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SCOTT PRATT |
Angel Est InnocenteAux éditions SEUILVisitez leur site |
1159Lectures depuisLe mardi 21 Avril 2009
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Une lecture de |
Âgé de 40 ans, Joe Dillard est avocat dans le Tennessee. Malgré sa brillante carrière, il commence à en avoir assez de défendre certains criminels aussi stupides que cruels. D’un côté, il pense à la rentabilité, au confort apporté à son épouse Caroline et à leurs enfants. De l’autre, son sens de l’honneur l’incite à ne plus défendre des coupables. Sa mère atteinte d’Alzheimer, et sa sœur Sarah, toxicomane sortant de prison, complètent l’univers de Joe Dillard. Il est contacté pour une affaire qui fait grand bruit dans la région. Le pasteur Tester a été retrouvé mort, poignardé de nombreux coups de couteau et émasculé. Le prétentieux policier Landers, du Tennessee Bureau of Investigation, n’est pas un modèle d’honnêteté. Il comprend vite que le pasteur a passé la soirée au Mouse’s Tail. Ce club de strip-tease est dirigé par la flamboyante Erlene Barlowe, femme mûre et sûre d’elle. Bien qu’on ne trouve aucune trace de la Corvette rouge qu’aurait pu utiliser l’assassin, Landers ne tarde pas à inculper la jeune Angel Christian, employée d’Erlene Barlowe. Cette dernière fait appel à Joe Dillard pour défendre sa protégée, offrant 250000 dollars en espèces. L’avocat rencontre la jeune fille en prison. Fragile et touchante, elle n’inspire aucune tentation sexuelle selon Joe. Il accepte d’assurer la défense de l’innocente Angel. Outre l’ADN de cheveux d’Angel sur le cadavre du pasteur Tester, le policier Landers possède un atout de taille : le témoignage de Julie Hayes, autre employée d’Erlene Barlowe, qui a vu Angel et sa patronne partir en même temps que la victime dans une Corvette rouge. Landers est soutenu par le district attorney, qui songe aux futures élections. Celui-ci a toujours détesté Erlene Barlowe et son défunt mari Gus. À la première audience du tribunal, Joe Dillard réclame un procès avant trois mois pour sa cliente. Il s’attire surtout la haine du fils du pasteur, qui idéalisait son père. Joe est plusieurs fois agressé par ce cinglé, et doit utiliser la force pour le calmer. Sarah, la sœur de Joe, retourne bientôt en prison, avec l’assentiment de son frère. Le policier Landers va amener Sarah à faire un faux témoignage contre Angel. Sarah prétendra avoir reçu les aveux de la jeune fille. Joe doit d’abord s’occuper du cas de Maynard Bush, un des coupables qu’il ne veut plus défendre, lequel est rapidement repris après une meurtrière tentative d’évasion. Angel restant imprécise sur les circonstances de la nuit du crime, ça risque de poser problème. Dans l’ombre, Erlene Barlowe tente plusieurs initiatives pour disculper Angel. Alors qu’arrive le procès, la jeune fille refuse le compromis négocié par l’accusation. Pas de prison avec sursis, il faut qu’on établisse sa totale innocence… Sans doute peut-on classer cette histoire dans la catégorie “romans judiciaires”, mais cette étiquette reste un peu relative. Certes, le héros est un avocat qui, à l’instar de son plus célèbre prédécesseur Perry Mason, débrouille des affaires tortueuses. Et sa douce cliente inspire davantage la protection que les tordus dont il s’occupe par ailleurs. Pourtant, le regard que porte l’auteur sur la Justice constitue probablement l’atout majeur de ce récit. Quand chacun essaie de manipuler à son profit un dossier criminel, du flic véreux à la patronne du club de strip-tease en passant par le district attorney, la justice équitable n’est pas forcément la plus morale. Quitte à se servir de principes un peu cyniques : “C’était là une stratégie bien connue dans les milieux juridiques, celle dite du salopard qui l’a bien cherché, et dans les circonstances appropriées, c’était plus qu’efficace.” D’autant que l’avocat, trop jeune alors pour intervenir, fut confronté à un cas similaire qui décida de son choix de carrière. Tout cela n’exclut pas une part de sourire, avec quelques situations au second degré et de savoureux portraits. Voilà un roman de très belle qualité ! |