture de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE  
Traduction de l’anglais/Canada par Fabrice Pointeau.

Près de trente ans que Jake Cole n’était pas revenu sur les lieux de son enfance. Il était parti à dix-sept ans du domicile familial, devenant alcoolique, drogué, un petit voyou, se retrouvant à purger des peines de prison. Puis s’amendant, il est devenu enquêteur indépendant, travaillant pour le FBI. Il possède une particularité : il revoit, il reconstitue en pensée des scènes de crimes et peut s’immiscer dans l’esprit de psychopathes.

S’il revient chez son père, c’est parce que celui-ci est atteint d’Alzheimer. Dans un subit accès de démence, il s’est gravement brûlé et a passé par une fenêtre. Depuis il est soigné dans un hôpital. Jacob Coleridge est un peintre reconnu qui a fréquenté Andy Warhol et Picasso, mais son style est assez particulier comme le démontrent les fresques répétitives sur les murs et les plafonds. Des représentations noires, sanguinolentes, de silhouettes sans visage. En visitant la maison Jake Cole découvre déposés un peu partout des centaines de cutters, disposés comme prêts à être saisis quelque soit l’endroit où il se trouve. Des bouteilles de whisky jonchent le sol. Dans le réfrigérateur il découvre des clés, des livres de poche et même du gazon.

Des milliers de tableaux qui sont empilés dans le garage, ne représentent à première vue rien, des couleurs sombres. Il rend visite à son père, mais celui-ci ne le reconnait pas. Ou ne veut pas le reconnaitre. Dans un accès de fureur, le peintre dessine sur les murs de sa chambre une silhouette, à l’aide de ses moignons, un personnage rouge et noir.

Jake retrouve l’un de ses anciens camarades de jeu, Spencer. Un meurtre vient d’être commis, et comme Jake est non loin des lieux, il a été désigné pour apporter son aide. Le shérif Hauser aussi est sur place. Toutes personnes qu’il a fréquentées jeune. L’horreur les attend. Deux corps sont découverts, une femme et son fils, entièrement écorchés. Et il faut avoir les nerfs solides pour accepter ce tableau. Mais leur identité ne peut être établie. Ils étaient venus en touristes, avaient loué la maison, c’est tout ce que les enquêteurs apprennent.

La police scientifique est dépêchée sur place le lendemain, mais dans la nuit, Jake a eu des flashes, des fulgurances, reconstituant des éléments, se souvenant d’indices qui avaient échappé lors des premiers relevés. Ce qui a pour conséquence de perturber son régime cardiaque, car il possède un pacemaker afin de réguler son rythme cardiaque, et son cœur a tendance à s’emballer lors d’événements tragiques et stressants. Et lorsque cela arrive, il a des pertes de connaissance.

Kay et Jeremy, la jeune compagne de Jake et leur fils de trois ans, le rejoignent pour le week-end. Kay est violoncelliste mais elle a connu le même parcours que Jake dans l’enfer de la drogue. Et ils possèdent en commun d’autres particularités. Si sur son corps figurent quelques tatouages, celui de Jake en est entièrement recouvert jusqu’en haut du cou et des métacarpes. Un tatouage peu banal : un texte extrait de La divine comédie de Dante.

La mère de Jake est décédée alors qu’il n’avait que douze ans, un événement qui a déclenché le début de la rupture avec son père. Partie chercher quelques bricoles en voiture, le père étant une fois de plus trop saoul pour conduire, elle a été retrouvée morte peu après.

D’autres meurtres sont perpétrés, et les cadavres sont retrouvés écorchés, comme les deux premières victimes. Jake est persuadé que son père est au milieu de ces drames. Son père ou lui ?

Mais les éléments météorologiques s’immiscent dans cette tragédie, se mettant au diapason. Dylan, un ouragan en provenance du Cap-Vert, est annoncé. Hauser est chargé d’inviter, d’obliger même les habitants de la presqu’île à déménager, à s’éloigner de la tempête dont l’œil se dirige inexorablement vers cette langue de terre. Un déchaînement furieux de vent, de pluie, qui contrarie les déplacements des policiers surchargés.

L’intrigue de ce bon roman, qui parfois use de clichés (mais n’est-ce pas le lot des thrillers ?) et joue avec les nerfs du lecteur, est située à Montauk à l’extrême pointe de Long Island. Si l’auteur ne s’appesantit pas trop sur les descriptions de paysage, toutefois il s’attarde sur quelques digressions sans intérêt, notamment les relations charnelles entre Kay et Jake qui relèvent du sadomasochisme. Ceci n’apporte rien de plus à la psychologie perturbée des protagonistes. Mais je retiens des images fortes : le garage dans lequel est stationnée une Mercédès décapotable de 1966, une petite fille autiste, une croisière en yacht près des Bermudes, la confrontation entre David Finch, le galeriste de Jacob Coleridge et véritable requin, et Jake, ou encore le portrait signé Chuck Close dont les yeux ont été découpés. L’impression d’angoisse va crescendo.

Et lorsque le livre est refermé, après un épilogue flamboyant et frustrant, on s’aperçoit que Robert Pobi nous a entraînés dans une ronde infernale. Des images pixellisées qui se détachent, ne possèdent pas forcément de lien entre elles, des taches de couleur sombre qui oblitèrent d’autres points plus lumineux, puis tout à coup le flou se dissipe lorsque tout se met en place et offre un tableau en trompe l’œil, un peu à la manière de Raphaël, Michel-Ange, Botticelli ou Cornelis Norbertus Gysbrechts mais revisité par Jérôme Bosch. Tout était sous nos yeux, suffisait de réaliser l’assemblage, et en même temps on se dit que Robert Pobi nous a emmené en bateau.

Un bon premier roman, avec une intrigue maîtrisée, et de nombreuses références à l’art pictural, ce qui est normal puisque Pobi a longtemps travaillé dans la sphère des antiquaires. Maintenant il doit démontrer qu’il ne s’inscrira pas dans la liste des auteurs n’ayant qu’un seul roman à leur actif.

La citation :

  • Vous êtes un ancien alcoolique.

  • Juste un ivrogne entre deux cuites.

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