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MARTIN PROVOST |
BifteckAux éditions PHEBUSVisitez leur site |
1323Lectures depuisLe vendredi 1 Juillet 2011
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Une lecture de |
À Quimper, au début du 20e siècle, la boucherie de Loïc et Fernande Plomeur est appréciée d’une large clientèle. C’est que, dans cette famille, on est bouchers de père en fils depuis toujours, tous élevés dans la viande. André Plomeur a suivi dès son plus jeune âge cette tradition. Très tôt, il acquiert un beau savoir-faire. Blond, le front bas, un faux air d’albinos, André est aussi précoce quant aux plaisirs du sexe. Il n’a que treize ans quand la belle Jeannine éveille en lui des prédispositions viriles. C’est au temps de la Première Guerre mondiale, tous les hommes sont au combat. Le jeune étalon attire les clientes en longues queues dans la boutique de ses parents. Tout en leur préparant la viande, sans malice, il en choisit quelques-unes, qu’il rejoint plus tard pour des rendez-vous amoureux. Tout à une fin, même la guerre. Lorsque les maris reviennent, les bébés nés des étreintes entre André et ses clientes s’avèrent encombrants. C’est ainsi qu’on dépose anonymement devant la boucherie un de ces bébés, puis un deuxième, et encore d’autres. Voilà bientôt sept bébés, cinq garçons et deux filles, dont le jeune André s’occupe avec enthousiasme. Au détriment de la boucherie, qui va vite péricliter, causant le décès de ses parents. Orphelin à seize ans, avec sept enfants à charge et un commerce à tenir, André se sent capable de faire face. Sauf qu’il y a un problème du côté de Solange, la veuve d’un sous-préfet mort à la guerre, mère de la petite Gretchen. Le mari n’a pas péri, il revient cul-de-jatte au foyer. Dénoncée par un vil corbeau, Solange a beaucoup de mal à justifier l’existence du bébé. L’époux menace de retrouver le vrai père de l’enfant. André et sa marmaille prennent la fuite. À Douarnenez, le jeune boucher achète un bateau, y case ses sept rejetons, et prend la mer. Direction l’Amérique ! C’est un bien long voyage pour le petit groupe. Mais il y a tant de tendresse du père envers ses enfants, tant de complicité entre les petits, que le périple peut bien durer autant qu’il faut. Les petits grandissent, la vie à bord a ses contraintes et ses bonheurs. Néanmoins, nulle terre n’étant jamais en vue, André commence à désespérer. C’est sans doute par miracle que leur bateau s’échoue finalement sur une île. André et ses sept enfants décident de rester sur ce territoire peut-être hostile, mais qui est un pays hallucinant… Écrivain et cinéaste, Martin Provost est le réalisateur du film “Séraphine”, avec Yolande Moreau, qui a connu un grand succès. “Bifteck” est un court roman paru à l’automne 2010. S'il ne s'agit pas d'un polar, il serait vain de faire entrer ce livre dans une catégorie précise, ou d’ajouter un long commentaire. Il s’agit là d’un conte plein d’humour et de tendre fantaisie. “La vie était un jeu que les enfants pratiquaient à merveille. Avec eux, [André] était invincible.” L’histoire concoctée par l’auteur est drolatique et savoureuse, riche en jolies trouvailles, racontée avec une fluidité bienvenue, sans négliger un certain suspense. Un vrai plaisir de lecture, une histoire d’une belle originalité. |