charles dickens de Jean-pierre OHL


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JEAN-PIERRE OHL

Charles Dickens


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Le jeudi 1 Decembre 2011

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Jean-pierre OHL




Une lecture de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE  

Prononcer le nom de Charles Dickens nous renvoie aussitôt à notre enfance, avec la lecture de David Copperfield, d’Oliver Twist, des Contes de Noël et autres ouvrages publiés dans des éditions jeunesse parfois abrégées. Ces versions condensées ôtaient à ces romans, sans que dans notre esprit encore juvénile nous soyons vraiment interloqués. Mais relire aujourd’hui ces romans nous entraineraient sans aucun doute à des réflexions plus profondes et Jean-Pierre Ohl nous y incite par le truchement de cette biographie qui éclaire sous un jour nouveau ces œuvres beaucoup plus sociales et engagées qu’il y parait.

Charles Dickens est né le 7 février 1812 près de Portsmouth d’un père petit employé à la paierie de la marine qui en 1814 est nommé à Londres. L’enfance de Charles Dickens est ponctuée par les vicissitudes pécuniaires parentales. John Dickens est dispendieux, voulant tenir un rang bien au dessus de ses moyens. De nombreux déménagements ponctuent la jeunesse de Charles et pour subsister le ménage est contraint à vendre argenterie, objets précieux et livres à des prêteurs sur gages ou un libraire. La mère de Charles ouvre un pensionnat, mais à cause de ses dettes, notamment auprès d’un boulanger, John Dickens est emprisonné à la Marshalsea. Une incohérence car être enfermé dans une prison pour dettes empêche toute entrée de revenus. Le jeune Charles le jour anniversaire de ses douze ans est obligé d’interrompre ses études et de travailler dans une fabrique de cirages. Il fixe des étiquettes sur les boites. Le trajet qu’il emprunte pour se rendre à l’entrepôt est particulièrement mal famé et il en garde une vision qui le marque à jamais. L’argent qu’il gagne sert à nourrir la famille. Son père libéré, il peut enfin reprendre ses études malgré les réticences de sa mère. Ce déni maternel s’ajoute à une déjà longue liste de reproches à son encontre et il voue à sa mère un ressentiment qui perdurera longtemps. C’est à cette époque qu’il perçoit les premiers maux rénaux qui le feront souffrir sporadiquement toute sa vie. Il fréquentera durant trois ans la Wellington School Academy, un bien grand nom pour un établissement en bois, puis deviendra coursier aux écritures dans un cabinet juridique. A l’instar de son père qui a appris la sténographie, il s’adonne à cette écriture des signes ce qui lui permet d’entrer comme sténographe au tribunal ecclésiastique. Mais le jeune Charles possède un don, celui de comédien et il s’amuse à mimer les personnes qu’il côtoie pour le plus grand plaisir de ses camarades. En 1830 il s’éprend d’une coquette et belle jeune fille, Maria Beadnell, fille d’un banquier. Mais cette relation ne plait pas du tout au père de Maria et il est obligé de cesser toutes relations. En 1832 Charles Dickens devient journaliste. Il a déjà écrit de petites pièces de théâtre, des pastiches, mais ses premiers pas littéraires s’effectuent au Monthly Magazine auquel il propose de courts textes, des esquisses signés du pseudonyme de Boz. Possibilité lui est donnée de participer à une nouvelle aventure, début 1835, au supplément du soir du Morning Chronicle et de lui réserver ses nouvelles esquisses signées Boz. Le rédacteur en chef est George Hogarth qui deviendra son beau-père. Le célèbre dessinateur Robert Seymour suggère aux éditeurs Chapman et Hall de publier les aventures du Nemrod Club, en livraisons mensuelles. Ceci se passe en 1836 et Charles Dickens qui possède une énergie à toute épreuve et un caractère trempé se révèle pugnace, et impose ses idées. Ce sera le début des aventures de Pickwick et de l’épopée littéraire de Charles Dickens. Les succès s’enchaineront mais le mariage avec Catherine Hogarth connait plus de bas que de hauts, malgré les naissances multiples.

Ce qui relie tous les romans et contes écrits par Dickens est cette envie de montrer, et combattre avec sa plume, les injustices sociales. Il est indigné surtout par les conditions de travail des enfants mais aussi par d’autres injustices. Il emprunte à sa période d’adolescence les portraits des personnages qu’il va mettre en scène, décrire ce qu’il a vu, connu, sous couvert de fiction. Il visite en 1838 les grandes usines textiles des Midlands et plus particulièrement celles sises à Manchester. Il écrit à sa femme Kate : Je n’ai jamais vu une telle masse de saleté, de ténèbres et de misère. Et il confie au journaliste Edward Fitzgerald : J’en ai vu assez, et ce que j’ai vu m’a écœuré et étonné au-delà de toute expression. J’ai l’intention de frapper le coup le plus violent en faveur de ces malheureuses créatures ; mais je n’ai pas encore décidé si je le ferai dans Nickleby ou si j’attendrai une autre occasion.

Jean-Pierre Ohl construit son analyse à travers différentes études, écrits et lettres. Ainsi se référant au voyage en Amérique, voyage au cours duquel Dickens s’insurge contre le piratage éhonté de ses romans par des éditeurs américains et sur lequel il ne touche aucun dollar : Le voyage a confirmé une de ses intuitions profondes : tous les maux de l’humanité, ou presque, reposent sur l’appât du gain et sur l’égoïsme qui en découle. L’impression générale que lui laisse l’Amérique est celle « d’un vaste office de comptabilité ». Si l’esclavage discrédite totalement le système en vigueur dans les Etats du sud, l’astuce mercantile des Yankees, leur dévotion au « tout puissant dollar » lui semblent tout aussi méprisables. En 1849, après de nombreuses expériences qui se sont toutes révélées frustrantes, Dickens crée un nouveau journal. Household Words abordera avec franchise et intransigeance tous les problèmes sociaux de l’Angleterre, en commençant bien sûr par les principaux chevaux de bataille de Dickens : l’éducation des pauvres, les problèmes de logement, les conditions de travail des ouvriers. En ce milieu de siècle, la révolution industrielle n’est plus en marche, elle court littéralement, laissant derrière elle les indigents et les déclassés, broyant, au sens propre comme au figuré, les travailleurs.

Pourtant, comme le souligne Jean-Pierre Ohl dans son avant-propos, tout le monde lisait Dickens : la reine et ses ministres, le petit peuple, la gentry, les mineurs de Cornouailles, toute l’Angleterre en somme, mais aussi les Français, les Américains, les Allemands, les Russes – Marx, Engels, Tolstoï, Dostoïevski, Henry James, Georges Sand, Eugène Sue. A se demander si Dickens n’a pas influencé certains de ces philosophes et romanciers. Mais si la société huppée se délectait de la lecture des romans et contes de Dickens, il est étonnant qu’elle ne se rende point compte des reproches qui étaient adressés à une société industrielle qui privilégiait les finances au détriment des travailleurs. Mais comme on peut le constater, de nos jours les pratiques n’ont guère changé.

Jean-Pierre Ohl nous permet donc de mieux découvrir l’auteur et surtout son œuvre dans une biographie vivante, claire, précise, subtile, riche d’enseignements, avec passion et amour. Il écrit simplement, rognant le style ampoulé et abscons des universitaires, ce qui rend cet ouvrage attachant, donnant envie de lire ou relire toute l’œuvre disponible de Dickens, une œuvre que l’on pourrait assimiler au genre roman noir. Dickens fut l’Indigné du XIXème siècle.

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