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MAX OBIONE |
BaroufAux éditions IN8Visitez leur site |
2133Lectures depuisLe jeudi 3 Juin 2016
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Une lecture de |
Court Circuit. Parution le 2 mai 2016. 188 pages. 12,00€. Du vent dans les pales... Après avoir été localier pour un journal de Fécamp, avoir suivi des études de journalisme à Lille puis sévi dans des rédactions parisiennes et en avoir eu marre, Bob Mougin a créé au Havre son propre journal en ligne. Le EWE, Excelsoir Web Edition. Trois mille huit cent cinquante huit abonnés au compteur, à 2,50€ par mois, disséminés dans toute la France et même ailleurs, c'est un joli score qui permet à Bob de vivre presque raisonnablement et d'embaucher Fati, sa secrétaire stagiaire en CDD. C'est ce que l'on appelle un auto entrepreneur qui ne roule pas en voiture mais en Motocyclette bleue, 350cm3, ce qui est gonflé. Bob s'est fait un copain de Gaston, un goéland rapide, et se nettoie les dents au troquet en bas de chez lui à base de café Robusta qui lui remette les neurones en place le lendemain de soirées un peu trop arrosées. Normal me direz-vous qu'au Havre les soirées et mêmes les journées soient arrosées. La pluie en Normandie, c'est la marque de fabrique. Mais ce n'est pas de l'ondée bienfaisante à laquelle je pensais, vous non plus d'ailleurs. Il reçoit des lettre anonymes bien sûr, la plupart du temps injurieuses comme il se doit, des mails et autres bricoles susceptibles de lui fournir des indications précieuses pour des enquêtes de proximité de préférence. En lisant Le Libre, traduction Le Havre Libre, car il ne dédaigne pas pour autant s'informer quotidiennement sur support papier, Bob s'intéresse à un entrefilet. En parlant de goéland, un plaisantin de mauvais goût a déposé un volatile la tête tranchée sur le parvis de la mairie. Une étiquette était attachée à l'une de ses pattes portant l'acronyme LPH. Une info à mettre au frais de même que ce laridé désargenté. Mais une autre mission attend Bob Mougin dans le pays de Caux, et plus exactement dans la vallée de l'Egoine. Enfourchant hardiment sa fidèle Rosalinde, sa motocyclette reçue en héritage, Bob se rend donc à Drancourt où des mécontents ont bloqué la route en forme de protestation contre le projet d'implantation d'un parc d'éoliennes. Il se restaure et prend une chambre chez Arlette, tenancière d'un troquet épicerie, spécialiste des abats, puis rencontre le maire, et surtout un sculpteur-soudeur, Denglais, membre d'une association de défense contre l'invasion de ces structures enlaidissant le magnifique paysage normand. Le préfet a délivré un permis de construire, mais l'on sait tous que les préfets sont des valets de l'Etat. Denglais en sculpteur émérite cisèle sa diatribe et ses propos de façon professorale, circonstanciée, claire, précise, passionnée, et Bob Mougin enregistre ces déclarations pour l'édification du petit peuple et surtout ceux qui une fois de plus vont se faire gruger par ricochets c'est à dire les contribuables. Et l'enquête conduite par Bob semble contrecarrer les plans d'individus mal intentionnés puisqu'il manque être écrasé par un tracteur urbain genre 4X4.
Avec un ton sérieusement humoristique ou humoristiquement sérieux, Max Obione nous place devant un cas de conscience : l'éolienne est-elle nécessaire pour l'avenir de l'homme ? Est-elle sans danger pour l'environnement, pour la santé, pour le confort et le bien-être de ceux qui vivent à proximité ? Est-elle rentable ? Autant de questions cruciales que devraient se poser les édiles avant de refuser ou d'accepter, souvent sous la contrainte ou par appât du gain, l'implantation de ces sculptures mobiles et modernes. Un sujet plus grave qu'il y paraît, un fait de société narré avec une certaine malice et quelques clins d'œil envers des personnages de la mythologie blogueuse et des tenants de la chronique littéraire. Je ne m'étendrai pas plus sur ce sujet, je vous laisse apprécier, d'autres sujets et personnages étant nettement plus importants. En effet, il me semble, et l'auteur me contredira si je me trompe, que le choix du nom de journaliste un peu Tintin dans ses démarches, Bob Mougin, n'a pas été choisi au hasard. De 1948 à 1962 un certain Robert Grandmougin plus connu sous le nom de Jean Grandmougin officiait comme journaliste, éditorialiste et rédacteur en chef à Radio Luxembourg devenue RTL. Ses propos en faveur de l'Algérie Française et ses relations n'ayant eu guère l'honneur de plaire au gouvernement de l'époque, il a été prié de démissionner. Moralité, quelque soit le gouvernement et son bord politique, gauche ou droite, si l'on ne plait pas on débarque et on dégage. Quant à Bob Mougin, il a décidé de ne plus employer à tort et à travers son juron favori, qui se réfère à la prostitution, et de le remplacer par des noms de femmes historiques connues pour leur propension à coucher avec des personnages hauts placés et de préférence rois et nobles de cour en échange de faveurs. Ainsi profère-t-il à satiété Récamier, Pompadour et autres délicieuses personnes sans toutefois tomber dans la facilité d'user de patronymes actuels.
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