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GILLES PARIS |
Papa Et Maman Sont MortsAux éditions POINTSVisitez leur site |
1328Lectures depuisLe vendredi 27 Janvier 2012
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Une lecture de |
Alice et son frère ont perdu leurs parents entre ciel et mer. Papa jouait au golf ou avec son amie Bérénice. Maman jouait dans des films muets ou avec son ami Tom. Alice et son frère doivent quitter l’appartement de l’avenue Paul-Doumer pour aller vivre à la campagne. Ils sont recueillis par l’oncle Paul, qui chasse les mouches avec les plis de son ventre. Plutôt archaïque que bucolique, la vie chez cet oncle alcoolique, sévère et radin. “À la campagne, on ne dort pas dans un lit, on roupille dans le foin”, a décrété l’oncle Paul. Alors, c’est en journée que les deux enfants dorment, durant la classe de Mme Knop. Elle est gentille, cette institutrice qui finit par être belle quand elle tombe amoureuse du facteur. Ce séjour à la campagne va être brutalement et heureusement interrompu. Bérénice est venue chercher Alice et son frère. Elle conduit les enfants au pays des shorts et des chemises hawaïennes. C’est là qu’elle vit avec Tom. Prenant exemple sur Tom, le frère d’Alice va gagner un peu de muscles. Il sera mieux respecté au village, admiré par les filles. Dont la belle Angèle, serveuse dans le bar de son père. Mais il n’est pas prêt à se laisser aimer. Avec Tom, habitué des lieux, il découvre le casino. Pendant ce temps, Alice et Bérénice vont au cinéma, voir le célèbre film muet de leur maman. C’est une histoire pour adulte, en effet. Si elle aime danser avec la mer, Bérénice n’est pas une grande optimiste. Quand Tom la quitte sans prévenir, même si les deux enfants la distraient, c’est mauvais pour son moral. Dans l’univers d’Alice et de son frère, il y a d’autres personnes. Tel Pilou, le plus grand orphelin de la terre. Et Oscar, peintre venu de Buenos Aires pour oublier son modèle Priscilla. M.et Mme Kolopka, les patrons de l’Hôtel des Pins, aussi, qui ont un discours bien rôdé avec la clientèle. D’autres encore, dont la jeune Lulu ou le pervers libraire Van der Krumpf. Et puis Angèle, qui avait fui le pays des shorts et des chemises hawaïennes, y est revenue comme une reine. Ou plutôt une madone. De Barcelone à l’Égypte, en passant par Majorque, elle a rapporté de l’argent et des souvenirs. Tom va également revenir, même si Alice et son frère n’ont plus guère besoin qu’on s’occupe d’eux. Même s’ils deviennent adultes, ils semblent faits pour rester ensemble… Poétique par son écriture, ce roman n’est effectivement pas un polar. Pourtant, il se produit une véritable hécatombe dans l’entourage des deux enfants. “Alice dit que la mort ce n’est pas une mauvaise chose, à condition que cela tombe sur les autres”. Puisque c’est un jeu qui envoie les défunts vers les étoiles, ces morts-là ne sont donc pas si dramatiques. Une des facettes de l’apprentissage de la vie, pour ce frère et cette sœur quelque peu incestueux. Les ouvrages offerts à Alice par le libraire les aident aussi : “Quand tu auras lu tous ces livres, tu ne seras plus la même. Les gens se ressemblent trop, ils ne lisent pas assez. Ne deviens pas comme eux.” Pour les lecteurs curieux d’une tonalité différente, l’itinéraire drolatique de ces enfants offre un rafraîchissant plaisir. |