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STEPHANE PAJOT |
Carnaval InfernalAux éditions COOP-BREIZHVisitez leur site |
793Lectures depuisLe samedi 14 Mai 2011
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Une lecture de |
Il a des amis partout en Bretagne, le cyber-journaliste Léo Tanguy. Pour glaner des infos destinés à son site Internet, Léo sillonne la région à bord du vieux Combi Volkswagen légué par ses parents, aujourd’hui retraités. En cette année 2019, voici que Léo arrive à Nantes, dans le cinquième ancien département de la Bretagne historique. C’est plutôt la Bretagne hystérique, en cette période de préparation du carnaval nantais. Cette année, le nouveau comité a choisi un thème qui en laisse beaucoup sceptiques, l’Enfer. Dans la famille PtitLu comme chez leur rivaux, la famille Grospet, on prépare avec ardeur les chars pour le carnaval. Depuis qu’on produit à Nantes des machines géantes, des personnages et même des éléphants gigantesques, l’imagination débridée n’a plus de limites. Outre l’aspect culturel, Nantes est aussi le paradis des médias, des journaux. C’est la course à l’info pour Célestin, journaliste de La Gazette de l’Éléphant et ami de Léo, contre Louis Gloriand, son confrère de l’Édito de Nantes. Ces hebdos ont leurs fidèles, version papier ou via Internet. Justement, un étonnant fait-divers secoue la vie nantaise. Un vaste cocon a été tissé sur la façade du théâtre de la place Graslin. On a d’abord pensé à une performance artistique, sauf qu’il y avait un cadavre au cœur de ce cocon. Même si la police ne donne guère de détails, on identifiera bientôt le mort. Il s’agit de Bubu, figure locale participant à la fabrication de chars du carnaval. Invité par Célestin, Léo va donc essayer de comprendre ce qui se passe ici. C’est dans des bistrots repaires d’habitués qu’il arrose au muscadet sa prise de contact avec les Nantais. Quand les ateliers de la famille PtitLu sont attaqués à la patate chaude, on peut croire à du vandalisme ou à un coup des Grospet. Peu après, Célestin offre à Léo un survol de la ville dans son Pou-du-ciel, sorte d’ULM. À leur tour, ils sont visés par des patates chaudes, et doivent atterrir d’urgence. Les agresseurs pourraient bien être un groupuscule facho, dont le QG se trouve sur une péniche. Eux aussi préparent un char de carnaval, mais avec des objectifs négationnistes. Quand Léo interroge le flic Sticmou à leur sujet, le policier admet qu’on ne peut encore rien contre eux. Chikafusa, une séduisante journaliste japonaise que Léo trouve fort attirante, est venue enquêter sur ce carnaval. Les festivités sont peut-être compromises car on découvre un autre cadavre, aplati sous le pas d’un éléphant. Crime imputable aux fachos, rivalité meurtrières ? Avec intrépidité, Léo poursuit son enquête… Stéphane Pajot est fin connaisseur de l’histoire nantaise, de la vie locale d’hier et d’aujourd’hui. Il dresse ici un portrait des singularités et des initiatives qui ont fleuri dans cette ville. La compagnie Royal de Luxe, en particulier, fut à l’origine de cet essor. Friche industrielle, l’Île de Nantes s’est transformée en ateliers pour machines géantes. L’auteur nous fait visiter quelques lieux marquants de la culture nantaise. Ce qui inclut inévitablement les bistrots et leurs piliers, source d’infos pour tout journaliste. Dans cette ambiance souriante, l’intrigue criminelle n’est pas oubliée. Malgré la bonne humeur, règne aussi un certain malaise dans ce petit monde. Amertume profonde, sombres secrets des uns ou des autres, résurgences fascisantes, autant d’éléments qui planent sur ce roman. S’il y a du rififi à Nantes, ça intéresse le cyber-journaliste. À l’image des aventures du Poulpe, les enquêtes de Léo Tanguy sont écrites par un nouvel auteur à chaque épisode. Ce suspense de S.Pajot est aussi riche en péripéties mouvementées qu’en détails documentés, ce qui le rend vraiment très agréable à lire. |
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