|
|
JEAN-BERNARD POUY |
En Haut DumasAux éditions EDENVisitez leur site |
2651Lectures depuisLe mardi 19 Janvier 2010
|
Une lecture de |
Le Reinitas est un bistrot de la rue Alexandre Dumas, à Paris. Trois hommes s’y donnent rendez-vous une fois par mois, le deuxième mercredi, à onze heures tapantes. Mousquetaires venus chacun de leur banlieue, Hamid, Gérard et Da Silva sont d’anciens militants éjectés de leur syndicat, jugés trop virulents. Ils sont devenus spécialistes en petites arnaques. Ensemble, ils élaborent des coups ni trop dangereux, ni contraignants, selon le triple principe : humilité, précision, inattendu. “Ça faisait trois ans qu’ils fonctionnaient ainsi. Tout roulait comme sur des roulettes, au moins aussi parfaitement huilées que les roulements à bille qu’ils fabriquaient avant, le nez dans la chaîne et les mains dans le cambouis.” Dérober des voitures de luxe sous prétexte de lutte anti-alcoolique, ou refiler deux mille CD de Léo Ferré, ils ne manquent pas d’initiatives originales. Ce jour-là, malgré la grève, le trio est globalement ponctuel au rendez-vous. Ils apprécient ici l’ambiance familière de bistrot parisien traditionnel : “…tout ce qui fait qu’un bar est un théâtre proposant la même pièce tous les jours, à la même heure, avec les mêmes clients devenus d’imperturbables spectateurs, des vrais, ceux qui n’aiment pas que mute la mise en scène.” Le cinéphile Hamid tente toujours de séduire Margot, belle serveuse du Reinitas. Aujourd’hui, ce qui occupe les trois amis, c’est le prochain transfert des cendres d’Alexandre Dumas au Panthéon. Ne sont-ils pas les fils spirituels de Monte-Cristo, menant une perpétuelle vengeance contre le haut patronat et la société actuelle ? Il faudrait mettre au point une idée symbolique, marquante et un peu rémunératrice, pour s’associer à l’évènement : “Il ne fallait pas oublier de toujours faire coïncider leur lutte avec celle, juste et permanente, contre les nantis.” Grâce à l’Internet de Margot, le trio collecte un paquet de renseignements, sur Alexandre Dumas, sa vie, son œuvre. Quand arrive le jour J, ils sont fin prêts, déjà en action. Rien moins qu’une prise d’otage. Le PDG qu’ils séquestrent ne devrait pas sous-estimer ce trio d’amateurs. Car Dumas imagina dans ses romans plusieurs exemples de châtiments et de vengeances… Illustrée par Philippe Lechien, cette histoire s’inscrit une fois encore dans la tradition du roman populaire, chère à Jean-Bernard Pouy. Alexandre Dumas restant une des figures tutélaires de cette littérature, on peut considérer ce texte comme un hommage à celui-ci. Avec une belle dose d’esprit anar, bien sûr. C’est dans un de ces petits bistrots de quartier, à l’ambiance bon enfant, que nos sympathiques comploteurs se réunissent. Leurs modestes “exploits” sont plein de saveur. Les dessins complètent fort agréablement le récit. |
Autres titres de |