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JANIS OTSIEMI |
Peau De BalleAux éditions DU POLARVisitez leur site |
2231Lectures depuisLe mardi 5 Novembre 2008
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Une lecture de |
Libreville, au Gabon. Yan, sa copine Mimi, et son ami Khalif, préparent un kidnapping très rentable. Khalif a trouvé le chauffeur dont ils ont besoin pour l’enlèvement. Plus âgé que le trio, Bello a 32 ans, dont plusieurs années passées en prison. Expérimenté, il mesure davantage les risques que ses complices amateurs. Pour Bello, ce rapt sera son dernier coup, aussi exige-t-il d’en être l’organisateur plutôt que Yan. Ce dernier finit par accepter, après l’accord de Khalif et Mimi. C’est Mimi qui eût l’idée du kidnapping. Elle fut un temps l’employée de Pascal Simba, un rupin, un “ouattara” qui a largement les moyens de payer. Bello s’occupe de tout, afin d’être prêt au moment prévu. C’est au cœur d’une école pour enfants de nababs que Mimi et Bello vont chercher la petite Jennifer, la fille de Pascal Simba. Le rapt aurait pu se passer en douceur. Deux surveillantes et le vigile s’interposent. Bello doit déquiller le vigile, avant de s’enfuir avec Mimi et la fillette. Ils arrivent sans encombre dans la planque de Bello. Owoula et Koumba, deux flics de la PJ, s’en occupent rapidement. La rumeur évoque un braquage au siège d’Air France, avec prise d’otage d’une gamine. “Sûr que cette version plairait bien aux autorités compétentes du bled pour camoufler l’affaire”, mais le duo de policiers mène une vraie enquête, se rendant bientôt chez le riche Simba. Pascal Simba est ici un homme puissant. Qu’il ait une épouse légitime, une deuxième femme, une flopée de maîtresses, et pas mal d’adversaires n’explique rien. Quand les ravisseurs réclament une rançon de cinquante millions, pas question de mettre en danger sa fille en se servant de faux billets. Au Gabon, les enlèvements avec rançons sont très rares, il faut donc éviter trop d’écho autour de ce cas particulier. Tandis que Simba suit les consignes, les policiers observent et poursuivent l’enquête. Entre le “maquis” (bar) mal famé de Papy et les indics, peu de résultats, sauf l’arrestation d’un petit voleur. Malgré son goût pour les combines, la police locale fait parfois son métier. Bello s'interroge. Il n’a guère confiance dans ses complices... Janis Otsiémi est un jeune auteur gabonais qui entend défendre les tentatives encore récentes de “polars Africains”, écrits par des natifs de ce continent. Sur une intrigue qui a fait ses preuves, il présente un roman qui ne manque pas d’une certaine originalité. Il utilise à la fois un vocabulaire imagé, des expressions typiques (“Je vais le couteauner”, “Fais l’avion”, une “couloirdeuse” ou une “bouasse”…) et du vieil argot français pas si désuet. Que le personnage de Bello soit un admirateur de Brassens peut expliquer ce plaisir du mot inventif. Soulignons une belle fluidité narrative, rendant le récit fort entraînant. Otsiémi n’oublie pas que le roman noir comporte aussi un témoignage social sur l’époque. Il montre de façon vivante la société gabonaise actuelle, à travers sa population, la corruption ou les magouilles très présentes, la réussite légitime de quelques-uns, la violence des interrogatoires policiers, et le poids du pouvoir à la tête du pays. Beaucoup d’atouts favorables, un roman à découvrir. |
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