A Villa Scasso, petite ville ou quartier de Laferrere à l’ouest de Buenos Aires, il y a d’un côté les flics, pas forcément virulents, de l’autre les malfrats, comme dans toute bonne ville de banlieue qui se respecte. Au milieu, il y a les femmes. Et c’est bien à cause d’une histoire de femme que tout va dégénérer. Tout commence un 9 juillet, jour anniversaire de la déclaration d’Indépendance de l’Argentine. Il neige. Dans le froid une jeune femme, Magui, porte dans ses bras sa fille Olivia, malade. Elle souhaite que María Isabel, une guérisseuse, puisse guérir son enfant en invoquant Dieu et en psalmodiant et égrenant son rosaire. Mais à la vue du mal dont souffre Olivia, elle chasse les deux pauvresses. Olivia meurt d’hémorragie dans la neige et Magui se pend. Lagarto, un policier sur le retour, ancien boxeur minable, et Róman, son jeune collègue, sont attristés par les deux décès. Surtout Róman qui a connu Magui toute jeune et l’a même aimé, une cicatrice dans son cœur. Et ce qui lui est arrivé ainsi qu’à Olivia, il ne l’accepte pas. La gamine était enceinte et s’était fait avorter. Un charcutage vraisemblablement. Tout ça, c’est la faute du père qui est marié, a déjà cinq enfants mais essaime un peu partout ses autres rejetons. Dans cette ville qui ressemble à mariage entre bidonville et vieille cité moyenâgeuse, dans laquelle les voyous tiennent le haut du pavé grâce à la bande des Gamins, face aux policiers qui n’ont qu’images et breloques pieuses pour cuirasses, la vengeance murit et inévitablement la neige sera rouge à un moment ou un autre. Ce drame se déroule en Argentine, mais n’importe quelle ville de banlieue française, ou de tout autre pays, pourrait tout aussi bien servir de décor. Mais c’est justement parce que l’histoire se passe en Argentine qu’elle en prend encore un peu plus de force. La religion est prégnante, présente partout, la fatalité pèse sur les jeunes filles qui deviennent mères à peine entrées dans l’adolescence, dans un décor avec la neige synonyme de pureté. Et l’on ne peut s’empêcher aux gamins qui ont été séparés de force de leurs parents pendant les années de plomb avec Pinochet au pouvoir. Mais il ne s’agit plus ici de policiers au service du régime, mais d’êtres humains qui puisent leur colère dans une histoire personnelle. Et malgré la neige, toujours elle, la vengeance ne sera pas un plat qui se mange froid. Fidèle à leur concept, les éditions Asphalte proposent en rabat de couverture une playlist de dix titres et que l’on peut retrouver sur leur site. Au sommaire, quelques grands noms comme Johnny Cash, Bruce Springsteen, John Fogerty, Guns n’ Roses, pour ne citer que les plus connus. Un roman court, dense, émouvant. Citation : Calavera était tellement nerveux qu’il aurait pu arracher des clous avec les fesses.On dirait, fiston, que tu es en train de laver ton linge sale dans la famille d’une autre.
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