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JEAN-HUGUES OPPEL |
Chaton : TrilogieAux éditions RIVAGES NOIRS |
1789Lectures depuisLe vendredi 7 Juin 2013
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Une lecture de |
Lire est une chose sérieuse, tout autant qu’écrire, puisque ces deux matières sont enseignées depuis la maternelle jusqu’après et encore plus loin. Mais sérieux ne signifie pas ne pas se permettre de jouer avec les situations réelles ou fictives, d’apporter sa contribution personnelle à tel ou tel personnage qui selon la formule consacrée, toute ressemblance avec…, d’ajouter un soupçon d’humour et d’humeur au texte écrit dans un moment de colère ou autre. Le roman policier, ou le roman noir, offre l’avantage incontestable à son auteur de se mettre dans la peau des chansonniers du temps jadis, temps pas encore révolu quoique la mode du satiriste a nettement évolué, et qui se permettaient de brocarder, souvent sans réelle méchanceté, les aléas et les dérives de la IVème république. Aujourd’hui on trouve des ouvrages qui extrapolent, jouent les pythonisses, donnent une version anticipée des faits qui pourraient s’avérer exacts selon les résultats d’élection, qui à en croire les sondages, sont acquis avant même d’aller se déplacer aux urnes.
Dans Chaton trilogie de Jean-Hugues Oppel, la donne est simple, selon les conseils donnés en quatrième de couverture : Un livre à lire d’urgence avant les élections… et à relire après à la lumière des résultats. Bon les résultats, nous les connaissons tous, nous ne nous transformerons pas en politologue dissertant avec emphase sur ce qui aurait dû arriver si, sur ce qui va se passer malgré que, sur le nombre d’abstentionnistes, sur la fourchette allouée aux partis politiques, etc.… Dix cadavres sont découverts dans un pavillon de banlieue, et comble d’atrocité, dans une chambre gît celui d’un homme amputé des mains et de la tête. Dans la cave, un laboratoire sophistiqué de chimiste clandestin en état de fonctionnement, avec les ingrédients. L’auteur de ce carnage ne s’est pas intéressé à ce labo qui pourtant recèle une véritable fortune. Quant à ce massacre, il n’est pas évident de le cataloguer entre une rivalité entre trafiquants de drogue, une vengeance entre malfrats, ou une vengeance personnelle. La commissaire Valérie Valencia, chargée de l’enquête part du principe qu’il s’agit d’une vengeance personnelle, sorte de croisade moderne qui prend ses racines dans des manœuvres politico-financières dont le sommet serait la tête de l’état. Résumé comme ça, cela paraît un peu mince, mais Oppel joue au chat (ce n’est pas une métaphore) et à la souris avec son lecteur, tout en l’aiguillant sur la bonne piste.
Un roman qui s’inscrit dans le catalogue du réalisme à grand spectacle comme il nous l’offre depuis quelques romans dont Six-pack et Cartago. Un virage ancré dans une real-society dont nous sommes tous acteurs, plus ou moins concernés. Je regrette personnellement la période emphatique, poétique au cours de laquelle il se montrait, lyrique, sensible, émouvant et humoristique, comme dans Ambernave ou Brocéliande sur Marne, qui déjà était une fable poétique et sociale, mais on ne peut qu’applaudir à ce roman dont l’écriture est un véritable staccato. Et pour les lecteurs avertis, mais nous le sommes tous, les petites références sont un véritable plaisir, un private-joke en français. Je citerai par exemple, mais je ne donnerai pas toutes les clés, la référence à C’est beau une ville la nuit de Richard Bohringer. Et que dire de cette société qui s’appelle Vettas & Vargier, à traduire par Vettier et Vargas, ou encore ce cadre frais émoulu du nom de Mizioff (Francis Mizio), ou encore ce personnage influent de l’économie du nom de Pierre Antoine de Vallières (le baron Seillières, ancien patron du MEDEF), et j’en passe, sinon où serait l’intérêt de la découverte et celui de la recherche ? Je vous le demande ! Rappelons que la première édition de ce roman date de janvier 2002, mais que tout autre date pour l’intrigue est également valable. |
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