Sur un lit de fleurs blanches de Patricia PARRY


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PATRICIA PARRY

Sur Un Lit De Fleurs Blanches


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Le mercredi 2 Aout 2012

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Patricia PARRY




Une lecture de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE  
Prix du Roman d’Aventures.

Ce n’est pas parce qu’elle est une horizontale que Clara est incapable de ressentir quelques sentiments. Pas au point de pleurer à chaudes larmes sur la tombe de son protecteur, mais au moins lui rendre une petite visite de courtoisie. Une forme de respect à l’encontre du défunt, Hugues de la Paillerie, qui a eu l’élégance de lui léguer un hôtel particulier sis plaine Monceau, l’un des nouveaux quartiers chics de la capitale, et une rondelette somme d’argent. Maîtresse de la Paillerie depuis quelques années, Clara Saint-James voit donc son avenir assuré pour un bon bout de temps, et elle peut se permettre de refuser les avances de prétendants désirant tâter la douceur de sa couche.

Dans le cimetière du Père-Lachaise où elle vient se recueillir sur la tombe de son amant défunt, elle trébuche et se retrouve nez à nez avec le cadavre d’un enfant reposant sur des fleurs blanches. Rencontre inopinée et pour le moins troublante. Sur le cou du gamin âgé d’une dizaine d’années se distinguent deux plaies béantes de part et d’autres de sa gorge. Mais elle ne peut se rendre à la police, car étant hétaïre indépendante, elle ne veut décliner son identité sous peine de se voir fichée à nouveau sur les registres comme fille publique.

Le soir même, alors qu’elle se repose elle entend du bruit dans le salon. Elle surprend Norbert, un gamin qu’elle a recueilli, en compagnie de son frère Jules, en train d’’essayer de dévaliser le tiroir d’un secrétaire. Elle met à la porte immédiatement les deux gamins. Quelques jours plus tard elle est agressée par Jules qui lui reproche la mort de son jeune frère Nono. Il tente de la poignarder à la poitrine mais la lame dévie. Elle est seulement balafrée et demande à ce que le docteur Dupuy vienne la soigner.

Si elle mande après ce toubib, c’est pour deux bonnes raisons. D’abord, elle ne souhaite pas que ce soit son docteur habituel qui lui appose un pansement. Ensuite parce que selon le testament de son protecteur, elle a remis une forte somme d’argent à Dupuy qui se demande bien pourquoi il est un des héritiers du défunt. Victor Dupuy, de son nom complet Dupuy d’Amans, est le petit-fils d’un militaire qui fit partie de la 13ème légion des armées de Bonaparte en compagnie d’Hugues de la Paillerie.

Des gamins ont déjà subi le même sort que Nono et le gamin découvert par Clara, mais d’autres cadavres sont retrouvés par la suite. Toujours couchés des fleurs blanches, des lilas en particulier, avec les mêmes marques sur le cou. Sébastien Flocher, un policier, en a découvert lui aussi, mais les autorités policières semblent se désintéresser de cette série de meurtres. Ce qui toutefois alimente les rez-de-chaussée du quotidien Le Journal de France, sous la plume de Lachesnaye, célèbre feuilletoniste surnommé l’Ecrivain catholique. Une rumeur propagée de bouche à oreilles affirme qu’il ne serait pas l’auteur de ce roman à épisodes, et que Bussy et Solveg serviraient de nègres. Bussy et dans une moindre mesure Solveg, Dupuy les connait bien pour les avoir fréquentés à la faculté de médecine. Mais Bussy, qui préfère la dive bouteille au scalpel, se pique d’avoir une belle plume et il est plus souvent chez Tortoni, le rendez-vous des journaleux, qu’auprès de patients qui de toute façon n’attendent pas après lui.

Clara et Dupuy vont donc se lancer à la recherche du ou des meurtriers, mais de nombreuses surprises et mésaventures les attendent. D’autant que leurs positions sociales ne plaident guère en leur faveur : Clara ne s’attire pas les faveurs de tous, ou au contraire elle les aimante de par son statut de prostituée de luxe, même si elle n’a qu’un amant généreux à la fois. Et puis elle veut sinon se refaire une virginité, au moins se reposer durant un certain temps. Quant à Victor Dupuy c’est un métis, et à cette époque les personnes bien pensantes ou non ne frayaient pas avec n’importe qui.

