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STANISLAS PETROSKY |
Je M'appelle Requiem Et Je T'...Aux éditions LAJOUANIEVisitez leur site |
987Lectures depuisLe mardi 10 Aout 2016
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Une lecture de |
Préface de Nadine Monfils. Parution le 8 juillet 2016. 192 pages. 18,00€. Vous pouvez remplacer les points de suspension par le vocable qui vous semble le plus approprié... Être curé et s'appeler Requiem, cela pourrait sembler prédestiné, n'est-ce pas ? En réalité notre homme en soutane se nomme Estéban Lehydeux, mais pour un homme du culte, c'est un peu inconvenant de porter un tel nom. Quoique... Donc Requiem est curé et cumule les fonctions d'exorciste, une activité qui existe dans chaque diocèse, car la sorcellerie est toujours vivante dans les esprits des provinciaux, mais pas que. Les bigotes du quartier hantent son confessionnal, elles ont toujours quelque chose à se reprocher, mais que Martine vienne le solliciter un matin il ne s'y attendait pas. Faut dire que Martine traîne une drôle de réputation derrière elle. Martine fait son cinéma. Elle tourne chez elle, ou en extérieur, des petits films jugés X, qu'elle met en ligne sur Internet. Cela intéresse pas mal d'hommes friands de sexe mais ne trouvant pas toujours la satisfaction et l'épanouissement éjaculatoire légitime chez eux. Or elle vient de recevoir un message, photos à l'appui, lui proposant une somme rondelette si elle veut bien participer à des séances spéciales. Avec des enfants. Pour les encadrer une espèce de catcheur ne portant pour tout vêtement qu'une cagoule. Sa virilité est dressée comme le bras de la Statue de la Liberté, et aussi grosse, d'où le surnom dont il est affublé, La poutre de Bamako. On honore ses saints comme on les aime. Et Requiem les aime beaucoup les... seins de Martine. L'entrée des artistes aussi, mais ne nous aventurons pas plus loin, cela relève du domaine privé. Disons que Requiem et Martine s'adonnent à la pratique du simulacre de la procréation, au grand dam du Patron du curé, celui d'en haut. Dieu si vous voulez que je vous mette les points sur les I. Ce n'est pas cette séance non prévue dans les missels et les bréviaires qui incite Requiem à s'occuper de cet exorcisme particulier, mais bien parce que des enfants sont en cause. Requiem propose à Martine de répondre à l'annonce à sa place et comme il manie habilement l'informatique, de suivre son correspondant de son ordinateur, grâce aux codes qu'elle lui délivre. Il se rend fréquemment chez elle, ce qui attise les regards des voisins jaloux et d'une voisine curieuse comme une vieille chatte. Une partie de l'argent promis est déposée chez la jeune femme, ce qui fait réfléchir notre curé qui n'officie pas forcément chez les nudistes. Celui qui lui a demandé cette vidéo spéciale connait donc l'adresse de Martine. A-t-il péché quelque part ? Il semblerait bien que oui car Martine est retrouvée chez elle, assassinée et ayant subi des tortures avant sa mort et même après. Elle a été crucifiée, et d'autres éléments laissent penser que Requiem est dans le viseur de l'objectif. Le commissaire Régis Labavure (ça ne s'invente pas !), ami de Requiem, se doute que le curé est au cœur de l'affaire mais pourquoi, comment, jusqu'à quel degré, autant de questions qu'il se pose, et bien d'autres plus tard lorsque des événements mettront l'exorciste en présence d'un des salaces (ça lasse ?) et que l'un des deux restera sur le bitume. Mais s'occuper l'esprit, c'est bien, faut également penser au physique et Requiem va prendre un abonnement dans une salle de fitness.
Concentré de Belmondo, Requiem possède la Ford Mustang coupé 1967 qui a servi dans Le Marginal, de Guy Gilbert, le prêtre des loubards avec son perfecto, de San Antonio pour sa verve et ses pointes d'humour assaisonnées d'interpellations au lecteur, et du Poulpe alias Gabriel Lecouvreur, Requiem est un fervent amateur de bières, notre curé atypique se lance dans une aventure à double facette. Au début, c'est joyeux, mais pas gay, enlevé, saupoudré d'humour parfois potache, puis au fil des lignes et de l'avancement de l'intrigue, l'histoire se pare de couleurs sombres, pessimistes, et la séquence chez le médecin légiste n'est pas une simple documentation puisque l'auteur est lui-même thanatopracteur. Mais chassez le naturel il revient au galop et les références à Frédéric Dard, et à son fils Alix Karol, ne manquent pas, de même que celles destinées à Michel Audiard. Des citations musicales sont également disséminées dans le texte, à rechercher comme s'il s'agissait d'une chasse au trésor de la chanson française. Après l'émouvant et historique Ravensbrück, mon amour, après le romantique et Au dramatique L'Amante d'Etretat, voici donc le décapant et décoiffant (vous saurez pourquoi en lisant ce roman) Je m'appelle Requiem et je t'... Stanislas Petrosky est le nouveau Frégoli de la littérature populaire !
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