L’écume des nuits de Alain PAGE


L’écume Des Nuits PAGE68

ALAIN PAGE

L’écume Des Nuits


Aux éditions PASCAL GALODE

1937

Lectures depuis
Le mercredi 23 Septembre 2009

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Alain PAGE




Une lecture de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE  

Vouloir comparer un écrivain à un autre est un exercice difficile et périlleux. Comment va réagir le premier nommé en le confrontant directement à un confrère, même décédé. Ne va-t-il pas se sentir frustré, vexé, mortifié, humilié, de voir accoler son nom à celui d’un autre si célèbre fut-il. Un écrivain ne rêve-t-il pas de posséder son propre style ? Et oui, je sais et pourtant je n’hésite pas, la lecture de L’écume des nuits d’Alain Page m’a fait penser à Henry Miller, l’auteur sulfureux de Plexus, Sexus et autre Nexus. Non il n’y a aucune parodie, aucun plagiat, aucune ressemblance, simplement une atmosphère, celle de l’autobiographie que pudiquement on noie sous le nom générique de roman. Simplement cet univers gentiment érotique que tout adolescent ou presque découvre avec appréhension et avidité. Le narrateur est obligé de quitter Nantes, sa ville natale, et suivre ses parents dans une sorte de château de dix-sept pièces à Meudon Bellevue, la maison familiale ayant été bombardée. Son père résistant, ayant pratiqué tous les métiers ou presque s’établit comme coupeur de tissu pour la fabrication de costumes. L’adolescent de seize ans continuera ses études à Paris, mais il est attiré par le Quartier Latin et Saint-Germain des prés. Il jette aux orties sa défroque de scout et d’enfant de chœur. Il va même, afin de gagner quelque argent nécessaire à sa vie germanopratine, à sa survie, approvisionner des dames pipi qui officient dans les sous-sols des cafés en cigarettes américaines de contrebande.

Il découvre l'existentialisme ou plutôt l'Animalisme Il passe ses après-midi dans des cafés comme le Dupont Latin, le Flore, les Deux Magots, au Bouillon Chartier, à La Boule d’or, au Luco (Le Luxembourg), ses soirées au Lorientais où officie Claude Luter, au Tabou où joue de la trompinette Boris Vian, dans des salles de cinéma dont l’obscurité se révèle propice à des investigations manuelles, rentrant le soir chez ses parents à Meudon Bellevue lorsqu'il ne loupe pas, volontairement ou non, son train. Il apprécie en guise d’études l’observation tactile de ce qui se cache sous les jupes portefeuille des jeunes filles, ayant toutefois eu un avant-goût de pilosité chez sa cousine plus âgée, découvrant l'amour, l'acte d'amour, mené à bon terme ou interrompu, les doigts cajoleurs de jeunettes en mal d'aventure dans des braguettes qui ne demandent qu'à s'épanouir, qu’elles s’appellent Suzanne, Diane, Monique, Marie, Clara… Il se trimbale partout ou presque avec un carnet de croquis, dessinant mais aussi rédigeant des textes et des poèmes, n'osant pas encore se qualifier d'écrivain mais plutôt de noircisseur de papier. Il côtoie des célébrités et de futures vedettes : outre Claude Luter et Boris Vian, il approche Gréco Jean Marais, Gérard Philippe, Jean Sol Partre et Simone de Bovouard, comme les avait surnommés Boris Vian, et quelques autres moins connus dont Le Major, l’homme à l’œil de verre qui décèdera quelques mois plus tard en se défenestrant, Radiguet, le neveu de l’auteur du Diable au corps, “ Mowgli ” Jospin. Il préfère s’encanailler avec la bande du Quartier Latin qu’avec les Bellavistiens (habitants de Bellevue), et note les lectures prioritaires suggérées par ses compagnons : Joyce, Yeats, Camus et bien d’autres, mais la claque il la reçoit en découvrant la Série Noire ainsi que les éditions du Scorpion via un auteur nommé Maurice Raphaël, qui deviendra plus tard au Fleuve Noir Zep Cassini et plus connu sous le nom d’Ange Bastiani. Un de ses mentors lui déclare même :“ … ne vous croyez pas obligé de lire nécessairement utile. En matière de lecture, il faut savoir aussi s’encanailler. Un jour le tri se fait de lui-même. Moi aussi, j’ai imaginé être Lupin quand j’étais jeune. Il faut des livres qui font grandir mais il en faut d’autres qui font rêver. ”

Alain Page dans cette fiction autobiographique ou cette biographie romanesque, nous plonge dans le Paris d’après guerre, ou plutôt dans un quartier de Paris qui veut s’étourdir après avoir reconquis la liberté de pensée, de paroles, d’actes, une liberté factice, se saoulant d’alcool, de jazz, de be-bop, d’interminables discussions littéraires, philosophiques, cinématographiques. Une période qui dure trois ans environ, car peu à peu, le quartier est gangrené par les touristes, les bourgeois, et autres parasites. Alain Page exprime le désarroi d’une adolescence perturbée, assoiffée de connaître autre chose que ce qu’il a vécu durant la guerre et refusant ce que lui promettent ses parents en guise d’avenir. Il n’oublie pas les bons mots, malgré la tristesse, le spleen, qui parfois le ronge, le désabusement qui est le lot de bien de ses condisciples, les désillusions comme celle qui suit la spoliation de sa première nouvelle devant être publiée. Page 20 Alain Page écrit : “ D’ailleurs, ce trop joli prince aux amitiés allemandes, illustré par Pierre Joubert, suscite chez moi une perplexité d’après-guerre. Ne serait-il pas le symbole de cette complicité d’auteurs fascisants et néanmoins français qui ont tenté de vendre à une jeunesse non moins française des cousins en quelque sorte germains, juste un peu trop blond aryen pour être honnête ? ” . Le fameux Prince Eric de Serge Dalens, auteur qui suscita bien des controverses et fut le chantre du scoutisme. Alain Page nous doit maintenant une suite à ce roman et nous entretenir des années cinquante, de ses années cinquante.
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