En cette fin du XIXème siècle, Paris est un véritable creuset pour le journalisme, la littérature et les avancées tâtonnantes de la médecine. Le professeur Chevaignac essaie de transfuser du sang et il tient à jour de petits carnets sur lesquels il inscrit les noms de ses « donneurs » afin de procéder à des appariements. Et comme les superstitions sont vivaces, ces transfusions sanguines serviraient à certains hommes afin de retrouver leur virilité défaillante. Les journalistes sont plus attirés par le sensationnel que par les informations sérieuses et vérifiées. Uniquement dans le but de vendre plus d’exemplaires que leurs concurrents. Les gamins orphelins hantent les rues s’échappant des fermes de rééducation, ancêtres des maisons de correction, à moins qu’ils deviennent apprentis chez des artisans qui profitent de leur jeunesse et de leur manque de défense. Les maisons closes ne sont pas encore fermées (eh oui) attirant les hommes en manque de câlins, ce qui arrange leurs femmes, toutefois certaines d’entre elles (les maisons !) sont clandestines, afin que des personnes du même sexe puissent se rencontrer en toute impunité. L’homosexualité était plus répréhensible que les débordements amoureux, tarifés ou non.

Le respect strict du Code Civil ou Code Napoléon, qui date du 21 mars 1804, n’avait été rédigé qu’en faveur des hommes et les femmes commencent à se rebeller ouvertement contre ce machisme. Aucune femme ne pouvait travailler, toucher des gages, vendre ses biens ou même faire un testament sans que son homme, ou son fils, ou son père y mette le nez. Heureusement cela a évolué.

Ce roman est un hommage implicite à Dumas, le général et à Alexandre le romancier, ainsi qu’aux feuilletonistes en général. J’avais biberonné aux Compagnons de Jéhu plus qu’aux Trois Mousquetaires et gardais un souvenir exalté de ces héros romantiques. De sang, de passion et de mort, déclare Victor Dupuy. A noter que le nom de l’un des protagonistes, La Paillerie, est presque synonyme de celui du général Dumas qui s’appelait Thomas Alexandre Davy de La Pailleterie.

L’auteur joue sur le mot nègre, comme étaient appelés alors les métis principalement de la première génération puis les quarterons et les octavons qui est l’équivalent français du terme anglais octoroon, mais aussi les collaborateurs non avoués des écrivains en mal d’inspiration. Certains s’offusqueront peut-être de l’emploi de ce mot devenu péjoratif, voire méprisant, mais il fallait que Patricia Parry respecte les appellations de l’époque. D’ailleurs, avant l’emploi de l’anglicisme Black ou le pudique Noir par les Blancs qui se proclament antiracistes, c’était le terme negro, d’origine espagnole, qui prévalait, et dans la bouche des Cajuns, qui ne pratiquaient pas l’esclavage, nègre et négresse étaient des termes d’affection en place de chéri et chérie. (Talkin’ that Talk de Jean-Paul Levet aux éditions Outre-mesure - 2010).

Si l’ombre du général Dumas est en arrière plan de ce roman, un autre personnage historique est également évoqué, né lui aussi aux Antilles, Le chevalier de Saint-Georges, et ils font l’objet de deux ouvrages de Claude Ribbe, ouvrages dont vous pouvez consulter les chroniques sur ce blog.

Patricia Parry s’est imprégnée de l’esprit des feuilletons du XIXème siècle et on retrouve tous les ingrédients qui en ont fait leurs charmes et leurs succès. L’aventure, l’énigme, les mystères, la reconstitution d’une époque, les plongées dans les bas-fonds et les salons huppés, les gamins en perdition, débrouillards pour certains, les retournements de situations, sans oublier le côté historique et social, et bien d’autres surprises encore que je me garde de dévoiler, ne désirant pas trop déflorer ce roman en tout point agréable à lire.

Ce roman est écrit soit à la troisième personne, soit à la première lorsque Victor Dupuy s’exprime, mais dans ce cas la police de caractère est différente, et petit complément amusant, on retrouve des bribes du feuilleton rédigé par Lachesnaye ou ses collaborateurs et intitulé La ligue des notaires.

A lire également sur le thème des fermes de rééducation le roman d’Odile Bouhier : De mal à personne.

 

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