killarney blues de Colin O’SULLIVAN


Killarney Blues O’SULLIVAN90

COLIN O’SULLIVAN

Killarney Blues


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Le vendredi 24 Novembre 2017

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Colin O’SULLIVAN




Une lecture de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER  

Killarney est une petite ville au sud-ouest de l’Irlande. Comme chaque été, elle reçoit un grand nombre de touristes, surtout en ce week-end ensoleillé. Certains vont s’offrir une balade en calèche, conduite par un "jarvey". Par exemple, ils peuvent s’adresser à Bernard Dunphy, qui a presque trente ans et vivote de ce métier. Avec sa vieille jument Ninny et son éternel manteau noir, ce "jarvey" fait couleur locale. Bernard est plus causant qu’il ne l’a été pendant très longtemps. Il est le fils de John Dunphy, qui s’est noyé quand il était encore gamin, et de Brigid. Sa mère l’a toujours choyé, car c’était un enfant différent. Un peu simplet ou juste exagérément renfermé, souffrant d’un syndrome particulier ou plutôt sans envie de tant communiquer avec les autres ? Bernard vit dans son monde à lui.

S’il s’est amélioré depuis quelques années, c’est grâce à la musique. De son père John, il a hérité la passion du blues, et de la collection de disques paternelle. Il connaît tout sur le sujet, admire les Américains qui ont développé ce style musical. Il compose lui-même des chansons, à la manière du blues. Sans doute pas pour faire carrière, mais il adresse des cassettes de ses créations à Marian Yates, une des plus jolies jeunes femmes de Killarney. Il en est amoureux, de façon évidemment platonique. Malgré son léger handicap, Marian n’a rien à craindre de lui. Même si Bernard ne l’attire pas du tout, elle est tolérante envers lui. Ce qui n’est pas le cas de Cathy et Mags, les amies de Marian, célibataires et quasi-trentenaires elles aussi. Pourtant, ces péronnelles ne sont pas exemplaires, non plus.

Bernard subit encore les insultes et les brimades de quelques imbéciles du cru. Il a même été sévèrement cogné par Jim, le cousin de Marian, et sa bande d’alcoolisés. Depuis leur enfance, Bernard compte néanmoins un ami, Jack Moriarty. En fait, ce dernier supporte le "jarvey", mais ils sont d’une nature totalement opposée. Jack est un séducteur, un sportif, un macho égoïste. Il a tout pour plaire à des filles comme Mags ou Cathy. Cette dernière est sexuellement accro, soumise aux désirs dominateurs de Jack, mais cache la situation à ses copines. Leurs pulsions pourraient d’ailleurs mal tourner. Car, même dans cette région d’Irlande, existent des adeptes du "dogging". Ces voyeurs pervers regardant, en extérieur, des couples faisant l’amour, Jack les détestent plus que tout.

Il arrive que Bernard, depuis qu’il est plus ouvert, sympathise avec la clientèle. Surtout si on le laisse évoquer sa passion du blues. C’est le cas de Laura, une jeune touriste venue du Texas. Elle ne trouve pas contradictoire qu’un Irlandais adore cette musique. Étonnant au pays du bodhrán, de l’accordéon et du violon, mais Laura admet que ça peut sembler exotique à un homme pas tellement ordinaire tel que Bernard. Le dimanche soir, c’est rendez-vous au pub pour les trentenaires de Killarney. Linda et Mike animent le spectacle, la fête se doit d’être arrosée. Cette fois, Bernard y aura-t-il sa place, comme les autres ?…

(Extrait) “Bernard ne ment pas. Il l’adore. Il est fier quand [Killarney] grouille de monde en été. On dit qu’il y a moins de touristes, mais ils disent toujours ça, ils minimisent toujours. La ville est plutôt animée. Il aime voir les étrangers errer dans ‘ses’ rues, entrer dans les magasins qu’il connaît, respirer son air. Il adore les entendre chanter les louanges des montagnes quand ils passent devant, ou raconter à quel point ils ont aimé s’asseoir près de la cascade de Torc, apprécié la vue depuis Aghadoe, combien ils on adoré les cerfs imperturbables qu’ils ont vus au terrain de golf, leurs yeux doux, leurs flancs délicatement tachés de blanc. Ça lui hérisse les poils de la nuque. Cette fierté. Ce cœur qui gonfle. Il aime vraiment sa ville. Absolument. Il ira sans doute un jour à Chicago, ou à La Nouvelle Orléans pour Mardi gras, peut-être qu’il ira même voir B.B.King jouer en concert avant que ce grand homme ne s’éteigne, mais il reviendra toujours.”

Les chansons de blues expriment la douleur, les facettes sombres de la vie, le mal-être qui peut aller jusqu’à l’autodestruction. Avoir le sentiment d’être né sous une mauvaise étoile, que les ennuis sont l’essence du quotidien, que la dépression ira de mal en pis… Le blues, c’est la voix du solitaire, de l’exclu, de l’incompris, du mal-aimé. Des gémissements, des plaintes, la folie guette peut-être, l’avenir est mort. C’est le vagabond qui ne va plus nulle part, c’est l’amoureux délaissé par sa belle, c’est la malchance ou la fatalité. Parfois, une lueur incertaine redonne un peu de force au pauvre bougre. Mais, au final, son destin n’est pas de rencontrer le bonheur. "Les plus désespérés sont les chants les plus beaux. Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots" écrivait déjà Alfred de Musset.

S’il aime la tonalité du blues, Bernard Dunphy n’est ni dépressif, ni désespéré. Son regard sur le monde n’implique pas qu’il se sente concerné par la complexité des caractères et des rapports humains. Il compose des chansons pour une jeune femme dont il sait qu’elle ne s’intéressera jamais à ses sentiments ; que son "ami" Jack soit un type prétentieux et violent, ça n’est pas l’image qu’il veut avoir de lui ; le métier de "jarvey" avec une jument à bout de souffle est plus que précaire… Tout cela, Bernard l’a enfoui dans un recoin de sa tête. C’est vrai aussi pour ce qui touche à son défunt père. Sa mère veillant sur lui, il se réfugie dans ‘sa’ musique, c’est plus simple et plus vibrant à la fois.

Le pays du blues, c’est l’Amérique. Rien n’empêche Bernard de l’idéaliser. Mais quand on vit dans un décor naturel magnifique, à son propre rythme, entouré de natifs comme soi-même, pas la peine d’aller chercher ailleurs l’aventure. Cette histoire conte l’attachement à la terre d’Irlande, autant qu’une passion pour un genre musical, et l’évolution mentale de Bernard. Que l’aspect criminel ne soit pas essentiel, ça n’a aucune importance. Si des scènes s’avèrent plus agressives, Colin O’Sullivan a surtout écrit un roman d’une belle finesse, empreint d’humanisme. Peut-être quelquefois, y a-t-il quand même un brin d’espoir dans le blues ?

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