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PIERRE PELOT |
MariaAux éditions HELOISE D'ORMESSONVisitez leur site |
2878Lectures depuisLe samedi 15 Janvier 2011
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Une lecture de |
Nous sommes dans les Vosges. Après Remiremont, une longue vallée s’étire jusqu’à Bussang, en passant par Le Thillot et Saint-Maurice-sur-Moselle. De part et d’autre, un paysage de montagnes rondelettes couvertes de sapins. C’est une région dont l’histoire est riche, depuis le lointain temps des froustiers et des ducs de Lorraine, avec ses annexions et ses époques de disette. Sur Radio Vallées et Chaumes, une vieille érudite raconte régulièrement ces temps anciens, autant de faits marquants vécus par la population de cette Montagne des Bœufs Sauvages. La conteuse se nomme Maria Lœwell. Née en 1921, Maria est maintenant âgée de 85 ans. Elle réside depuis quelques années à la maison de retraite du Thillot, où elle fut employée de service pendant une longue période. Dans sa jeunesse, Maria a été institutrice dans sa bourgade natale. Elle était l’épouse de Jean Tobé, qui tenait un café-épicerie. Son mari s’occupait du bistrot. C’était la grande Louisette, une costaude âgée de seize ans, qui se chargeait de l’épicerie. En octobre 1944, la guerre n’était pas terminée en Lorraine. Les occupants allemands espéraient y installer une ultime ligne de défense. Les maquis de la Résistance restaient ici peu nombreux, peu actifs. Le 2 octobre, soixante-trois hommes de Saint-Maurice furent arrêtés par la Gestapo, torturés avant d’être envoyés dans les camps de la mort. Seulement quelques-uns survécurent. On les avait dénoncés, dans une listée détaillée. Les maquisards non raflés n’eurent bientôt plus de doute sur celui qui les avait trahis. Un courrier anonyme désignait Jean Tobé, l’époux de Maria. Dramatique fin de guerre pour la jeune femme, maltraitée par les hommes du maquis, veuve d’un traître, exclue de son poste d’institutrice. Maria s’occupa du café-épicerie, mais les rancunes tenaces de certains la décidèrent à s’exiler. Quelques kilomètres plus loin, Le Thillot. S’il ne la laissa pas dans le besoin, son fils quitta tôt la région. La vie foraine l’excitait davantage que ce froid pays vosgien. Aujourd’hui, n’ayant rien perdu de son caractère volontaire, la vieille dame raconte à la radio l’histoire de la vallée, de la Lorraine, jusqu’au 18e siècle. Quand se produit un décès à la maison de retraite, elle assiste aux obsèques, sans se mêler des conversations à ce propos. Maria a 85 ans, l’hiver approche… Pourquoi perdre son temps à chercher des qualificatifs, des définitions, pour évoquer l’œuvre de Pierre Pelot ? C’est un grand écrivain populaire, voilà tout. Après avoir publié quantité de livres dans divers genres littéraires, il est encore et toujours capable de nous captiver. Même avec un sombre épisode de la guerre, sujet si souvent traité ? Oui ! Même à travers le destin maudit de Maria ? Oui ! Même en s’attardant sur la longue histoire de sa région ? Oui ! Magistrale souplesse narrative de Pierre Pelot, fascinante force du récit. Cet apparent minimalisme est un leurre. Tout est dit avec justesse et précision, sans effets factices ni aucune lourdeur. Quant aux amateurs de romans criminels, cet aspect est également présent ici. |
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